Tokyo, de nos jours. Le jeune Yôichi Katsu est un lycéen tout ce qu’il y a de plus banal, à l’exception près qu’il habite dans un Temple, se doit d’être doux comme un agneau pour suivre la voie de Bouddha, et est devenu, de fait, le souffre-douleur des racailles de sa classe. Frustré de ne pouvoir répliquer à la violence qu’on lui témoigne que par un sourire forcé, la vie de notre héros est bouleversée lorsqu’il se fait frapper au visage par une jeune demoiselle vêtue en chaperon rouge. Il devient alors l’agneau d’Ayame Akatsuki (clin d’oeil à Naruto?), une jumelle rescapée d’un mystérieux crash aérien, et qui a pour mission, afin de devenir la seule et unique Chaperon Rouge en détruisant les « loups », autrement dit les humains qui ont laissé leur côté sombre prendre le dessus sur leur « agneau », ou côté clair. Le souci, c’est que notre cher Yôichi abrite également dans son être un loup très puissant… et qu’Ayame, qui ne possède en elle que le côté sombre, à besoin d’un Yôichi le plus doux possible sans quoi ils se perdront tous les deux dans la noirceur. Rajoutez à celui Yuka, une soeur jumelle toute aussi effrayante qui a déjà trouvé son agneau idéal, Masato, et vous obtiendrez un jeu de chasse aux loups malsain dont le fragile équilibre peut entraîner la chute de ses participants, un à un et dans d’horribles souffrances.
Un Chaperon Rouge revisité façon gore
Si le postulat de départ de Crimson Wolf est on ne peut plus intéressant en ce sens qu’il revisite le conte du Petit Chaperon Rouge en y mêlant un agneau qui sert de Yin et un Loup qui agit comme le Yang, le tout au travers d’un récit initiatique où un simple étudiant va sonder les plus sombres tréfonds de son âme, le résultat une fois mis en image a de quoi décontenancer et frustrer. En effet, si le dessin de Seishi Kishimoto est d’excellente facture, certains découpages lors des scènes d’action laissent à désirer pour la fluidité de lecture. Mais le gros point noir de ce manga vient clairement de sa narration, complètement chaotique. En effet, Yôichi, une fois qu’il devient l’agneau d’Ayame, fusionne avec sa psyché et a accès à des bribes de souvenirs de la belle. Le tout est complètement hallucinatoire, trop fragmenté pour avoir un sens, et comme en plus la propre mémoire du héros s’en mêle, on y comprend strictement rien. De plus, Ayame est bien trop avare en explications sur ce qu’elle est en tant que Petit Chaperon Rouge, mais aussi sur les Loups, les Agneaux, comment ils sont mêlés dans l’esprit humain… Alors oui, c’est un premier tome, mais même en le lisant plusieurs fois, on a l’impression que l’auteur a voulu faire un maximum de raccourcis sans penser au lecteur.
Bref, Crimson Wolf partait bien, car bien qu’il n’évite pas les clichés du shonen de base (un étudiant fragile et souffre-douleur, une rencontre qui change tout, des pouvoirs cachés, …), l’intervention du monde des contes dans le récit apporte un petit vent de fraîcheur comme a su si bien le faire, par exemple, la série des Pandora Hearts. Hélas, en plus de combats pas toujours au top niveau lisibilité et d’un héros qui semble un peu passe-partout, le manga de Seishi Kishimoto se noie dans une narration peu maîtrisée qui donne un sentiment de fouillis général. Trop de notions envoyées en même temps sans un dessin ou une explication cohérente (le monde de Lune Rouge, le puits de la Lune, le boulet de l’agneau ou du loup, la chaîne rouge, …) et une frustration bien présente lorsqu’on referme ce premier tome. Espérons que le tout s’améliore pour les trois volumes à venir, la série ne comptant que quatre épisodes.