Review
Je me disais que ça faisait un moment que je n’avais pas eu dans les mains un jeu d’horreur, et puis d’un coup je vois un certain Martha is Dead apparaître sur les listings de sortie à la rédac ! Alors forcément, j’me dis que ça colle, que c’est un signe du destin presque ! Du cou^, après nous avoir emmenés faire de l’urbex dans un « lieu de repos pour femme » dans leur The Town of Light (en test ici) qui, malgré de bonnes idées, retombait un peu comme un soufflé sorti trop tôt du four, le studio italien LKA nous revient avec un soft au titre plutôt clair et limpide comme de l’eau de roche. L’essai se transformera t’il cette fois-ci ? La réponse dans notre test.
Avant de commencer ce test, je vais y mettre un petit avertissement de rien du tout : si vous êtes du genre sensible… FUYEZ PAUVRE FOU ! Le jeu possède d’ailleurs un message d’avertissement assez costaud en début d’aventure afin de prévenir qu’il peut en effet choquer. Il est d’ailleurs possible d’accéder au soft dans une version où les scènes les plus marquantes sont censurées. Véritable signal d’alarme, je pensais que c’était histoire de nous plonger dans l’ambiance plus qu’autre chose, mais NON, le titre peu vraiment perturber tant il donne dans le graphique et le malaise autour de ses thématiques sombres et oppressantes. Donc vraiment, si vous ne vous sentez pas de vous lancez dans l’aventure, ne sautez pas le pas.
Mais elle est vraiment dead en fait…
Nous allons être aux commandes, en vue à la première personne, de Giulia. Jeune fille dans la fleur de l’âge, elle va vivre des évènements assez peu sympathiques. Le titre démarre avec les souvenirs de Giulia qui va nous emmener dans sa chute. Elle et sa jumelle sont les filles d’un haut gradé nazi, pendant la seconde guerre mondiale. Elles vivent à « l’abri » du conflit loin de l’Allemagne, sur les terres italiennes. Leurs vies presque paisibles vont prendre un tournant dramatique dès les premiers instants en jeu.
Ainsi, alors qu’elle prépare son appareil photo, Giulia remarque un corps qui semble flotter sur le lac. Au fur et à mesure qu’elle s’en approche, elle finit par réaliser… que c’est sa sœur Martha qui git dans les eaux froides ! Sourde et muette, elle était la préférée de leur mère, elle semblait ravir le monde de sa présence, et c’est ainsi que Giulia va prendre la place, consciemment ou inconsciemment, de sa frangine fraîchement décédée.
Quand on dit qu’elle va lui voler son identité, c’est peu de le dire ! C’est ainsi que l’on va se retrouver confronté à la première scène graphique du soft : elle va juste se faire un masque avec le visage de sa sœur lors d’un songe, sorte de métaphore onirique des évènements, image mentale qui… marque clairement l’esprit. Et si déjà cette idée vous retourne un poil le bide, dite vous que ce n’est que le début des emmerdes… Car plus le soft avance dans son scénario tortueux et malsain, plus l’on est poussé à commettre abjection sur abjection.
Mais n’allez pas croire que Martha is Dead est un genre de Hostel du jeu vidéo ! Il n’en est rien. Ici le graphique sert au scénario, sert à cette chute dans l’abominable, dans la psyché déjà fragile de Giulia. C’est finement mené et c’est d’une intelligence délicieuse. The Town of Light avait déjà cette approche de vouloir pousser le joueur à réfléchir, à ressentir, et si dans le premier titre de LKA ça retombait rapidement, ici notre cerveau et nos sentiments bouillonnent durant les quasi sept heures que dure votre aventure.
Entre balade de santé et oppression angoissante…
Notre Giulia va donc chercher à comprendre comment est morte sa sœur, tout en devant s’approprier la vie de cette dernière. Et notre périple vivement déconseillé aux âmes sensibles va nous mener dans des phases d’exploration dirigées façon walking sim. Ces phases sont toujours d’une durée de vie courte afin de ne pas nous lasser et de nous faire enchaîner les événements qui s’articulent entre des cinématiques bien plus dynamiques que celles de The Town of Light. Véritables cut-scenes ici, on prend le temps de poser la manette et de se décrocher la mâchoire ou froncer méchamment les sourcils tout en affichant un dégout certain pour ce qu’on a sous les yeux. Oui, Martha is dead se vit aussi bien mentalement que physiquement derrière notre écran.
Ces séquences alternent entre la chaleur des paysages d’une campagne toscane douce et calme, loin des affres de la guerre dont on captera les événements par le biais des messages radios que reçoit le père de Giulia. Afin de donner encore plus une impression de calme et de sérénité dans les premiers instants du jeu, on nous propose de mettre la main sur l’appareil photo que chérit tant notre chère jumelle qui n’en est pourtant plus une.
Les photos nous permettront d’en apprendre plus, de plonger plus profondément dans la psyché de Giulia mais le véritable point positif du gameplay réside dans la chambre noire qui est au sous sol et qui nous permettra de développer nous même nos photos. Attention, cette mécanique de jeu devient vite addictive. Tout est habillement ficelé et l’on se sent bien plus en immersion dans le soft grâce à ces phases où l’on mène la danse. De plus, le titre nous propose des choix moraux pour nous tirer du récit qu’il nous conte afin de nous faire prendre part toujours plus aux événements marquants, nous sortant de notre rôle de spectateur pour nos coller sur la scène.
Sublimé par une réalisation vraiment belle, une ambiance maîtrisée qui est capable de changer d’une minute à l’autre et une bande-son réaliste, Martha is Dead a tout du grand thriller psychologique horrifique ! Il ne pourra pas laisser indifférent ni dans sa conception, ni dans sa scénarisation. Du beau boulot qui marque l’esprit même longtemps après avoir posé la manette.
Martha is Dead : Trailer
Note N-Gamz.com: 16/20
Martha is dead est un thriller horrifique qui nous emmène dans les recoins les plus sombres de la psyché humaine. Ce n’est pas un déchainement d’horreur, de sang, de gore, ou de jump scare juste là pour faire le taf. Non, ici tout est mêlé aux fils de la narration, des avancées de Giulia dans ses souvenirs, dans cette tentative de sortir de son labyrinthe mental. C’est habile et ça fonctionne de la première à la dernière minute. Il faut reconnaître que le titre est de très belle facture dans tous ces aspects et qu’il y à peu à redire, si ce n’est que la fin semble arriver trop vite alors que l’on aurait apprécier un développement plus poussé de cette folie douce amère qui nous envahit. LKA a visiblement conservé son idée principale de nous faire réfléchir tout en nous faisant frémir mais loin des points noirs de The Town of Light. Martha is Dead marque clairement un tournant pour le studio en nous proposant un jeu qui va forcément marquer les mémoires. Il ne parlera sans doute pas à tous les joueurs de la même façon, il ne prendra pas forcément tout le monde aux trippes, mais il ne peut pas laisser indifférent. Une belle prouesse de ces développeurs italiens dont on espère voir d’autres merveilles du même acabit dans le futur.