Review
Après avoir fait les beaux jours des amoureux de la PlayStation 4 et du PC l’année dernière, la suite du mésestimé NieR a décidé d’investir la console mal-aimée des développeurs japonais par excellence: la Xbox One! Une sacrée bonne nouvelle pour les adeptes du fantasque Yoko Taro et de Square Enix, qui nous livrent ce NieR: Automata sous la houlette de PlatinumGames pour une oeuvre terriblement marquante, et encore plus en 4K sur Xbox One X!
Pas l’temps de NieR-ser
Pauvre humanité: suite à l’invasion d’extraterrestres et de leurs innombrables et redoutables machines, tous les humains sont désormais contraints d’attendre sagement sur la Lune tant que leur planète bleue chérie n’aura pas été nettoyée de toute présence robotique. Et quelle meilleure équipe de nettoyage qu’une flopée d’androïdes conçus par leurs soins, constituant le projet YoRHa, armés jusqu’aux dents et prêts à tout pour déblayer le terrain pour leurs géniteurs adorés. « Glory to mankind« !
A la lecture de ce pitch, les néophytes pourraient, et on les comprend, lever les yeux au ciel à l’idée d’une énième banale histoire de combat contre le vilain envahisseur dans la peau des gentils androïdes 2B et 9S. Ça serait bien mal juger Yoko Taro, que l’on connaît pour la franchise Drakengard et pour le premier NieR (auquel il n’est pas nécessaire d’avoir joué pour s’attaquer à cette suite), aux commandes de ce projet et de son scénario. L’intrigue prend ainsi un malin plaisir à multiplier les révélations chocs et à éviter avec brio tout manichéisme, à mille lieues d’un banal combat du bien contre le mal. Mais pour connaître le fin mot de l’histoire, il va falloir le mériter: aux armes, camarades !
YoRHa de quoi faire
Si vous connaissez un minimum Platinum Games, vous aurez d’ores et déjà compris que les combats prendront une part très importante sur le temps de jeu; et heureusement pour nous, ces grands habitués du beat’em all n’ont rien perdu de leur amour pour les affrontements nerveux mais maîtrisés. Là où les combats du premier NieR étaient efficaces mais manquaient sacrément de punch, ceux de cette suite prennent la tangente inverse en affichant une sacrée vitalité et un dynamisme de tous les instants. L’ajout d’une contre-attaque surpuissante, déclenchée en esquivant juste au moment d’un coup ennemi, contribue au sentiment de puissance et au côté extrêmement défoulant des affrontements. L’accent a également été mis sur les combats de boss, particulièrement imposants et bien pensés, qui constituent certains des passages les plus mémorables du soft.
Mais réduire NieR: Automata à une série d’affrontements serait bien malhonnête vis-à-vis du travail effectué par Platinum, qui s’amuse à multiplier les angles de vue pour varier les sensations et ajouter un sentiment d’inattendu. Ainsi, vous passerez sans transition d’une vue traditionnelle à la troisième personne à une vue de côté façon jeu de plates-formes avant d’opter pour une phase de tir vue de dessus; sans compter les phases de shoot pur aux commandes d’un module de vol, le piratage sous forme de mini-jeu rétro et d’autres surprises qu’on prendra soin de ne pas vous révéler. Loin d’être un vulgaire gimmick, ce mélange des genres fait pleinement partie de l’ADN du jeu et est l’une de ses plus grandes forces, de même que l’optimisation de votre héroïne par l’intermédiaire de puces à installer, permettant vraiment de personnaliser l’expérience selon ses goûts, avec la possibilité par exemple de troquer les informations affichées sur le HUB contre de l’espace de stockage supplémentaire pour ses compétences.
Tout aussi étonnant (un peu moins pour les joueurs ayant parcouru le premier opus), le soft se paie le luxe d’offrir de réels moments de zénitude entre deux phases dopées à l’adrénaline, le temps de discuter avec les habitants de ce monde désolé, de faire ses emplettes et d’apprécier le calme avant une tempête qui ne demande qu’à faire rage…
2B or not 2B ?
Comme son prédécesseur, NieR: Automata prend un plaisir sadique à vous attacher à ses protagonises, principaux comme secondaires, pour tout vous arracher sans aucune forme de remord. Plus que le scénario, par moments inutilement alambiqué, c’est bien le traitement des personnages qui prime ici, leur personnalité évoluant sacrément au cours de leur périple, dont personne ne sortira indemne. Encore une fois, on se gardera bien de trop en dire, mais préparez-vous à de sacrées claques dans la tronche au moment où vous vous y attendez le moins. Les quêtes secondaires, pas forcément folichonnes au niveau de leur déroulement (on n’évitera pas les traditionnelles missions Fedex), bénéficient néanmoins de ce soin d’écriture et on ne saurait trop vous conseiller de vous y investir pour profiter pleinement d’un univers sacrément bien développé.
De l’investissement, vous en aurez de toute manière besoin si vous voulez connaître tous les tenants et aboutissants de l’intrigue: après un premier run d’une petite dizaine d’heures seulement, le jeu s’achève et vous vous sentez lésés. Grossière erreur: en lançant le New Game +, vous vivrez l’aventure du point de vue d’un autre personnage, et à partir du troisième run, c’est une toute nouvelle aventure qui s’offre à vous. Ainsi, cinq fins (vingt-six si on compte les dénouements alternatifs parfois très drôles) seront à découvrir; préparez-vous à être surpris jusqu’à la dernière seconde, où l’esprit pas comme les autres de Yoko Taro fera encore des merveilles.
Si le soin apporté à l’écriture est un des piliers du soft, bien mis en valeur par des doubleurs japonais et anglais très impliqués, on réservera une bonne partie des éloges à la bande son absolument phénoménale. Déjà à l’ œuvre sur l’extraordinaire bande originale du premier volet, Keiichi Okabe persiste et signe, embarquant à nouveau avec lui chœurs impériaux, mélodies qui évoluent de manière très fluide en fonction de l’action et la voix magnifique de la chanteuse Emi Evans, amènant cette fois encore son langage créé de toutes pièces qui sied à merveille au travail accompli par le compositeur. Le plus gros atout du soft, sans aucun débat possible.
Des défauts impossibles à NieR
Après tant d’éloges, c’est le cœur lourd que nous avions abordé, dans notre précédent test, ce qui nous fâchait sur la version PlayStation 4: la réalisation datée. Et bien sachez que sur Xbox One X, le framerate ne subit aucune chute et que la 4K rutilante apporte au titre une vraie plus-value graphique, permettant enfin au soft de se la jouer « Next-Gen ».
Dommage donc qu’avec enfin un bel écrin pour le faire briller, la répétitivité de NieR Automata vienne un peu entacher le plaisir. En effet, la quasi-totalité des environnements étant déjà accessible dès le premier run, les parcourir encore et encore en combattant toujours (ou presque) les mêmes types d’ennemis pourra venir saper la motivation. Mais bon, honnêtement, on pinaille un peu.
Yoko Taro avait prévenu: NieR: Automata est un jeu de niche, et en tant que tel, ne conviendra pas à tous les gamers. Si vous cherchez juste un gros défouloir, on vous conseillera peut-être de vous tourner vers les autres productions de PlatinumGames, qui a réussi ici un coup de maître dans un domaine qui n’est pas vraiment le sien. Cependant, si vous souhaitez un jeu qui vous marque à vie dans un enrôbage qui lui donne enfin son plein potentiel visuel, foncez sur le dernier bébé de Mister Taro, magnifié comme jamais sur Xbox One X!
La Bande-Annonce
Réalisation: 18/20
Si le moteur ne faisait pas forcément bonne figure pour un jeu sortant en 2017 sur PlayStation 4, force est de constater qu’en 4K sur Xbox One X, le titre flatte la rétine et surtout… la fluidité est de mise en toutes circonstances. De plus, tous les choix artistiques, assumés et justifiés, donnent à NieR: Automata une âme que peu de blockbusters AAA peuvent se targuer de posséder.
Gameplay/Scénario: 16/20
Si les combats nerveux et défoulants lui donne de faux airs de beat’em all, le soft cache un vrai Action-RPG rempli de sous-quêtes classiques mais bien écrites et d’un excellent système de personnalisation du héros. Si le scénario est intéressant quoique par moments un peu confus, les vraies stars sont les protagonistes, principaux comme secondaires, très attachants et à la personnalité évolutive. Croyez-nous quand on vous dit que vous allez souffrir intérieurement.
Bande-Son: 20/20
Parfaite. La bande originale de Nier: Automata est parfaite et mériterait un long article à elle seule. Keiichi Okabe reprend les meilleurs éléments de son travail sur le premier opus et les bonifie pour atteindre un résultat qui risque de faire date. Pour ne rien gâcher, les doublages, japonais comme anglais, sont intenses et parfaitement dans le ton.
Durée de vie: 17/20
Comptez une petite vingtaine d’heures pour parvenir à la vraie conclusion, et beaucoup, beaucoup plus si vous comptez tout explorer, d’autant que cette Become As Gods Edition contient nombre de contenus numériques tels que le DLC 3C3C1D119440927, quatre apparences de pod (Grimoire Weiss, Pod gris rétro, Pod rouge rétro, et Pod en carton) et l’accessoire Masque de machine.
Note Globale N-Gamz.com: 18/20
NieR: Automata était incroyable sur PlayStation 4, et la Xbox One X lui offre enfin l’écrin visuel qui lui manquait chez Sony pour enfin sortir son plein potentiel graphique, soulignant avec brio un récit marquant sur tous les points pour un titre que tout bon fan Xbox se doit de posséder dans sa ludothèque tant les softs made in Japan sont rares chez le constructeur américain. Espérons que ce jeu ne soit que le premier d’une longue série de softs à venir du Pays du Soleil Levant!