Review
La nostalgie des années 80 a le vent en poupe en ce moment, notamment grâce à l’incroyable série Netflix « Stranger Things ». Alors forcément, quand un certain Generation Zero nous sort un concept basé sur une Suède ambiancée guerre froide, sur fond de méchas agressifs, de coup de fusils à pompe en coop, de synthwave et d’ados 80’s, autant dire qu’on a été violemment hypé à la rédac’! Développé en prime par un grand nom du jeu vidéo, Avalanche Studio (Just Cause), on ne pouvait s’attendre qu’à un soft plus que sympathique et immersif. Et pourtant, sorti le 26 mars dernier, ce Generation Zero ne tient clairement pas toutes ses promesses, loin de là!
La hype est présente !
Amoureuse du boulot de Simon Stålenhag, un artiste suédois au genre unique et qui notamment derrière l’excellentissime jeu de rôle « Tales from the Loop » (rôlistes, filez check un œil!), j’avoue être tombée dans le piège visuel de Generation Zero. Au point même que je croyais ce cher Simon nommé à la direction artistique du soft d’Avalanche Studios… avant de découvrir une fumante histoire de pompage de la part des devs. Je voulais donc simplement, à ma façon, rendre hommage à celui qui a très certainement donné l’inspiration du soft que nous allons disséquer aujourd’hui, mais passons donc ce détail « limite »plagiaire et plongeons-nous dans le jeu à proprement parler.
Nous commençons notre aventure par un écran noir sur lequel s’affiche un texte censé poser les bases du monde dans lequel nous allons évoluer : nous incarnons un(e) jeune ado dont on doit choisir un look parmi les plus clichés du genre : nerd, punk, sportif ou encore nana ultra populaire. Notre quidam qui vit dans un pays qui a décidé d’ultra militariser mécaniquement son territoire et de tout miser sur sa défense contre l’envahisseur soviétique. C’est là que vous, parti gentiment faire une promenade en bateau (seul ou accompagné jusqu’à 4 joueurs), vous faites prendre pour cible par un ennemi invisible. C’est donc tout mouillé que vous regagnez la terre ferme… et le cauchemar commence!
Honey, I’m homeeeee !
Une fois sur place, on prend vite conscience qu’il n’y a pas un seul pèlerin dans le secteur ! Entre voitures laissées à l’abandon, maison vidées de tout habitant, traces de sang à gogo et marques de départ à la va-vite… l’ambiance est pesante. Visiblement, façon Terminator, la machine a décidé de se rebeller et à défaut de protéger le pays, a choisi d’en exterminer ses habitants. Ceci n’est qu’une des suppositions qui vont venir se heurter dans votre tête, car pour découvrir la vérité, il va falloir traverser le pays et ses environnements apocalyptiques.
Alors ça, c’est plus ou moins ce qu’on ressent pendant les deux premières heures de jeu, là où on est à fond dans le soft, un poil tendu, la peur au ventre de tomber nez à nez avec des monstres mécaniques. Mais plus on s’enfonce dans l’aventure proposée par Generation Zero, plus…. et bien… on se fait chier en fait! Et oui: si les trailers nous promettaient des combats misant sur la stratégie, sur l’usage de stratagèmes à base de fumigènes, de discrétion et de réflexion… en réalité on va très vite se rendre compte qu’il n’y a rien de plus efficace que la bonne vieille méthode bourrine!
A ce constat accablant s’ajoute le fait que pour un soft où la survie devait être au centre de tout, la profusion de cartouches et une mort absolument pas punitive transforment le titre en un genre de « Dora l’exploratrice poutre du robot dans une Suède vide » (Michael Bay, tient-toi prêt: j’arrive avec un scénario qui va faire de l’ombre à ton film). L’I.A. de nos ennemis métallique est bête comme ses pieds, ce qui, malgré des effets physiques ultra léchés sur nos armes à feu, vire toute impression d’épique.
On ne reste jamais sur un première impression…
Et pourtant, qu’elle était bonne cette première impression! L’environnement s’avère magnifique, les textures propres, l’ambiance dark à souhait, les cycles jour/nuit et la météo nous en mettent plein la vue… Bref, le bonheur ! Puis, on se promène un peu et là, c’est le drame: c’est horriblement vide, ce qui nous permet rapidement de constater que tout est calqué sur le même modèle. Les mêmes maisons, les mêmes bâtiments publics, etc… A croire que les développeurs se sont lancés dans une tâche qui les a clairement dépassés en cours de route, et c’est rageant car le principe aurait pu être franchement fabuleux (en omettant l’esthétique et l’univers totalement plagiés hein…).
Si on ajoute à ça l’errance en mode : allons du point A au point B après lecture d’une lettre, dans le pur style Fallout 76, autant dire qu’on n’a plus envie de se promener dans cette répétition (même pas déguisée) de villages parfois complets. Sinon, je vous ai dit que vous devriez traverser le pays ? Alors forcément, vous vous imaginez que vous allez pouvoir emprunter la première voiture venue ou fantasmez sur une moto old school histoire de pouvoir vous la péter au volant de votre bolide dans la beauté des forêts suédoises. Ahah ! Et bien non! Vous allez devoir tout vous coltiner… à pied ! Et si le délire promenade contemplative aurait pu fonctionner dans un univers qui donne envie de profiter du panorama… ici ce n’est clairement pas le cas.
Plus on avance…moins ça va…
J’ai déjà abordé la question de l’IA ennemie complètement à la ramasse, mais revenons un peu sur le gameplay. S’il le titre se prend en main facilement, il faut être clairement masochiste pour avoir envie de s’acharner dans l’aventure de Generation Zero! Je m’explique simplement: tout respawn à tout va! En effet, vous allez vous enquiquiner à nettoyer une zone, et s’il faut y repasser… tous les ennemis seront de retour. Cela pourrait être frustrant si vos adversaires avaient une lueur d’intelligence afin de vous coller un peu de challenge dans la vue, mais entre leur rayon de détection totalement illogique qui empêche toute possibilité d’infiltration et leur fonctionnement vraiment « teubé » (un exemple: un méca qui se met à tourner en rond quand on lui colle une balle), et bien autant être honnête: ça nous fait juste perdre notre temps.
Et la coop ma Lady ? Ah oui, j’avais zappé ce point… parce que lui aussi est complètement mal pensé. Hormis ressusciter vos camarades, coller un point de respawn perso ou un marqueur sur la map, rien d’autre ne viendra justifier le fait de jouer à plusieurs. Le loot n’est pas le même d’un gamer à l’autre, on ne peut pas se passer d’objets de façon simple, les avancées dans les quêtes doivent se faire individuellement (chacun doit prendre la lettre, l’indice…), ce qui fait qu’on ne peut pas avancer plus rapidement comme le voudrait une coop digne de ce nom! Histoire de résumer: la coop s’arrête dès que les combats s’achèvent. Tristesse donc.
Un jeu qui porterait presque trop bien son nom…
Generation Zero avait LE concept pour nous pondre une tuerie, un chef d’oeuvre même ! Mais visiblement dépassés par la tâche, ou par un « je m’en foutisme » total, les devs nous balancent un soft bâclé, bardé de bugs, où le lag est omniprésent et dont l’intérêt est quasi nul passées les premières heures de jeu où les graphismes et le semblant de scénario font le boulot. On se retrouve donc au final confronté à un pauvre design, une IA débile et surtout… des envies de massacre! Si déjà le plagiat artistique flagrant et non assumé aurait dû mettre la puce à l’oreille quant à la direction que prenait le bébé d’Avalanche, ce dernier n’aurait jamais dû sortir comme un soft achevé quasi AAA. S’il avait pointé le bout de son nez en accès anticipé pour minimum une dizaine d’euros moins cher et qu’il avait devant lui un cheminement de développement à continuer… on aurait pu y croire. Ici, la chute fait mal, et on se promet d’arrêter de se hyper sur des trailers trop prometteurs!
La Bande-Annonce
Réalisation: 8/20
Normalement, le plagiat graphique vaut un 0 pointé et de gros soucis de crédibilité, mais on va passer sur le fait qu’Avalanche Studios a tout pompé sans vergogne sur l’incroyable artiste Simon Stålenhag, en serrant les dents, pour s’atteler à une critique de la réalisation pure. De fait, si l’environnement graphique de Generation Zero est convaincant lors de nos premières heures d’exploration, on prend vite conscience de ses limites et de son horrible redondance. Ajoutons à cela des lags, des bugs de collision à foison, un level design pas terrible et une IA conne comme une porte de placard… et vous comprendrez que ça fait trop, beaucoup trop pour un gros studio.
Gameplay/Scénario: 9/20
Bande-Son: 10/20
Les bons gros sons de synthwaves sont séduisants de prime abord, mais ils se font tellement rares et discrets par la suite qu’on est envahis par… un néant sonore!
Durée de vie: 6/20
Tout dépendra de votre résistance mentale à la torture. Après, si vous avez besoin de vous promener dans des forêts vides d’âme et de sens…go pour des dizaines et des dizaines d’heures, ahem.
Note Globale N-Gamz.com: 8/20
…et encore je me trouve indulgente et gentille avec cette note, mais il y a tellement de bonnes idées (même si la plupart sont repompées) dans ce Generation Zero que j’ose espérer que les gars de chez Avalanche vont se remettre en question et tenter, à grands renforts de mises à jour, de nous changer tout ce merdier en quelque chose de bien plus sympa. Ils ont un moteur graphique solide, des bases solides, alors qu’ils se remontent les manches histoire de rattraper le coup! Le souci, c’est qu’il y a de quoi être inquiet puisque certains softs en accès anticipé sont sortis carrément plus lissés que ne l’est ce Generation Zero, le jour de sa sortie en version finale! Une grosse déception donc, qui fait mal à nos petits cœurs à qui l’on avait promis une apocalypse robotique sur fond de nostalgie façon Stranger Things.