Review

A la fin de l’année, les cinéphiles acharnés rendent leur palmarès pour élire le film qu’ils ont estimé le meilleur. Grand gagnant de l’édition 2013, le nouveau long métrage d’Alfonso Cuarón mérite donc plus qu’amplement sa place dans les colonnes de N-Gamz! Préparez-vous à embarquer pour un voyage sans retour là où personne ne peut vous aider.

Dans l’Espace, personne ne vous entend crier

Le passage des débris fait un ravage!

Lors d’une mission technique, la navette spatiale Explorer est percutée par un nuage de débris. Seuls le commandant Matt Kowalski (George Clooney) et la scientifique Ryan Stone (Sandra Bullock) qui étaient de sortie extravéhiculaire en réchappent. Le vieux routard et la débutante se retrouvent seuls dans l’espace, sans véhicule ni communication. Leur seul espoir est désormais d’atteindre la Station Spatiale Internationale et la navette Soyouz qui y est amarrée, et ce avant le prochain passage des débris…

Voici un film sans temps mort. Durant tout juste 1h31, l’accident se produit 5 minutes après le début et l’action est ensuite continue, ne laissant pas au spectateur le temps de reprendre son souffle. Vrilles dans l’espace, passages de débris ravageurs, accidents titanesques, agoraphobie face à l’immensité du cosmos, soucis techniques, pannes d’oxygène… Rien ne nous est épargné. Et on sort de ce film avec la sensation d’être passés dans une machine à laver avec programme essorage en prime! Car non seulement c’est passionnant, mais le suspense est presque insupportable. Tout le mérite en revenant à une mise en scène épurée et allant droit à l’essentiel, qui ne s’autorise que quelques petites pauses ici et là pour permettre à chacun de s’immerger dans la beauté du vide sidéral ou pour quelques plans initiant la catharsis d’un des protagonistes. Catharsis qui est en fait le véritable thème du film et qu’on ne peut développer ici sous peine d’en déflorer la découverte.

Gravity ou comment développer l’agoraphobie des spectateurs

Ce qui sidère le plus à la vue de Gravity, c’est le réalisme de l’image. D’autant plus qu’il semble impossible de tourner de tels plans, même avec nos techniques actuelles. Et c’est là que Cuarón a fait son plus gros pari: réaliser un film qui est à 80% conçu en images de synthèse! Rien que pour filmer les acteurs, il a fallu que son équipe conçoive un bras complètement articulé sur lequel est fixé la caméra ainsi qu’une « light box » qui puisse être totalement contrôlée à distance afin d’obtenir les éclairages voulus. Ainsi, quand Ryan part en vrille, Sandra Bullock est en fait fixe et ce sont la caméra en mouvement et les lumières qui donnent l’impression qu’elle tourne sur elle-même…

Tous les décors, presque tous les scaphandres et la totalité des objets en apesanteur sont en fait des images de synthèse. Ainsi qu’une bonne partie du corps de l’actrice lorsqu’elle flotte dans Soyouz pour l’un des plus beaux plans de l’histoire du cinéma. Ainsi, en trichant tant et plus grâce aux miracles du digital, Alfonso Cuarón a paradoxalement réussi à filmer l’être humain dans l’espace de la manière la plus réaliste jamais faite. Et avec -cerise sur le gâteau- une 3D particulièrement justifiée et fluide.

Il serait regrettable de manquer ce qui est désormais le film le plus remarquable de la carrière du déjà très coté Alfonso Cuarón (de Grandes espérances, Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban), ne serait-ce que pour réaliser à quel point nous sommes petits au regard de l’univers ou pour embrasser cette odyssée aux frontières de la volonté de vivre la plus pure.

Note Globale N-Gamz: 5/5

LA BANDE-ANNONCE



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Almathea
Recette de l'Almathea. Prenez 30 années à regarder, aimer et défendre la japanimation. Mélangez avec autant d'années de cinéphilie orientée vers le fantastique et l'horreur. Ajoutez une pincée de cosplay, une bonne louche d'attrait pour le yaoi plutôt pas mignon, 200 kilos de mangas et un grand zeste de vampires. Enfin, faites mijoter le tout dans une casserole de regard critique sur le monde pendant au moins 37 ans. Bon appétit :D Mes opinions ne sont pas universelles, aussi ne serons-nous pas toujours d'accord. Mais je suis toujours partante pour un débat constructif dans la bonne humeur. Alors n'hésitez pas ;)