Review
La saga horrifique inspirée du folklore japonais nous revient pour un opus Wii qui se veut un remake de l’un des épisodes les plus acclamés de la franchise : Crimson Butterfly. Alors que nous attendons toujours en vain une hypothétique sortie européenne du dernier titre en date : Mask of The Lunar Eclipse (une bombe vidéoludique), qu’est-ce que cette réédition sur la console de Nintendo peut bien apporter aux fans de survival ? Et bien du frisson, tout simplement !
Fidèle à ses principes, et c’est tant mieux !
Le survival/horror, le vrai, celui qui vous file les pétoches par une nuit sans lune zébrée d’éclairs, oui celui-là même qui vous faisait sursauter à la première apparition d’un chien zombie dans Resident Evil 1…et bien il ne va pas bien. Parfaitement Mesdames et Messieurs ! Depuis l’avènement des consoles next gen, le survival/horror que les amateurs de peur solitaire adoraient s’est peu à peu muté en action/horrifique à grands coups d’objets contondants ou de…lance-roquettes ! Certes, il existe encore quelque espoir, notamment dans une franchise comme Dead Space, mais se faire peur tout seul, dans son canapé, face à son écran, est devenu une denrée rare.
Cependant, il existe une série qui a toujours réussi à garder une constante épouvante prodiguée à ceux qui ont eu la chance de s’y adonner : Project Zero (Fatal Frame au Japon). Débarquée à l’ère PS2, la première itération de PZ a fait l’effet d’une bombe ! Imaginez : perdue seule, de nuit, dans un immense manoir japonais, vous incarniez la tremblante Miku, étudiante japonaise à la recherche de son frère. Au menu : des fantômes qui avaient le don d’apparaître quand on s’y attendait le moins, une suggestivité dans la peur proche de la perfection, et une seule arme pour vous défendre : un appareil photo ! Véritable générateur de montée d’adrénaline, le soft proposait un scénario tout droit tiré des classiques du cinéma horrifique nippon (The Ring ou « Le Cercle », ça vous parle ?) et une mise en scène clairement déconseillée aux personnes cardiaques. Encore maintenant, j’ai des frissons dans la voix rien que d’en parler. Alors quand Tecmo, le développeur, a annoncé un deuxième opus toujours sur PlayStation 2, vous pensez bien que tout le monde était aux aguets…et Crimson Butterfly est arrivé.
Pourquoi un remake du 2 ?
Dans Project Zero 2, vous incarnez deux sœurs jumelles, Mio et Mayu, la première étant un vrai garçon manqué tandis que la seconde jouit malheureusement d’un handicap depuis quelques années : une jambe douloureuse qui la fait boiter suite à une mauvaise chute provoquée accidentellement par sa frangine. Mio se sent depuis responsable de l’infirmité de sa moitié et protège sa sœur envers et contre tout. Jusqu’au jour où, se baladant en forêt, elles tombent sur un mystérieux autel et un village qui semble abandonné depuis des décennies…et si la légende du village caché, dont personne ne ressort, était vraie ? Elles vont bien vite le découvrir à leurs dépens, tout chemin vers la sortie semblant irrémédiablement bloqué…et Mayu commençant à développer d’étranges pouvoirs télépathiques la poussant à agir contre son gré et à suivre les mystérieux…papillons pourpres.
C’est donc principalement aux commandes de Mio que vous arpenterez les allées brumeuses du village afin d’en apprendre plus sur un moyen de vous échapper de ce qui semble être une terrible malédiction liée à votre gémellité. Et vous pouvez me croire, le scénario est torturé comme il faut et ne dévoilera ses secrets qu’à la toute fin…qui est l’une des plus belles et poignantes qu’il m’ait été donné de voir dans ma vie de gamer. Si Nintendo a choisi un remake du 2, c’est d’une part grâce aux qualités scénaristiques de cet opus, qui se suffit à lui-même alors que le 1 et le 3 sont liés (et que le 4 risque de nous passer sous le nez…vie de merde !), mais également car il a pallié à pas mal de petits soucis de gameplay de son aîné, de quoi proposer une excellente entrée en la matière pour tous ceux qui n’auraient pas eu l’occasion de tester la série à son époque PS2.
Un gameplay remanié…
A la base, dans Project Zero, votre moyen de défense est un simple appareil photo muni de différents films qui permettent de flasher les fantômes et leur faire subir plus ou moins de dégâts. Déplacement lents en contradiction avec les pointes de vitesse de certains esprits, temps de recharge conséquent entre chaque cliché et faiblesse physique de votre héroïne, tout est mis en œuvre pour que vous vous sentiez largement en danger. L’optique adoptée originellement était imposée à la troisième personne, dans des décors en 3D avec angles de vue précalculés. En agrippant votre appareil, vous passiez alors à la première personne façon FPS, en conservant néanmoins la lenteur de vos déplacements. Tecmo a décidé, pour ce remake, de revoir sa copie en lui instaurant les innovations faites dans le 4ème opus. Ainsi, même si on conserve la vue à la troisième personne, la caméra est située juste dans le dos de Mio et suit les mouvements de celle-ci, ce qui augmente considérablement le degré d’immersion. Il est également possible de bouger le faisceau de votre lampe-torche directement avecla Wiimote, ce qui vous permettra de révéler des objets cachés. Enfin, un lock a fait son apparition en mode shooting photo, et on peut dire qu’il est le bienvenu tant certains combats s’avèrent délicats.
Au niveau des phases de recherche, le soft conserve sa linéarité à base de portes fermées par des cadenas dont il faut trouver les clés. Il y a peu de véritables énigmes et, en règle générale, vous ne resterez pas bloqué en ne sachant où aller. Le titre regorge d’objets à récolter en tous genres tels que des pierres précieuses qui permettent d’entendre la voix d’esprits déchus directement dans votre Wiimote, façon PVE (effet garanti au trouillomètre), des potions de soins, des pellicules photos, mais aussi des objectifs à monter et à upgrader sur votre appareil, de même que des capacités spéciales, le tout vous permettant de ralentir les fantômes, d’échapper à leur étreinte, … Chaque cliché emprisonnant un spectre vous rapporte des points en fonction du cadrage, de la proximité et du danger, points que vous pourrez dépenser pour booster les caractéristiques de votre arme comme la portée, la vitesse de recharge, le degré de charge, … Un petit côté RPG très sympa, d’autant que le combat de spectres permet quelques combos pour peu qu’on flashe l’ennemi dans un moment critique. Ajoutez à cela une recherche de fantômes inoffensifs mais qui ont tous une histoire à raconter, et vous comprendrez qu’on ne s’ennuie pas dans Crimson Butterfly.
…et des graphismes boostés…
Visuellement parlant, le soft a subi un joli lifting graphique. Bien sûr, on est loin des réalisations next-gen,la Wiin’étant au final qu’un Gamecube boosté, mais par rapport à la version PlayStation 2, les personnages sont plus finement modélisés, et les textures plus réalistes. Les jeux de lumière ont également été réajustés pour offrir un côté encore plus sombre à l’aventure des jumelles Mio et Mayu, et l’animation en full 3D ne souffre d’aucun ralentissement ni tearing. Du bon boulot et pas une simple adaptation à ce niveau, on ne peut que s’en réjouir.
Signalons également un ajout à cette version en la présence d’un mode Manoir Hanté, qui n’existait pas sur l’opus PS2. Totalement anecdotique, ces séquences de jeu vous demanderont de vous balader en vue interne dans un lieu hanté en tremblant le moins possible, ou de retrouver des statuettes éparpillées, et j’en passe. Amusant 15 minutes, le tout s’essouffle très vite et vous reviendrez rapidement à l’aventure principale.
Pour une peur toujours aussi présente
La peur, c’est là le nerf de la guerre des vrais survival/horror, et là on peut dire que Project Zero 2 atteint clairement sa cible. Même après plusieurs années, le soft se montre systématiquement efficace pour instaurer une ambiance de paranoïa auprès du joueur. Il y a toujours un bruit de fond qui vous mettra mal à l’aise, une apparition furtive qui vous fera sursauter, ou un fantôme qui n’annoncera sa présence qu’en vous frôlant le dos. L’histoire va vous glacer le sang, le sentiment de faiblesse va exacerber vos sens, et ce voyage aux pays des spectres made in Japan va vous marquer, vous pouvez me croire. Un remake de qualité pour un jeu qui en était déjà pétri à la base. Même ceux qui possèdent la version PS2 peuvent se laisser tenter, ne serait-ce que pour revivre une fois cette aventure si immersive depuis qu’elle est passée en full 3D. Apprêtez-vous à trembler !
Le vidéo-test
Réalisation: 16/20
Pour de la Wii, le jeu est plus que joli, offrant des textures et des modèles 3D rehaussés par rapport à leurs homologues PS2. L’animation est parfaite, les jeux de lumière ultra angoissants, et la vue à la troisième personne façon Project Zero 4 est maîtrisée. Du bon boulot !
Gameplay/Scénario: 18/20
Le passage en full 3D avec caméra derrière l’épaule se fait avec brio, augmentant l’immersion sans dénigrer le gameplay de base. La visée est étrangement plus compliquée en mode shooting photo à la Wiimote, mais le lock palie sans souci ce problème. La lenteur de l’héroïne accentue le sentiment de faiblesse, et le scénario est mystérieux comme il faut. Et que dire de la fin, tout simplement bouleversante. Du grand art.
Bande-Son: 15/20
Les voix fantomatiques sonnent juste, les bruits d’ambiance sont clairement lugubres, les portes craquent et le moindre souffle de vent vous fait frémir. Petit bémol pour les voix de spectre qui surgissent de votre Wiimote, tout comme le son du déclencheur de votre appareil photo, qui grésillent un peu trop.
Durée de vie: 15/20
Le jeu de base est long (pour un survival) et intéressant, pour peu qu’on s’immerge dans l’histoire et qu’on lise la tonne de documents que l’on peut recueillir un peu partout. L’aspect RPG promet également une bonne dose de recherche pour qui veut dégotter les objectifs ou pouvoirs spéciaux pour l’appareil, sans parler des dizaines de spectres inoffensifs à photographier. Dommage que le mode Maison Hantée soit trop anecdotique.
Note Globale N-Gamz.com: 16/20
Un excellent remake, que vous connaissiez déjà la série ou non, voilà comment définir ce second opus de Project Zero, version Wii. Avec une immersion plus poussée grâce à la nouvelle vue adoptée, des innovations de gameplay comme un lock ou des PVE émanant de votre Wiimote, le jeu vous offre un scénario torturé et sombre, une fin mythique et une sacrée dose de peur. Vous voulez un survival/horror, un vrai, sur Wii ? Ne cherchez plus, vous l’avez trouvé !