Review
Armature n’est clairement pas un studio inconnu sur la scène vidéoludique puisqu’on lui doit de nombreux portages HD comme Borderlands The Handsome Collection sur PS4/Xbox One ou encore Metal Gear Solid HD Collection sur Vita, mais aussi car il est formé des membres fondateurs de Retro Studios, les petits gars derrière… la saga Metroid Prime ! Autant dire qu’ils ont les capacités de nous livrer des expériences vidéoludiques intéressantes, non ? Alors quand ils nous proposent un voyage post-apocalyptique dans un soft d’action/aventure mâtiné de « robots de compagnie », vous comprendrez aisément notre curiosité à propos de leur nouveau bébé sobrement baptisé: ReCore ! La baraka est-elle encore de rigueur pour ces talentueux développeurs ? La réponse dans les lignes qui suivent !
Seth you free
Armature a été fondée en 2008 par les membres clés de l’équipe en charge de la saga Metroid Prime, celle qui a su habilement faire passer le metroidvania à la 3D. Un CV plus qu’intéressant et quelques années plus tard, voilà que les développeurs s’allient aux studios Microsoft et à Keiji Inafune, papa de Megaman un peu mal en point après l’horrible déception qu’a été Mighty No.9, histoire de nous livrer ReCore, un titre à très fort potentiel qui espère bien rivaliser avec les ténors du genre action-aventure sur Next-Gen. Malheureusement, de bonnes idées et des noms reconnus ne font pas toujours un jeu inoubliable. Explications.
En tant que Joule Adams, dernière humaine sur une planète contrôlée par des robots tueurs, votre tâche sur la post-apocalyptique Alter-Eden est simple : maintenir les machines permettant la régénération terrestre en état de marche, votre astre ayant essuyé une mortelle tempête de sable il y a des années de cela. Accompagnée au départ par le gentillet Seth puis par d’autres « Orbots », des robots construits autour d’un « orbe » et possédant chacun leurs propres pouvoirs pour parcourir ce milieu hostile, vous allez tenter de faire la lumière sur les évènements passés durant votre sommeil cryogénique de 100 ans dont vous avez été extrait par l’arrêt brutal de la tour de Terraformation. Un arrêt qui a d’ailleurs sans doute provoqué le crash de la navette qui vous abritait en orbite terrestre : l’Explorer. Une aventure pour découvrir les secrets renfermés par ce monde qui semble si étranger à votre héroïne, ça vous tente ?
Retour de flamme
S’il y a bien une chose qui frappe dès que l’on commence une partie de ReCore, c’est son accessibilité et le dynamisme de ses combats en 3D. C’est bien simple : il suffit de verrouiller la cible en la visant et de tirer, ou bien de demander à votre compagnon robotisé d’attaquer tout en tournant autour de votre adversaire et en esquivant les salves qu’il vous envoie. L’enfance de l’art pour un gameplay classique, mais jouissif. La petite particularité, en plus de votre exo-squelette que l’on vous présentera plus bas, vient du fait que vous pourrez extraire l’orbe de votre opposant dès qu’un certain seuil de dégât sera atteint ou encore si vous le prenez par surprise, le tout à la façon d’un jeu de pêche.
Vous devrez ainsi ferrer l’orbe et le tirer au moyen de votre extracteur, un puissant grappin se maîtrisant avec le stick de droite. Attention donc à ne pas trop forcer quand votre câble devient rouge, auquel cas votre matériel lâchera prise et votre cible reviendra à son propriétaire. A la fin de chaque combat, un petit récapitulatif apparaîtra en mentionnant l’expérience accumulées, les combos effectués, le nombre d’ennemis tués au total et d’édénites (la monnaie du jeu) récupérées, mais aussi la durée de l’affrontement ou encore le nombre d’extractions réussies. Bien entendu, histoire de corser les choses, des boss sont présents à des endroits-clés et l’unique manière de les vaincre sera, on vous le donne en mille, d’extraire l’orbe prismatique qu’ils possèdent !
Si les combats se montrent vraiment sympathiques et bien rythmés, la phase exploration quant à elle révèle quelques idées plutôt intéressantes. Certes, on retrouve les classiques doubles sauts grâce à l’exosquelette de Joule ou encore une charge servant à éteindre les flammes ou se déplacer plus rapidement, mais c’est surtout dans l’activation des capacités de votre orbot que l’originalité est à trouver. Le groupe de votre héroïne peut ainsi se constituer de 2 compagnons mécaniques interchangeables histoire de vous débloquer l’accès lors de certaines énigmes (Duncan peut briser les rochers, Seth permet d’agripper des rails, …), mais aussi très utiles durant les combats puisqu’un switch effectué au bon moment vous offre une attaque spéciale plutôt percutante. A côté de cela, le jeu oscille entre fouille dans les donjons, objectifs secondaires et arènes dans lesquelles vous devrez occire un nombre donné d’ennemis en un temps limité.
Extract that !
C’est justement là que le premier souci apparaît : en effet, chaque donjon possède des conditions d’entrée telles que votre niveau d’expérience ou encore le nombre d’orbes prismatiques que vous possédez, et le tout est très mal équilibré, vous obligeant souvent à farmer aveuglément et à outrance pour parvenir à vous débloquer l’accès. Le plus frustrant, c’est que chacun de ces niveaux affiche les trésors que vous pourrez y récupérer tels que des cachettes de ravitaillements qui contiennent des plans ou encore des améliorations de santé pour Joule. Bref, vous savez ce qu’il y a dedans, ça a l’air super intéressant… mais vous ne pouvez pas y entrr à moins de passer un temps infini à répéter les mêmes combats…
Aspect RPG oblige et même si vous n’aurez pas grand-chose à faire pour Joule puisque la seule chose qui peut monter de niveau chez elle est son arme (de façon automatique avec l’expérience acquise), vous pourrez débloquer très tôt dans le jeu des munitions de couleurs (rouge, jaune ou bleue) qui vous permettront de faire plus de dégâts suivant l’affinité des adversaires avec la couleur correspondante. Certains d’entre eux s’amusent même à mixer les teintes de base pour obtenir diverses protections. De plus, histoire de densifier le gameplay et justifier cette récolte incessante d’orbes, vous trouverez dans l’Explorer un établi qui vous permettra d’augmenter les statistiques de vos compagnons robotiques que sont l’attaque, la défense et l’énergie. D’ailleurs, les plans précédemment évoqués pourront changer l’apparence de votre orbot (tête, pattes, modules, corps) mais aussi ces fameuses stats ou le temps de réanimation et de rechargement des coups fatals.
Une réalisation bugguée mais « Orchestrale »
ReCore a indubitablement été conçu pour cette génération de consoles et le boulot des programmeurs impose un certain respect. Ainsi, Alter-Eden propose des effets de lumière et d’ombre saisissants au travers de décors et de personnages travaillés, certes loin du photo-réalisme, mais qui bénéficient d’une vraie identité visuelle. On note un gros souci du détail dans la gestion du sable et la réelle volonté de rendre cet univers « vivant ». Hélas, de nombreux bugs s’invitent à la fête pour gâcher votre immersion voire même pire: vous bloquer dans votre progression! Petit florilège avec un respawn pile dans le vide d’un donjon, une plateforme invisible, un ennemi qui passe à travers la texture d’un piédestal pour au final retomber dessus, un problème d’affichage de la carte qui nous donne un joli écran noir ou le must: freeze violent puis crash du jeu lui-même! Ajoutez à cela des temps de chargement proprement indécents et vous comprendrez que ReCore peut vite devenir frustrant, très frustrant!
Fort heureusement, il est un point qui est inattaquable dans ReCore: sa bande-son! Elle va littéralement vous envoûter les tympans ! Réalisée par un orchestre symphonique et jouant allègrement sur des chœurs qui renforcent l’aspect post-apocalyptique dégagé par le jeu, la musique est juste sublime. Niveau dialogue, les doubleurs français sont bien choisis malgré quelques persos secondaires un brin « mono-expressifs ». Enfin, les bruitages restent en osmose avec la représentation de l’action et offre notamment des sons environnementaux saisissants tels que le vent ou même les aboiements et autres bips robotiques de vos orbots.
Apocalypse à venir pour la licence ?
ReCore partait avec un CV de grands noms de l’industrie vidéoludique plus que flatteur et les premiers visuels nous avaient terriblement aguichés, mais force est de constater qu’une fois la manette en main, le spectacle n’est pas aussi inoubliable qu’escompté. Ainsi, malgré un gameplay plaisant au départ, le titre gonfle artificiellement sa durée de vie en vous forçant à farmer de l’orbe à outrance, accentuant son côté répétitif et peu inspiré, tout en se permettant le luxe de proposer une pléthore de bugs parfois handicapants et des temps de chargements d’une longueur ahurissante. Le dépaysement est au moins au rendez-vous, c’est déjà ça!
La Bande-Annonce
Réalisation: 14,5/20
Le titre est beau et visuellement travaillé, cela ne fait nul doute, et le monde post-apocalyptique proposé est véritablement envoûtant grâce à un gros souci du détail pour rendre l’environnement crédible (sable, poussière, effets de lumière). Ça sent bon le triple A… mais la pléthore de bugs parfois handicapants et les temps de chargement horripilants nous font vite redescendre sur Terre hélas.
Gameplay/Scénario: 13/20
Vous pourrez facilement passer à côté de tout le scénario du jeu si vous ne récupérez pas les bandes-audio disséminées dans le soft, ce qui pourrait vous donner un avis tronqué sur le scénario du soft. Niveau gameplay, il est assez simple à prendre en main et propose des combats très dynamiques, de jolis puzzles grâce à vos orbots, mais souffre d’une énorme redondance liée au farming d’orbes imposé pour débloquer les accès des divers donjons du titre. Un meilleur équilibrage et plus de diversité dans les mécaniques de jeu aurait évité cet écueil.
Bande-Son: 18/20
Des musiques orchestrales baignées par des choeurs post-apocalyptiques de toute beauté, des dialogues en français plutôt bien joués et des bruitages environnementaux qui vous immergent pleinement dans l’univers du soft. Rien à redire!
Durée de vie: 14/20
Comptez environ une dizaine d’heures pour terminer le soft sauf si vous vous mettez en tête de récupérer tous les collectibles. Tablez alors sur 15h. Malheureusement, passée la première moitié, le titre s’avère atrocement répétitif et difficile à la longue, je doute donc que beaucoup de personnes se risquent à faire les 100%, surtout en prenant en compte les temps de chargement horripilants trop souvent présents : changement de zone, transport rapide, mort….
Note Globale N-Gamz.com: 14,5/20
ReCore avait un sacré potentiel et des développeurs de renom pour l’aider à se développer pleinement. Nul doute que le titre de Keiji Inafune et Armature Studio aurait été un incontournable s’il avait été un peu mieux pensé, équilibré, réalisé et exploité. Ainsi, malgré des combats dynamiques et un monde visuellement impressionnant, le titre connaît une foule de bugs rédhibitoires, un gros pic de difficulté incompréhensible sur la fin, une durée de vie gonflée artificiellement par un farming ridicule et des temps de chargement atroces. Il n’empêche, le jeu fait au moins l’effort de tenter de se démarquer des autres softs du genre, et l’aventure se révèle plus plaisante que frustrante en fin de compte. On lui laisse le bénéfice du doute en attendant une suite mieux finie?