Review

Outre un simple moyen de divertissement, le jeu vidéo est également un bel outil d’apprentissage lorsque certains développeurs s’y mettent sérieusement, pour preuves les nombreux softs ludo-éducatifs de qualité fortement variable qui sortent chaque année. Il serait malheureux cependant de limiter cette facette du monde vidéoludique aux enfants auxquels ces titres sont généralement destinés. Ainsi, Never Alone choisit de se présenter comme un véritable outil pédagogique doublé d’un vrai jeu de plates-formes coopératif. Une bonne idée manette en mains ?

What does the fox say ?

La narration prend la forme de séquences animées efficaces pour un dépaysement garanti

À travers son premier jeu, le studio Upper One Games vous invite à vous lancer à la découverte du folklore des Iñupiat, peuplade d’Alaska dont certains membres ont directement contribué à la conception de ce Never Alone. Le jeu conte les aventures, inspirées d’une légende locale, d’une petite fille nommée Nuna qui, isolée  du reste de sa tribu, va se lier d’amitié avec un mystérieux renard des neiges. Ensemble, ils vont devoir affronter de nombreux dangers afin de remonter jusqu’à un terrifiant personnage et la source d’un blizzard dévastateur…

Pouvant se pratiquer en solo comme en coopératif, Never Alone joue la carte du platformer « à ambiance » et n’est pas sans rappeler, à de (trop) nombreux égards, le fameux Limbo sorti voici quelques années. Fidèle à l’optique d’apprentissage promu par ses géniteurs, les aventures du duo seront l’occasion de débloquer un paquet de séquences vidéo, intéressantes et d’une durée idéale pour ne pas perdre l’attention des plus dissipés, illustrant différentes facettes de la culture Iñupiat représentées d’une manière ou d’une autre au sein même du jeu. Mais que vaut donc la dimension ludique, qui nous préoccupe ici ?

Ne regardez pas le renard qui (tré)passe

Un binôme attachant pour un gameplay trop classique hélas

Classique de chez classique, le gameplay se compose d’obstacles à éviter, de coopération sommaire utilisant les capacités de chaque personnage (le renard, par exemple, peut escalader les murs et faire apparaître des esprits sur lesquels grimper) et de puzzles généralement assez simplistes. Ne disposant au départ que de simples déplacements, Nuna finira par hériter de Bolas, des projectiles magiques pouvant enclencher des mécanismes et briser des murs de glace, entre autres utilisations. Pas de quoi renouveler des énigmes qui ne poseront probablement de difficultés qu’aux très jeunes joueurs. Ce ne serait pas problématique si les deux héros répondaient au doigt et à l’œil, mais malheureusement, la jouabilité se montre plutôt rigide.

Par ailleurs, on conseillera vivement la coopération avec un autre joueur humain, étant donné qu’en solo, les réactions de l’IA provoquent un certain nombre de morts inévitables (heureusement compensées par la présence de nombreux checkpoints et d’un retour instantané avant l’échec) lorsque le personnage qu’elle contrôle décide soudainement de s’agiter alors qu’on aurait voulu qu’il reste sagement en place. À force, on passe plus de temps à recadrer soi-même son compagnon qu’à réellement s’amuser. Et il est bien là, le problème : aussi attachant soit-il, et sans être d’un ennui mortel, Never Alone provoque très peu de plaisir le pad entre les mains. Même dans le dernier tiers du jeu, où le gameplay change radicalement la donne (on évitera les détails pour éviter tout spoiler), le fun reste globalement absent, et on finit par le terminer (en quatre petites heures seulement) en pilotage automatique, sans aucune passion.

Limbeau

La direction artistique est une vraie réussite… mais pas le moteur de jeu!

Et pourtant, malgré un moteur loin d’être à la pointe, la partie visuelle de Never Alone dégage un véritable charme qui donne envie de s’aventurer toujours plus loin sur ses terres peu hospitalières, malgré la grande banalité des mécaniques de jeu.

La narration, à base de scènes animées et déclamées en dialecte local sous-titré en français, nous immerge un peu plus dans cet univers probablement inconnu à de nombreux joueurs. La bande-son, de manière globale, est parfaitement dans le ton, du bruit des bourrasques de vent aux exclamations des personnages. Si seulement le fond avait été à la haute de la forme…

Never Alone, ou quand le joueur reste de glace

Never Alone est typiquement le genre de softs qu’on déteste enfoncer. Malheureusement, il a beau être doté d’une ambiance visuelle et sonore soignée et nourri d’excellentes intentions prenant la forme de séquences documentaires vraiment intéressantes, le bébé de Upper One Games oublie malheureusement d’être un vrai bon jeu avant tout.

Le Vidéo-Test par Neoanderson

Réalisation: 14/20

Le moteur du jeu ne fait pas d’étincelles, mais le soin apporté au design et à l’ambiance, notamment au travers de quelques séquences animées, rattrape un peu les carences techniques. Rien à redire en revanche en ce qui concerne les documents vidéo, à la qualité irréprochable.

Gameplay/Scénario: 12/20

Très similaire à Limbo dans son gameplay, Never Alone tente peu de choses pour se démarquer et finit par laisser le gamer indifférent, malgré un dernier tiers chamboulant la façon de jouer. Les errements au niveau de l’IA en solo auront sans doute raison de la patience d’un certain nombre de joueurs, qui seraient avisés de tenter l’aventure en coopération avec un(e) ami(e). L’histoire, simpliste, se laisse néanmoins suivre sans déplaisir grâce à une mise en scène soignée et un vrai travail sur l’ambiance.

Bande-Son: 15/20

La narration en langage Iñupiat fait son petit effet et l’ambiance sonore est aussi soignée que l’enrobage visuel, contribuant à compenser un minimum la banalité du gameplay.

Durée de vie: 11/20

Trois à quatre petites heures, nombreuses morts y compris, seront nécessaires pour mener Nuna et son petit compagnon à destination. Dommage que le jeu ne comprenne que peu de séquences réellement marquantes sur sa courte durée, et qu’il y ait donc très peu de chance que vous ayez envie d’y retourner.

Note Globale N-Gamz.com: 12/20

Loin d’être une œuvre à mépriser, Never Alone est un concentré de bonne volonté qui ne pourra hélas compter que sur son ambiance réussie et sur son aspect pédagogique pour convaincre, ce qui ne sera pas chose aisée au vu du peu de plaisir dégagé en y jouant. Étant données les qualités certaines en termes de narration et d’atmosphère, on reste tout de même curieux de voir ce que nous proposeront les gens de Upper One Games à l’avenir.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !