Review
Trois ans après un « La Terre du Milieu: L’Ombre du Mordor » qui avait su mixer avec un certain talent l’univers imaginé par l’incroyable J.R.R. Tolkien et les mécaniques d’un titre Open World à la Assassin’s Creed, Monolith a décidé de sublimer sa recette avec un « L’Ombre de la Guerre » qui veut offrir aux fans du premier volet un contenu bien plus conséquent, un univers encore plus travaillé, une conclusion épique et surtout un mode Némésis revu et corrigé! De quoi replonger avec ferveur dans cette préquelle du Seigneur des Anneaux? Oh que oui!
La conclusion approche…
En 2014, Shadow of Mordor avait surpris tout le monde en proposant un jeu d’Action-Aventure Open World convaincant, offrant une histoire totalement originale s’inscrivant dans l’univers des mythiques Seigneur des Anneaux et Bilbo le Hobbit. Un trip en plein coeur du Mordor qui nous mettait aux commandes Talion, Rôdeur du Gondor qui venait de passer de vie à trépas après avoir assisté au meurtre atroce de sa femme et de son fils. Piégé dans un purgatoire sans fin à cause de son désir de vengeance, notre héros va y rencontrer Célébrimbor, le forgeron elfe qui a créé… les anneaux de pouvoirs! Animé par un sentiment identique de revanche, les deux êtres que tout oppose vont s’allier pour abattre celui qui symbolise leur malédiction: Sauron! Et comment battre le porteur du plus grand anneau du pouvoir si ce n’est… en retournant ses sbires contre lui grâce à un anneau encore plus puissant!
On retrouve donc avec un certain plaisir notre Talion et l’âme de Célébrimbor qui l’habite, alors qu’ils viennent de terminer la conception d’un anneau surpuissant au coeur de la Montagne du Destin. Gros souci, l’âme de notre elfe est faite prisonnière par Arachne, qui a pris forme humaine (et quelle forme! Sexy à souhait) et ne désire qu’une chose: que Talion lui remette le nouvel anneau pour se protéger de Sauron. De fil en aiguille, la « Veuve Noire » va comprendre que son intérêt n’est pas là, et qu’il vaut mieux aider notre duo dans son ultime mission: créer une armée entière d’Orcs envoûtés pour renverser, une à une, toutes les forteresses du Seigneur du Mal avant… de le tuer! Vous l’aurez compris, si certains fans crieront au scandale quant aux libertés prises par les développeurs avec l’oeuvre originelle, pour nous l’esprit est bien présent: du grand Tolkien, comme si vous y étiez!
On ne s’est pas déjà vu quelque part?
Soyons honnêtes, niveau gameplay, le premier acte du soft pourra vous laisser un gros air de déjà vu si vous avez déjà fini le premier opus (tours pour repérer les environs, escalades de structures, stealth kills, …). On y découvre néanmoins quelques grosses nouveautés très jouissives comme un système de loot bien pensé qui permet d’équiper et d’améliorer vos armes et pièces d’équipement, ainsi que six arbres de compétences bourrés à craquer de pouvoirs en tous genres.
Cependant, passé ce que l’on pourrait considérer au final comme un énorme tutorial et une fois votre anneau de pouvoir récupéré… c’est littéralement le pied! C’est bien simple, à nos yeux, ce Shadow of War représente ni plus ni moins que le meilleur Open World de sa génération! Complet en diable, le titre vous offre une kyrielle de collectibles à récupérer, de missions annexes à terminer et de zones de jeu à explorer dans une bonne partie de la Terre du Milieu, et plus seulement au Mordor! La variété est donc au rendez-vous, tout comme les techniques d’approches proposées par les développeurs au sein d’énormes espaces que l’on parcourt sans aucun temps de chargement et avec une distance d’affichage qui justifie l’adage « si tu le vois sur ton écran, alors tu peux l’atteindre ».
Nemesis et Assauts de Forteresse: le mix gagnant!
Le must, c’est que les développeurs ne se sont pas arrêtés là puisqu’ils ont poussé à son paroxysme le fameux Nemesis System du premier, qui vous permettait de convaincre et faire combattre à vos côtés vos pires ennemis, tout comme ces derniers se souvenaient de vous si vous les aviez occis et que Sauron les ramenait à la vie. Et bien cette fois, le tout est couplé à un système de prise de forteresse aussi dingue que chronophage et brillamment mis en scène! Vous devrez donc vous balader dans chaque territoire emblématique de la Terre du Milieu capturé par le Seigneur du Mal pour y trouver des orcs « indics » que vous pourrez menacer afin d’apprendre les forces et les faiblesses de chaque sous-général de la forteresse du coin. Le but? Les battre pour les enrôler et leur donner des ordres pouvant aller de l’attaque d’un autre sous-général (via des guet-appens) au level up dans une arène, en passant par notre préfré: l’assassinat du bras droit du boss de forteresse par l’un de ses hommes de main que vous aurez préalablement soumis à votre volonté!
Promis, une fois que vous commencez à vous lancer avec ferveur dans ces notions de stratégie, vous risquez d’abandonner toute vie sociale tant le résultat peut s’avérer immersif au possible. En effet, chaque chef orc dispose d’une tribu, d’un « petit nom doux », de caractéristique propres et même d’un semblant de personnalité à votre égard grâce au Nemesis System, lequel pourra d’ailleurs parfois les pousser à vous courser sur toute la Terre du Milieu pour vous faire la peau! Bien entendu, le point d’orgue de tout cela, c’est l’assaut de la Forteresse ennemie, qui est d’ailleurs précédé d’une tirade propre à chaque boss tandis que vous haranguez vos troupes à la façon d’un Braveheart avant un lâcher d’armées totalement fou! Et là autant dire que le fan sera servi avec des combats de masse aussi dantesques que dans les romans ou les films, voyant s’affronter des dizaines d’unités tandis que les dragons crachent des flammes sur vos forces, les boulets catapultés vous frôlent et les ennemis déferlent sur vous comme un tsunami de bestialité pure. C’est d’ailleurs là l’un des seuls gros bémols du titre avec son gigantisme qui pourra en effrayer plus d’un (et un système de micropaiements pour recruter de nouveaux généraux, mais c’est anecdotique): le boxon total des affrontements!
En effet, les contrôles de Talion sont issus d’un précédent volet qui avait plagié allègrement les rixes de Batman Arkham, avec bouton de contre et lock vers l’ennemi qui vous fait face. Un système qui a fait ses preuves et s’avère nerveusement bon quand vous êtes à 1 contre 5… mais pas à 1 contre 100! Dans ces conditions, rien que cibler l’un des généraux adverse au beau milieu de la mêlée pour le faire passer dans votre camp ou prendre son point de contrôle relève parfois de la gageure et entraîne une certaine frustration, vous faisant du coup renoncer au corps à corps pour abattre votre cible à distance… si elle n’est pas insensible aux flèches! La meilleure option reste alors le leveling pur et dur pour surpasser de loin les chefs de guerre les plus proches du boss de forteresse, tout en recrutant au passage d’autres acolytes de niveaux supérieurs. Un petit écueil, mais très loin de venir entacher l’aura assez incroyable du titre pour tous les amoureux de Dark Fantasy à tendance blockbuster!
La Terre du Milieu comme si vous y étiez
Visuellement, L’Ombre de la Guerre utilise un moteur maison, le même que pour le premier volet, dans une version boostée permettant d’afficher bien plus d’éléments. D’ailleurs la version PlayStation 4 Pro permet de choisir entre un mode qui privilégie la résolution ou le niveau du détail, et nul doute que l’opus Xbox One X sera encore plus impressionnant. Ajoutez à cela un design artistique très réussi qui nous fait découvrir des décors d’une grande variété, un framerate plutôt costaud, des effets de lumière et de particules maîtrisés, une végétation dense et une mise en scène convaincante, et vous comprendrez que le voyage promis est bel et bien là. Dommage donc que la modélisation faciale fasse parfois un peu cheap et que le titre incorpore une belle brochette de bugs de collision et une caméra un peu capricieuse.
Niveau bande-son, les musiques sont sublimes, les bruitages envoient du lourd notamment lors des assauts de forteresse, la dualité Talion-Celebrimbor se ressent sans problème dans les dialogues totalement en français et Arachne est flippante et manipulatrice comme il faut. Mais là encore, on pestera contre des doubleurs d’orcs un peu en retrait par rapport à leurs homologues anglais, et au fait qu’il soit impossible de zapper les phrases balancées par un chef de guerre ennemi quand on en croise un sur la map. Ces petits monologues sont en effet très sympas au départ, mais quand vous êtes en plein rush et que vous tombez sur trois de ces ennemis d’un coup… vous pouvez lâcher la manette et vous prendre un café: ça casse le rythme.
Une suite d’une incroyable richesse pour une fin à ne pas rater
S’il souffre encore de quelques errances et pourra apeurer certains gamers par la foule astronomique de choses à faire et de mécaniques de gameplay à assimiler, L’Ombre de la Guerre est au final une suite digne de ce nom qui améliore en tous points la recette de son aîné, tout en offrant un écrin de choix pour un système Nemesis qui avait du mal à se positionner dans le premier opus. Ici, couplé avec l’assaut épique des forteresses, vous aurez vraiment l’impression de prendre part aux plus grandes batailles de la trilogie cinématographique de Peter Jackson tout en passant des heures à préparer votre affrontement par le biais d’un Open World travaillé à souhait et immersif comme il faut. Avouez que ça n’a pas de prix!
Le Test Vidéo par Neoanderson
Réalisation: 17,5/20
Le moteur maison de Monolith fait des merveilles en termes d’effets de lumière, de distance d’affichage et de framerate constant, nous offrant une Terre du Milieu crédible et variée jouissant d’une direction artistique de haute volée et d’une mise en scène qui vous plongera au coeur des batailles. Par contre, la modélisation des visages un peu faiblarde et la foultitude de bugs de collision, couplés à une caméra un peu capricieuse en affrontement, auront le don de vous sortir du trip.
Gameplay/Scénario: 18/20
On sait: les fans hardcore n’aiment pas le scénario imaginé par Monolith car ils estiment qu’un personnage aussi puissant que Talion n’a pas sa place dans l’oeuvre de Tolkien, tout comme ils ont eu du mal à avaler le fait qu’Arachne puisse se changer en sublime jeune femme… mais franchement, il faut parfois jouer le jeu de l’adaptation vidéoludique et celle-ci s’avère très intéressante, nous narrant le récit d’un duo atypique dont on sait qu’il va mener une guerre perdue d’avance car elle ne trouvera sa conclusion qu’au Retour du Roi. Le gameplay, quant à lui, pourra faire fuir certains joueurs par la foule de choses à faire et à assimiler, mais le Nemesis System trouve ici de quoi pleinement nous montrer ce qu’il a dans le ventre, en s’associant avec des assauts de forteresse certes un peu fouillis, mais bigrement jouissifs. De plus, le titre perd son côté Action-Aventure pour lorgner un peu plus vers l’Action-RPG, notamment via un système de loot très sympathique et à des arbres de compétence ultra fournis. Du bon boulot.
Bande-Son: 16/20
Si les musiques sont épiques à souhait, le jeu d’acteur de Talion et Célébrimbor de haute volée, et que les bruitages vous emmènent droit en Terre du Milieu, les doublages secondaires français sont moins en verve que dans la version anglaise, et on pestera même parfois contre le fait de ne pas pouvoir les zapper.
Durée de vie: 19/20
Si vous n’êtes pas apeuré par la quantité astronomique de choses à faire et que vous savez gérer le côté répétitif en variant les quêtes annexes, ce Shadow of War vous en donnera littéralement pour des dizaines d’heures de jeu!
Note Globale N-Gamz.com: 17,5/20
L’Ombre de la Guerre est le digne successeur de son aîné mais se paie en plus le luxe de nous livrer un gameplay bien plus complet et complexe, une aventure encore plus intéressante, un moteur de jeu qui tient la route et des assauts de forteresse qui offrent un excellent terrain d’expérimentation pour le fameux Nemesis System. Un titre à ne pas manquer si vous avez aimé le premier, et surtout une conclusion épique à l’histoire de Talion le Rôdeur et Célébrimbor le Forgeron des Anneaux de Pouvoir!