Review
Naughty Dog n’est clairement plus un développeur à présenter. Forts de leur maîtrise technique de la PlayStation 3 et de leur faculté à raconter des histoires dépaysantes, les papas de Crash Bandicoot nous ont prouvé, avec la trilogie Uncharted, qu’ils étaient des incontournables de l’ère next gen. On pensait avoir déjà tout vu de l’excellence du studio…et c’est alors que The Last of Us débarque et renverse toutes nos convictions. Exit les tribulations d’un Nathan Drake autour du monde, place à un road trip post-apocalyptique en plein coeur des U.S.A., aux commandes d’un improbable duo diablement attachant. Attention, oeuvre culte!
Un champignon magique? Euh…non, pas ici ma p’tite Dame!
2013, un soir comme un autre dans la paisible ville de Boston, U.S.A. La jeune Sarah, adolescente enjouée et fille du bourru mais tendre Joël, est réveillée, au milieu de la nuit, par une énorme explosion provenant du voisinage. La télé s’affole, les cris abondent, et Joël débarque en trombe dans la cuisine, haletant. Il faut quitter la ville au plus vite, une catastrophe est en train de se jouer! Cette catastrophe, c’est tout simplement un virus dérivé d’un champignon parasite, le cordyceps, qui s’empare de la ville et transforme tous ses habitants en créatures sauvages assoiffées de sang. La contamination se fait par l’absorption de spores ou la morsure, et si notre duo père-fille ne fuit pas rapidement, il subira le même sort que ses voisins. Pas de spoil dans ce test, on vous laisse la surprise de vivre cette intro qui va à 200 à l’heure. Sachez juste que l’on retrouve Joël, 20 ans plus tard, dans une Boston totalement anéantie. Au fil des années, les forces militaire ont érigé des zones de quarantaine pour contrôler la propagation du virus, zones dans lesquelles le peuple vit dans la misère et la peur constante des militaires. Une résistance existe néanmoins: les Lucioles, mais ces dernières se terrent hors de la ville et de sa sécurité.
Pour gagner de quoi vivre, Joël s’est allié à Tess, une femme de son âge aussi belle que redoutable, et notre « couple » s’est spécialisé dans la contrebande d’armes et de nourriture. Seulement voilà, ils vont passer le deal de trop, celui qui va bouleverser leur vie, le jour où ils se voient confier la responsabilité par la chef des Lucioles, d’amener la jeune Ellie, âgée de 14ans, dans une base reculée du groupe. Naughty Dog, nous offre alors un magnifique duo durant près de 15 heures de jeu avec le renfermé et désabusé Joël, et la touchante et courageuse Ellie, qui n’a connu que ce monde d’Infectés et porte en elle le remède contre le cordyceps. Des personnages attachant qui nous feront découvrir une histoire complexe dans un pays fragilisé, avec des survivants de l’épidémie nous paraissant durs, cyniques, tous poursuivis par leur passé, incroyablement travaillés et crédibles. De l’autre côté de la barrière, les ennemis ne sont pas toujours ceux que l’on croit, même si les Infectés vous donneront des sueurs froides, transformés qu’ils sont en cannibales défigurés en fonction de l’avancée du parasite dans leur corps. Notre duo va donc devoir survivre à la fois à ses pairs, mais aussi à cette horde de monstres, sans parler de la menace militaire! De quoi nouer des liens très forts entre le père sans fille, et la fille qui a tant besoin de repères.
Chut, plus un bruit!
On pensait tous que Naughty Dog nous resservirait un gameplay « à la Uncharted », avec un moteur de jeu identique. Et bien non! Si techniquement le titre tourne avec la même technique que les aventures de Drake, en version un peu boostée, les développeurs ont su innover dans les mécaniques de jeu sans rendre ce dernier trop complexe. On se retrouve donc à incarner Joël dans un Third Person Shooter, comme pour la précédente production du studio, sauf qu’ici la survie est terriblement mise en avant. Comparé à un soft comme Resident Evil, vous ne pourrez clairement pas rentrer dans le tas en tuant tous les Infectés se trouvant sur votre chemin. Ici, il faudra faire preuve de patience, de tactique et surtout savoir utiliser son environnement ! En effet, les monstres sont de plusieurs types. Certains peuvent vous voir, d’autres sont aveugles mais ont une ouïe sur-développée (les clickers), d’autres encore explosent au moindre contact, sans parler des ennemis humains, passés maîtres dans l’art de vous prendre en embuscade. Ajoutez à cela le fait que la moindre touchette avec des clickers, par exemple, vous tue instantanément, et vous comprendrez qu’il va vous falloir observer attentivement les rondes de chaque Infecté et que le stress sera permanent et diablement addictif. Pour vous aider à repérer vos opposants, vous disposez d’une fonction « d’écoute », qui permet de focaliser son ouïe sur l’environnement et ainsi voir apparaître vos adversaires à travers les murs. Vous avez également la possibilité lancer des briques ou des bouteilles pour créer une diversion, et si avec tout ça vous vous faîtes repérer, à vous les joies du corps à corps grâce aux objets glanés (couteaux, bâtons, barres à mine).
Car oui, si le jeu se manipule au départ comme un TPS classique, vous allez rarement passer votre temps à vous planquer derrière un élément du décor pour tirer à tout va. Et de fait, puisque les munitions sont ultra limitées! Idem pour les trousses de soins, voire même les armes de mêlées qui ont toutes une durabilité propre. Fort heureusement, en fouillant bien, vous pourrez certes trouver des objets à collectionner comme des plaques Lucioles ou des documents histoire de vous immerger un peu plus dans l’histoire, mais aussi et surtout des matières premières comme des bandages, des ciseaux, ou encore de la poudre pour fabriquer tout un petit arsenal d’objets très pratiques tels que des cocktails molotovs, des bombes de fumée, ou des grenades à fragmentation artisanales. Le craft se fait en temps réel, ce qui augmente encore la tension déjà omniprésente dans le jeu. Enfin, des pilules à ramasser tout au long de l’aventure vous permettront de booster vos capacités (santé plus élevée, maîtrise du shiv, un couteau qui fait des stealth kills, …) tandis que des pièces métalliques vous offriront la possibilité d’upgrader vos armes à feu ou votre arc, ce dernier étant idéal pour tuer en silence.
Vous l’aurez compris, The Last of Us est un jeu où chaque action doit être mûrement réfléchie, où le moindre bruit peut conduire à votre perte, et où le meurtre par derrière est la règle, l’affrontement à l’arme à feu étant l’exception. Techniques de guérilla urbaine, discrétion à toute épreuve, et moments épiques vont être votre lot quotidien, préparez-vous. Heureusement d’ailleurs, que l’I.A. de la petite Ellie est bien paramétrée, n’en faisant jamais un boulet, même si vous assisterez parfois à des scènes où la demoiselle se balade pile poil devant un garde sans que ce dernier ne la repère. Au moins, ça évite les morts absurdes. Enfin, signalons la présence d’un mode multi très sympathique, opposant deux équipes de quatre joueurs (Lucioles ou Chasseurs) devant survivre durant douze semaines en amenant des vivres à sa faction. Plus votre faction grandit, plus vous devrez rapporter de quoi la maintenir en vie, et plus les joutes deviendront ardues. Bien entendu, vous aurez la possibilité d’upgrader vos armes ou de fabriquer des objets en plein combat, et l’infiltration pourra fortement vous aider, en ce sens que si vous ne bougez pas, vos adversaires ne peuvent vous détecter avec leur « écoute ». De bonnes sensations, vraiment.
Qui a dit que le « spore » était bon pour la santé, hein?!
Un réalisme incroyable se dégage de The Last of US. Pas seulement par les réactions plausibles de ses personnages et par la grandeur du récit, mais également grâce à un moteur 3D qui nous offrent des panoramas de toute beauté, aussi bien que des environnements cloisonnés diaboliquement malsains et contemporains. Le jeu arbore une foultitude de détails comme des effets de lumière empreints de poussière, des gouttelettes d’eau qui viennent se scotcher sur la caméra, des expressions faciales criantes de vérité, des papiers qui volent au vent, des insectes qui virevoltent autour de vous, des feuilles qui bougent au rythme de la bise, et j’en passe! L’immersion est de mise, c’est un fait, malgré un aliasing omniprésent qui gâche un peu la fête. Tout concourt à rendre l’univers et les relations entre personnages crédibles et touchantes, notamment lorsque Ellie se met à fredonner une petite chanson pour se rassurer, ou lors de terribles choix moraux que Joël devra faire.
La bande son du jeu est également pour beaucoup dans le fait d’être happé par le soft. Elle est très réussie, instaurant une ambiance à la fois stressante et mélancolique, sachant se faire discrète tout en nous berçant au fil de l’aventure grâce à son style qui rappelle les tonalités lancinantes des vieux westerns américains. Les bruitages ne sont pas en reste, et je peux vous assurer que le fameux cliquetis des clickers, suivi d’un cri rauque dès qu’ils vous ont repéré, va vous glacer le sang. Les voix, quant à elle, sont doublées en français de fort belle façon, n’ayant quasi rien à envier à la VO. On en redemande, d’autant que les interactions sonores au sein de notre duo sont nombreuses, avec une Ellie qui n’hésite pas à détailler tout ce qu’elle voit, à tenir tête à Joël, ou encore à se parler toute seule!
Cultissime ou Cordyceps?
The Last Of Us est donc bel et bien le chef d’œuvre que nous espérions tous. Avec un duo touchant, une histoire aussi bien tournée que celle d’un Walking Dead, un système de jeu efficace qui mise énormément sur l’infiltration et une réalisation quasi parfaite, le titre de Naughty Dog fait partie des incontournables de la PS3. Un voyage qui vous laissera une empreinte indélébile dans votre vie de gamer, tout simplement.
Le vidéo-test
Réalisation: 17/20
Malgré un aliasing prononcé, les graphismes du jeu sont tout bonnement magnifiques, avec une direction artistique de haute volée et un environnement rendu crédible grâce à une foultitude de détails. L’animation n’est pas en reste non plus.
Gameplay/Scénario: 19/20
Un gameplay innovant basé principalement sur l’infiltration, où vous devrez sans cesse faire attention à ce qui vous entoure et vous aider de l’environnement pour progresser. Pas de temps mort puisque tout se fait en temps réel, même le craft d’objets. La tension est palpable grâce à des ennemis intelligents et terrifiants, et un level design bien pensé. Et que dire des 15 premières minutes de jeu tout simplement inoubliables d’immersion, posant les bases d’une aventure poignante pour un duo touchant errant dans un monde impitoyable.
Bande-Son: 18/20
La musique du soft est tout bonnement incroyable, proposant des thèmes stressants avant d’embrayer avec une mélancolie qui vous prend aux tripes, sans jamais devenir envahissante. Les voix anglaises comme françaises sont magnifiques et le cri des clickers restera longtemps dans votre tête pour des bons moments de frayeur éprouvée.
Durée de vie: 17/20
Une durée de vie d’environs 15 heures, plusieurs modes de difficulté, des pendentifs et documents à collectionner, des armes à booster et un mode multijoueur très sympa, même s’il n’est pas inoubliable. Vous avez de quoi faire!
Note Globale N-Gamz.com: 19/20
The Last of Us est tout simplement un titre culte sur PlayStation 3. Emmenées par une réalisation de haute volée, un gameplay intelligent, une tension permanente et une bande originale dantesque, les aventures de Joël et Ellie aux pays des Infectés représentent un voyage que vous DEVEZ faire au moins une fois dans votre vie de gamer! Naughty Dog impose définitivement son statut de créateur d’univers et de jeux d’exception.