Review
Quel glouton, ce Kirby ! Jamais rassasiée, la petite boule rose vorace avale tout sur son passage depuis plus de 25 ans dans une multitude de genres (de la plateforme évidemment, mais aussi de la course en passant par du flipper et du mini-golf (!)) et son appétit semble ne pas vouloir connaître de limite. Après une première incursion sur 3DS chaleureusement accueillie, la voici qui rempile pour une deuxième aventure plateformesque en relief. L’indigestion est-elle à craindre ?
Kirby, gâteaux, Mr Roboto
Ce bon vieux Kirby n’aura donc jamais la paix: cette fois, ce sont de vilains envahisseurs robotiques qui ont décidé de troubler la quiétude du Pays des Rêves, menés par le terrible président Haltman et son assistante Susie, toute mimi mais redoutable. L’aspirateur sur pattes devra donc traverser huit mondes et combattre de nombreux ennemis féroces, dont certains lui procureront des pouvoirs dévastateurs.
On connaît la formule par cœur, et ce n’est pas avec ce Kirby: Planet Robobot que HAL Laboratory compte la bouleverser. S’agit-il pour autant d’un défaut ? Coupons le suspense immédiatement: oh que non !
Obsédé du cube
Pourquoi changer ce qui fonctionne à merveille ? Avec Kirby: Triple Deluxe, la boule rose avait déjà réalisé un excellent atterrissage sur la portable de Nintendo. Reprenant le même moteur graphique que son aîné, ce nouvel opus a néanmoins de beaux arguments pour sortir son épingle du jeu et faire office d’épisode de référence sur la console. En plus de voler les pouvoirs de ses adversaires (ou de s’en procurer en connectant un amiibo), Kirby pourra pour la première fois s’installer dans un mecha destructeur qui lui permettra de (presque) tout détruire sur son passage, tout en récupérant une fois encore les capacités des pauvres bougres qui croiseront sa route. Plus qu’un simple gimmick, ces phases à dos de robot procurent un réel plaisir et donnent une dimension inédite aux aventures du petit glouton; l’enchaînement de ces séquences avec le gameplay classique de la série se faisant tout naturellement et ajoutant une dose supplémentaire de dynamisme à un jeu qui en avait de toute façon à revendre.
Pour accéder au boss de chaque zone, Kirby devra récolter des cubes de donnée (généralement trois par niveau), l’occasion pour les développeurs d’encourager l’exploration et la jugeote, la récolte de ces cubes étant souvent prétexte à de petites énigmes pas bien compliquées mais ingénieuses. Qu’il nous fasse contrôler simultanément notre héros et un petit robot se baladant en arrière-plan ou mémoriser un parcours à franchir dans un ordre spécifique, le jeu ne manque pas d’idées pour nous pousser à réfléchir un minimum et sortir le temps d’un instant du déroulement classique des niveaux. Le nombre de ces items requis pour débloquer l’accès à chaque chef de zone étant réduit, cette barrière ne sera jamais un obstacle, à moins de foncer droit devant soi sans prendre le temps d’apprécier réellement l’excellent level design, ce qui serait manquer tout l’intérêt du soft. Sachant que récolter tous les cubes d’un même monde permettra d’y découvrir un niveau inédit, cette recherche se montre donc à la fois stimulante et bien pensée, à mille lieues d’un quelconque remplissage.
Boss démat’
Si, à l’image du soft (et de la série) dans son ensemble, les affrontements de boss offrent un challenge plutôt faible, surtout si on abuse des pouvoirs à disposition, ces combats sont néanmoins à l’image du jeu dans son entièreté: d’une efficacité et d’une qualité exemplaires. Si on se refusera bien de trop en dévoiler à ce sujet, on ne pourra passer sous silence l’hallucinant dernier stage, long enchaînement de duels épiques (si si) d’une intensité jamais vue dans la franchise. Du grand HAL, du grand art.
Bien que l’aventure principale ne vous occupera pas bien longtemps en ligne droite (mais l’intérêt est ailleurs, comme dit plus haut), le soft ne vous lâchera pas pour autant une fois celle-ci terminée. En plus de la quête des nombreux stickers disséminés un peu partout pour personnaliser votre mecha, deux mini-jeux vous sont proposés, sans avoir besoin d’être débloqués au préalable, et proposent tous deux une expérience de qualité, quoique limitée.
« Les défis 3D de Kirby » propulse Kirby dans des arènes en vue du dessus où il devra aspirer ses ennemis et les projeter sur ses congénères dans le but d’effectuer le plus gros combo possible en un minimum de temps, jusqu’à un boss de fin de stage. Rigolo et rythmé, mais trop chiche en contenu pour occuper sur la durée.
Le second, « L’Attaque des Kirby », voit une troupe de Kirby de différentes couleurs s’unir contre des boss de plus en plus puissants; ce mini-jeu se la joue RPG en proposant quatre classes complémentaires et des statistiques augmentant à chaque montée de niveau. Praticable autant en solo qu’en multijoueur avec une seule cartouche, L’Attaque des Kirby offre un chaos jouissif à l’écran et est un complément hautement recommandable à l’aventure principale, en proposant un challenge un peu plus costaud.
Finir le jeu donnera également accès à un mode Arène où vous pourrez combattre chaque boss l’un après l’autre et, plus intéressant, au « Retour de Meta Knight », qui enverra l’acolyte masqué de Kirby à l’assaut de différents arrangements de niveaux (sans carte du monde cette fois) et de nouvelles versions des boss et mini-boss rencontrés par Kirby. Un mode pensé pour le speed run, Meta Knight étant particulièrement redoutable, qui est une excellente façon de revisiter le soft. Tout juste regrettera-t-on l’absence de classements en ligne; les seuls classements présents fonctionnant via Street Pass.
Mecha, c’est plus fort que toi
Non seulement HAL Laboratory a mis le paquet au niveau du gameplay mais s’est également payé le luxe d’exploiter au maximum les capacités 3D de la portable de Nintendo, là où la plupart des développeurs se contentent désormais du minimum syndical. En plus d’être très joli à l’oeil, le soft joue habilement avec les effets de profondeur, la plupart des niveaux se déroulant sur deux axes, le petit héros pouvant régulièrement passer de l’un à l’autre, l’occasion encore une fois pour les développeurs de donner une vraie leçon de level design. Il faudra tout de même composer avec un certain nombre de saccades, surtout avec la 3D montée à fond, mais rien de vraiment fâcheux.
Les oreilles averties retrouveront avec plaisir les bruitages typiques de la série ainsi que certains thèmes bien connus, mélangés à de nouvelles compositions qui ne déméritent pas, bien au contraire. C’est rythmé, ça met de bonne humeur, ça reste en tête; bref, le contrat est là aussi entièrement rempli.
Vous l’aurez compris, ce Kirby: Planet Robobot est un épisode de choix pour tout fan de plateforme qui se respecte, riche en contenu et au final haletant qui vaut presque l’investissement à lui seul. Gourmand, le Kirby, mais surtout généreux.
La Bande-Annonce
Réalisation: 15/20
Utilisant le moteur graphique de l’épisode précédent, le jeu est joli, adorable, coloré et utilise à merveille la 3D stéréoscopique. Dommage que des saccades viennent de temps en temps gâcher le plaisir visuel.
Gameplay/Scénario: 16/20
Le gros du gameplay est connu, c’est du Kirby comme on l’aime. L’ajout du mecha est cependant loin d’être accessoire et ajoute de vraies qualités à cet épisode. Le scénario est convenu mais efficacement mis en scène, le jeu se payant même le luxe de quelques dialogues mettant en lumière les motivations des grands méchants de l’histoire, plutôt attachants eux aussi.
Bande-Son: 15/20
Les thèmes bien connus des fans côtoient des compositions originales qui ne déméritent pas, et les bruitages caractéristiques de la série répondent présents, pour un résultat entraînant et guilleret.
Durée de vie: 14/20
On en a l’habitude, l’aventure principale n’est ni longue, ni ardue; mais en y ajoutant la collecte des cubes de donnée et les modes annexes, il y a largement de quoi s’occuper avec ce bon vieux Kirby.
Note Globale N-Gamz.com: 16/20
Kirby: Planet Robobot est à la fois un excellent représentant de la franchise, un formidable jeu de plateforme et un vrai déclencheur de bonne humeur. Que demander de plus ?