Review
Depuis la sortie de GTA 3, le monde vidéoludique a radicalement changé. Cette simulation de gangster en environnement ouvert a enfin défoncé les tabous à coups de bazookas, vous mettant dans la peau d’un hors la loi que rien n’arrête : meurtre, courses-poursuites, braquages, tout y passait pour le plus grand bonheur des joueurs résolument mâtures. Depuis, Grand Theft Auto 4 et 5 sont passés par là et ont placé la barre encore plus haut en termes de liberté… au détriment d’un scénario un peu bancal. C’est justement là que Sleeping Dogs a su se démarquer en 2012 sur PlayStation 3, Xbox 360 et PC. Amoureux des triades hongkongaises et des films à la Infernal Affairs, voilà la Definitive Edition du hit de SquareEnix. Mais cette version Next-Gen est-elle aussi pertinente que ne le fut celle de Tomb Raider, du même éditeur, en 2014?
Histoire de vengeance
Wei Shen est la parfaite incarnation du flic hongkongais version Infernal Affairs. Beau gosse au passé trouble, notre policier s’est exilé aux USA pour sortir sa famille de l’enfer de la drogue et des Triades. De retour au pays, il est bien décidé à faire payer les Sun on Yee, la pègre locale dont l’influence sur les trafics en tous genres est sans commune mesure. Se servant de son ancien réseau d’amis d’enfance pour se faire engager comme homme de main par le gang, il va gravir, un à un, les échelons de l’organisation pour l faire tomber de l’intérieur… mais si, petit à petit, il commençait à se lier d’affection pour cette grande « famille » et ses règles basées sur l’honneur… ?
C’est là tout le sel du scénario de Sleeping Dogs, un jeu où la dualité est présente à chaque étape. Tiraillé entre son rôle de flic côtoyant des ripoux au sein même de sa brigade, et sa loyauté naissante envers les Sun On Yee, Wei Shen va sans cesse se trouver sur le fil du rasoir, à la manière du film culte d’Andrew Lau, précité. Ajoutez à cela l’une ou l’autre romance et des retournements de situations bienvenus, et vous comprenez que le contexte qui entoure le jeu d’United Front Games est autrement plus intéressant que les aventures d’un certain Niko Bellic, c’est un fait. Cependant, tout le monde ou presque a joué à Sleeping Dogs à l’heure actuelle, et si cette Definitive Edition propose tous les DLC sortis jusque là, on peut s’interroger sur son prix pour une simple mise à jour graphique… mais nous y reviendrons. Pour ceux qui ne connaîtraient pas le soft, voici ce qu’il faut en retenir.
Un copié-collé de GTA? Pas tant que ça.
Si, dans les faits, on peut aisément rapprocher GTA 4 de Sleeping Dogs, en ce sens qu’il s’agit d’un jeu d’action/aventure à la troisième personne dans un environnement ouvert avec une foultitude de missions et de vols de véhicules, le dernier nommé marque énormément de différences, et pas seulement que d’un point de vue scénaristique. En effet, le gameplay est bien plus évolutif que dans le titre de Rockstar, avec notamment la possibilité de gagner des points de réputation qui vous ouvrent l’accès à des compétences passives très prisées (vol de voiture amélioré, envoi d’un chauffeur qui vous amène votre véhicule où que vous vous trouviez, …).
De même, en fonction de vos choix de missions et de votre orientation flic ou mafieux, vous obtiendrez de l’expérience dans chacune de ces factions. Expérience que vous pourrez dépenser dans deux arbres de compétences par camp, afin d’obtenir des capacités actives cette fois. Débloquer le coffre de toutes les voitures de flics pour y trouver de l’argent, diminuer votre jauge de recherche, sauter d’une caisse à l’autre en pleine course-poursuite, autant dire qu’il y aura du choix. Enfin, des autels disséminés ça et là dans tout Hong-Kong vous permettront d’augmenter votre barre de vie, tout comme des statues de dieux à dénicher qui vous octroieront des coups de mêlées supplémentaires.
Let’s Get Ready to Ruuuuuuuuuuummmmmmmble !
Car même si les tirages de bourre en voiture sont présents dans Sleeping Dogs, c’est surtout le combat en versus qui va vous botter au plus haut point. Inspirées totalement du gameplay de Batman Arkham, les rixes sont de vrais ballets made in cinéma hongkongais. Vous pouvez taper de façon faible ou forte, utiliser de nombreux combos, mais surtout « contrer » une attaque à la manière du Chevalier Noir pour rendre la monnaie de sa pièce à l’ennemi. Jouissif au possible, le système se paie en plus le luxe de surpasser son maître en proposant une interaction ultra poussée avec le décor.
En effet, dès que vous agrippez un ennemi, tous les éléments interactifs de la zone se colorent en rouge. Une simple pression près de l’un d’eux et à vous les joies du plongeon de tête adverse dans de l’huile bouillante, de l’engouffrement de bras dans un ventilateur d’air-co ou de l’écrasement de front sur une cabine téléphonique. Les possibilités sont nombreuses et croyez-moi, c’est un vrai plaisir à chaque fois.
Une ambiance inimitable pour une profondeur de jeu sans pareille
Mais ce qui surprend le plus, dans Sleeping Dogs, c’est l’endroit où se passe l’action. Marre des villes américaines made in Rockstar, ici place à Hong Kong et ses ruelles serpentantes, ses enseignes lumineuses qui la rendent si unique le soir tombé, ses câbles électriques tentaculaires qui relient chaque immeuble en un vaste réseau presque vivant et sa côté parsemée de vagues et de ponts suspendus. Sur Next-Gen, le tout jouit d’une animation sans faille mais conserve l’aspect raide des personnages. Niveau effets de lumière et climatiques, ils sont aussi soignés qu’à l’époque, et donc forcément en deçà de ce qui se fait actuellement même si la ville, de nuit et sous la pluie, est tout simplement à tomber ! De même, si la modélisation des personnages est plus poussée, on aurait aimé qu’il en soit de même pour les textures qui souffrent vraiment d’un manque d’attention à ce niveau. Heureusement, l’immersion est rattrapée par une myriade de détails comme des papiers qui volent au vent, une foule réaliste et une ambiance sonore ultra immersive, à base de mix anglais-cantonnais pour le doublage, de musique asiatique et de bruitages réussis.
Et comme si cela ne suffisait pas, United Front Games, pour qui Sleeping Dogs aurait normalement dû être le troisième épisode de True Crime, s’est en plus payé le luxe de varier un maximum les missions et d’ajouter des petits éléments de gameplay hallucinants. Courses nocturnes façon Fast and Farious, combats de coqs, prises de photos, cambriolages, racket, pose de micro, filature, en passant par les salons de massage, karaoké, boutiques de fringues, vendeurs de voitures et achat de nourriture à la sauvette pour booster temporairement vos stats, le jeu semble infini et surtout n’ennuie jamais, les développeurs ayant toujours un nouvel élément à révéler qui vient renouveller les situations, comme on peut le voir notamment avec l’un des DLC inclus dans le soft et qui vous permet de combattre… des spectres!
Definitive Edition… définitivement indispensable?
Avec un scénario mâture et maîtrisé, une ambiance tout simplement divine et dépaysante, mais surtout un gameplay soigné aux petits oignons, Sleeping Dogs a été, à sa sortie, un must have pour qui se disait fan de GTA-Like. En effet, bien qu’il pêchait parfois par une technique pas toujours au point sur PS3 et 360 (aliasing quand tu nous tiens), le soft vous promettait des heures et des heures d’amusement dans un Hong-Kong assez bluffant, le tout au travers d’une histoire de flic infiltré qui prenait aux tripes. Le souci, c’est que si vous avez déjà retourné le soft dans tous les sens, cette Definitive Edition ne vous apportera pas grand chose de plus hormis un graphisme « légèrement » remanié à milles lieux du boulot effectué sur le dernier Tomb Raider, et tout juste quelques DLC sympathiques mais pas indispensables, le tout au prix fort. Notre conseil: si vous n’avez pas joué à la version current-gen, foncez acquérir cette Definitive Edition. Sinon, passez votre chemin et attendez un Sleeping Dogs 2 qui ne tardera pas à montrer le bout… de son calibre!
Le Video-Test par Neoanderson
Réalisation: 14/20
Note sanction car, comparé à Tomb Raider Definitive Edition, le lifting graphique subi par ce Sleeping Dogs n’est clairement pas à la hauteur. Personnages raides et textures un peu trop simplistes côtoient des effets de lumières toujours aussi somptueux et une animation incroyablement fluide, c’est un fait. Il n’empêche, au vu du prix, on ne peut que se montrer perplexe.
Gameplay/Scénario: 19/20
Un scénario captivant qui met aux prises la conscience policière face à la loyauté quasi féodale de la mafia, le tout servi par une mise en scène spectaculaire et des missions variées et toutes intéressantes, rien à redire tant on frôle la perfection sur bien des points. On aurait à la rigueur aimé un peu plus de liberté quant aux choix scénaristiques, mais le tout est largement contrebalancé par un gameplay au petits oignons, profond et varié grâce à ses choix de compétences, et par un système de combat ultra jouissif.
Bande-Son: 20/20
Le grand nombre de radios disponibles vous permettra de trouver chaussure à votre pied en matière de musicalité. Les doublages tantôt anglais, tantôt hongkongais, sonnent terriblement justes, et l’ambiance sonore générale, avec ses conversations entre npc, sa circulation routière et la faune locale (mention spéciale aux bruits de poulets près des étals^^) est une réussite. C’est bien simple, jouez les yeux fermés, et vous serez immédiatement transporté à des kilomètres de chez vous !
Durée de vie: 19/20
Comptez une bonne trentaine d’heure en ligne droite pour arriver à l’épilogue de cette histoire haute en couleur, et le double si vous souhaitez terminer toutes les quêtes annexes proposées par le soft, sans compter les dlc qui sont inclus de base dans cette Definitive Edition et se montrent carrément dépaysant!
Note Globale N-Gamz.com: 16/20
Avec trois notes sur quatre au-dessus de dix-huit sur vingt, comment mettre seulement 16 à un jeu? Tout simplement car, à moins de détester les GTA-like, tout le monde a déjà pratiqué Sleeping Dogs, ne serait-ce que parce qu’il a été offert aux abonnés du PS+, par exemple. Du coup, les aventures de Wei Shen n’ont plus vraiment de secret pour personne, et le lifting graphique de cette Definitive Edition étant ce qu’il est, à savoir sympa sans plus, on ne peut que dispenser de l’achat les gamers ayant déjà le soft sur Current-Gen. Dommage car le matériau brut est excellent… mais la finalité semble un peu trop mercantile à notre goût. Il n’empêche, le soft en lui-même jouit de nombreuses qualités… et si vous n’y avez jamais joué… foncez!!!