Review

Après un ultra mitigé Legend of Legacy il y a 3 ans de cela sur Nintendo 3DS, le studio Furyu, composé de grands noms du RPG nippon, a travaillé sans relâche pour nous livrer un nouveau projet de RPG, expurgé des tares de son aîné. Avec toujours Masashi Hamauzu (FF XIII) à la bande-son, Kyoji Koizumi (SaGa) au Game Design et Masataka Matsuura à la Direction, The Alliance Alive change néanmoins la donne par rapport à son aîné en s’octroyant les services de Yoshitaka Murayama, l’homme derrière la saga Suikoden, au scénario. De quoi nous donner envie de plonger dans ce J-RPG Old School au look rétro façon Bravely Default?

Diviser pour mieux régner

« Un scénario moins manichéen qu’il n’y paraît, mais Full English »

Il y a mille ans de cela, le monde a subi les affres d’une guerre atroce entre les Humains et une race d’êtres magiques, les Daemons. Grâce à la puissance de leurs sorts, ces derniers ont pris l’ascendant sur leurs ennemis et ont divisé la Terre en plusieurs royaumes isolés les uns des autres par « La Grande Barrière », un mur infranchissable destiné à empêcher toute nouvelle alliance entre les Hommes. Mais ce mur immense a causé de nombreux dégâts climatiques, obscurcissant à tout jamais notre beau ciel bleu et créant un redoutable courant marin mortel: le Dark Current, générant une quantité astronomique de monstres qui rôdent aujourd’hui hors des villes.

Depuis ce temps, la race humaine vit sous le joug des Beastfolks, des hybrides animaliers aux ordres des Daemons, et chaque petit royaume a oublié jusqu’à l’existence de ses congénères. C’est dans cette atmosphère d’oppression constante que vous allez d’abord incarner le jeune mercenaire Galil, blondinet à la solde des Night Ravens, et son amie d’enfance Azura, fille de votre boss, qui fait d’étrange rêves où elle peut contempler un ciel bleu… azur (comme par hasard, vu son nom…).

« Un système de formation/posture poussé… mais peu expliqué! »

De fil en aiguille, vous allez suivre les destins de binômes ou de trios radicalement différents, certains étant même composés de Daemons, pour vous rendre compte que l’Histoire du précédent millénaire est loin d’être une vérité absolue et qu’un mal bien plus profond se cache derrière le Dark Current et l’asservissement des Hommes. A vous de faire tombe la Grande Barrière et unifier tous les royaumes pour en venir à bout!

Un gameplay « Furyu-sement » Old School

Amoureux du farming et de la saga… SaGa justement, vous avez frappé à la bonne porte avec The Alliance Alive! En effet, dès les premières rixes, on se rend compte que le titre de Furyu est totalement centré sur le Old School, avec des affrontements où deux à trois coups bien placés peuvent avoir raison de votre équipe si vous ne prêtez pas garde à plusieurs paramètres cruciaux mais… trop eu expliqués ingame!

« Les armes et votre posture conditionnent les coups spéciaux appris »

Ainsi, vos personnages peuvent équiper une arme dans chaque main, allant de l’épée simple à la double (Cloud Strife Style!), en passant par le bâton de mage, la hache, l’arc, la lance, le canon, etc… Toutes les combinaisons sont possibles et si votre rêve a toujours été de vous la péter en frappant avec deux boucliers (on ne rit pas…), c’est envisageable.

Bien entendu, chaque arme a ses propres caractéristiques et sera plus à même de faire mal à un certain type d’ennemi, mais se révèle également plus ou moins efficace en fonction de votre placement sur une grille de position (devant, au milieu, à l’arrière), laquelle vous octroie certains bonus de frappe ou de défense. Mais ce n’est pas tout, puisque vous aurez également à opter pour une posture parmi trois (attaque, défense, soutien) qui influera sur vos bonus de stats en jeu. Et si je vous dis que tout cela est paramétrable à l’envie vie des formations personnalisables et switchables en plein combat… vous commencer à sentir la « légère » surcharge cérébrale qui va rapidement avoir raison des joueurs lambda?

Hasard? Vous avez dit hasard?

« Des combats ardus et du farming intensif , facilité par de bonnes idées de gameplay »

Accrochez-vous car ce n’est pas tout! En effet, vos héros sont capables d’apprendre de nouveaux coups spéciaux « par hasard » en utilisant leur arme, lesquels sont liés à votre posture précitée. De même, côté « SaGa » oblige, les persos voient leur niveau de vie, de force, de défense ou encore de magie prendre du galon d’une façon assez aléatoire, ce qui aura le don de frustrer ceux qui veulent une progression de combattant fixe et prévisible, même si le farming conséquent inhérent à ce type de production old school pourra équilibrer la chose au final.

Et pourtant, il y a bien une logique derrière tout ça, mais vous ne la verrez poindre qu’après une bonne dizaine d’heures de jeu, quand le « franc sera tombé » et que vous aurez eu la patience de lire le lexique fourni dans les options. On peut par contre citer un système de points de talent assez simple à assimiler, qui vous permet d’acquérir des bonus passifs afin de payer moins chers en SP l’usage de vos compétences ou augmenter le taux d’apprentissage de ces dernières, mais aussi diminuer les prix des items dans les magasins ou booster votre fuite.

De toute cela, il résulte des affrontement plutôt tendus, notamment contre les boss, où il conviendra d’être bien préparé pour éviter que vos cinq persos présents sur l’aire de jeu (parmi une dizaine à choisir) passent l’arme à gauche, synonyme de Game Over. Heureusement qu’un simple sort de soin permet de ressusciter un allié et qu’un état de furie pointe parfois le bout de son nez au gré des coups encaissés, pour vous permettre de sacrifier votre arme en déchaînant un coup spécial d’une rare puissance histoire de mettre un terme expéditif au combat.

Suiko-SaGa ou SaGa-den?

« Un système de guilde façon Suikoden qui devient vite chronophage »

Et puis si vous mourez, la présence dans votre inventaire de pierres magiques vous permettra de reprendre juste au début du duel ou de fuir quand vous le désirez. De même, la capacité de pouvoir sauvegarder rapidement où que l’on se trouve apporte un sacré confort, tout comme la possibilité de booster par 4 la vitesse des affrontements, rendant le grinding bien plus digeste.

Enfin, le fait que le créateur de Suikoden soit aux commandes de The Alliance Alive est loin d’être anodin puisque notre homme a inséré un système plutôt bien pensé de guildes centrées sur la Forge, la Magie, la Tactique, l’Exploration et l’Information, chacune octroyant, quand vous êtes dans la zone de portée de l’une de ses Tours-QG, des effets bénéfiques se déclenchant aléatoirement (encore, on sait) durant vos affrontements. Cela peut aller d’une défense quasi impénétrable pour votre équipe à un tir de canon foudroyant sur l’ennemi. Un atout à ne pas négliger, d’autant que passée cette fameuse dizaine d’heures laborieuse précitée, vous pourrez recruter une centaine de membres et créer vos propres QG sur des points précis de la map, faisant monter de niveau les guildes qui auront eu votre préférence. On se met donc rapidement à explorer toute la carte 3D (car oui, contrairement à Legend of Legacy, il y en a bien une ici) pour agrandir sa petite troupe de subalternes et trouver des lieux où ériger ses tours, tandis que les heures filent sans que l’on s’en rende compte.

Une réalisation sans « Default »?

« Les villes et leur dézoom vous rappelleront furieusement Bravely Default »

D’emblée, la première chose qui frappe graphiquement quand on lance l’aventure de The Alliance Alive, c’est son extrême ressemblance de design avec l’un des ténors du J-RPG sur Nintendo 3DS: Bravely Default! Personnages SD aux pieds minuscules, les héros du soft sont assez bien modélisés et les combats proposent de sympathiques animations et effets spéciaux. De même, quelques décors de ville valent le détour, et le dézoom quand on ne touche à aucun bouton pourrait presque passer pour du plagiat de Bravely tant il s’avère réussi.

C’est d’ailleurs le seul moment où la 3D stéréoscopique, pourtant sublime sur le dernier cité, s’active sur le bébé de Furyu. D’autant plus dommage quand le titre propose une map en totale… 3D justement! La carte est d’ailleurs assurément le gros point faible du soft, tant sa réalisation semble nous rappeler feue la PlayStation 1, ce qui est largement en deçà des capacités de la 3DS et des ses productions actuelles telles que Dragon Quest VIII pour ne citer que l’une des plus merveilleuses.

« Un vrai sentiment de liberté et d’exploration… si vous survivez aux 10 premières heures de jeu »

En termes de bande-son, si on adore le boulot de Masashi Hamauzu sur la saga Final Fantasy XIII, on sent que l’artiste n’était pas dans une forme olympique quand il a composé l’OST de The Alliance Alive. De fait, bien que le thème principal des combats soit excellent et qu’une bonne moitié des mélodies s’avère très agréable à entendre, l’autre moitié vrille rapidement les tympans à cause de sonorités électroniques pas à leur place dans un univers aussi heroic fantasy. Comme si ce cher Masashi avait lu de travers son contrat et s’était attaqué à un Digimon façon DIMPS… De plus, on ne pourra que pester contre l’absence totale de doublage qui, si elle peut encore se concevoir ingame, flingue pas mal l’aspect épique des très belles cut-scenes.

Avis aux connaisseurs

On va être clair: The Alliance Alive n’est pas à mettre entre toutes les mains. Si ses airs visuels de Bravely Default pourraient attirer le gamer lambda, son gameplay façon « SaGa », où un hasard apparent régit vos montées de niveau et votre apprentissage des coups, risque bien de refroidir les ardeurs des moins hardcore d’entre vous, d’autant que la première dizaine d’heures est assez pénible à accomplir malgré de nombreuses aides destinées à vous rendre le tout plus digeste (quick save, speed x4, coups ultimes, …).

Néanmoins, si vous parvenez à passer au travers et à vous impliquer dans le système de combat profond mais ô combien austère de prime abord, vous découvrirez un titre extrêmement riche et plaisant, où le mot « exploration » signifie vraiment quelque chose. Se faire du mal pour se faire plaisir… un concept que Furyu semble avoir fait sien pour ce The Alliance Alive que l’on recommande chaudement aux amoureux de J-RPG à l’ancienne.

La Bande-Annonce

Réalisation: 13/20

D’entrée de jeu, on est agréablement surpris par le look très « Bravely Default » de cette production, qui se paie même le luxe de proposer le même type de dézoom des villes quand on ne touche à rien. Malheureusement, la 3D stéréoscopique est totalement absente, la carte n’est pas ce qu’il y a de plus joli, la distance d’affichage est étrangement gérée (approchez de la Grande Barrière, vous verrez) et si les effets spéciaux durant les combats font plutôt bien le job, tout ça manque un peu de visuels grandioses à notre goût.

Gameplay/Scénario: 16/20

L’histoire est rondement menée et nous livre une bonne dose de mystère ainsi que le regroupement inattendu de diverses races que tout oppose en début de récit. Alternant durant ses dix premières heures entre des duos de personnages pour autant de point de vue non manichéens, le titre trouve un combat commun plutôt logique que l’on suit avec un certain plaisir malgré le fait que le tout soit intégralement en anglais. Niveau gameplay, il va falloir vous accrocher car le jeu ne vous explique… quasi rien! Entre un système de combat passionnant à maîtriser mais complexe à assimiler, un farming omniprésent, une augmentation des personnages qui semble liée au hasard et une gestion des guildes dont les effets paraissent parfois nébuleux, le bébé de Furyu n’est pas vraiment « User Friendly » malgré une sauvegarde où l’on veut et une vitesse paramétrable des combats. Il n’empêche: si vous survivrez à la première dizaine d’heures du soft, vous découvrirez un jeu riche, profond, où l’exploration est réellement jouissive. A l’ancienne quoi!

Bande-Son: 13,5/20

Reconnu pour son travail mélodique de qualité sur la trilogie Final Fantasy XIII, Masashi Hamauzu nous livre une prestation un peu en demi-teinte sur ce The Alliance Alive. En effet, si le thème des combats est vraiment excellent et que quelques compositions méritent clairement le détour, d’autres musiques tapent un peu vite sur le système, la faute à la propension du maestro à utiliser des boucles électroniques qui tranchent parfois un peu trop avec l’esprit Heroic Fantasy du soft.

Durée de vie: 17,5/20

Comptez entre 30 et 40 heures de jeu pour boucler une première fois l’aventure de The Alliance Alive, ainsi qu’une vingtaine de plus pour le New Game +, qui se paie même le luxe de proposer un New Game ++ une fois terminé. Bref, si vous accrochez au soft, vous en aurez largement pour votre argent.

Note Globale N-Gamz: 15/20

Malgré son casting de grands noms du jeu vidéo, la première production du studio Furyu, alias The Legend of Legacy, a largement déçu les fans de RPG. Pour son second jeu, le studio a clairement écouté les critiques et nous livre un The Alliance Alive supérieur en tous points à son aîné, devenant par là-même un très bon J-RPG Old School où le farming autant que l’exploration seront de rigueur pour découvrir une histoire intéressante, des personnages charismatiques et un système de jeu assez austère dans ses explications, certes, mais diablement chronophage pour peu que l’on fasse l’effort de passer, un peu dans la douleur il est vrai, la première dizaine d’heures. Les mordus du genre trouveront un soft qui leur rappellera le bon temps des jeux de rôle où l’on ne vous prenait pas par la main, et bien qu’il ne soit pas exempt de défauts (réalisation un peu en berne, bande-son en demi-teinte, …), The Alliance Alive diffuse une certaine nostalgie vidéoludique que vous auriez tort de laisser passer si, comme nous, vous avez vibré durant l’âge d’or des J-RPG 16-32 bits.



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!