Review
Annoncé durant l’E3 2015 devant une assemblée totalement en délire, le remake de Final Fantasy VII exclusif à la PlayStation 4 a suscité la convoitise de millions de gamers à travers le monde. Il faut dire que l’opus originel, sorti en 1997 sur PlayStation première du nom, avait marqué au fer rouge toute une génération de joueurs grâce à son histoire résolument mâture, ses personnages inoubliables, ses séquences cinématiques de toute beauté (pour l’époque) et son gameplay absolument jouissif, faisant entrer de plein pied le genre du jeu de rôle nippon dans les chaumières européennes pour le succès qu’on lui connaît actuellement. Oui, Sony avait eu du flair en décidant de lancer une campagne marketing monstre sur un soft que Nintendo n’avait pas su garder dans son giron et dont il n’avait jamais réellement promu le genre chez nous, « Papa Mario » étant convaincu que le RPG était « trop compliqué » pour le Vieux Continent. Bref, Final Fantasy VII est un mythe, et en faire un remake n’était pas une mince affaire! J’en veux pour preuve le développement ultra chaotique qui a suivi l’annonce de 2015, avec le retrait du projet au développeur principal (CyberConnect 2) pour tout reprendre de zéro en interne, les changements de direction artistique, les retards à foison et surtout la division de l’aventure initiale en trois grandes parties dont seule la première, basée uniquement sur Midgar, nous parvient aujourd’hui. Malgré tous ces écueils, Square Enix a-t-il réussi à dépasser les attentes des fans et à supplanter l’original ou s’est-il honteusement planté par excès de confiance? La réponse dans notre test et notre vidéo-test garanti 100% sans spoilers!
Une histoire remaniée en beauté
Final Fantasy VII Remake reprend l’histoire du jeu originel en la remaniant pour lui donner plus de consistance dramatique et de twists un peu surnaturels, densifiant largement le background des personnages clés autant que secondaires pour nous livrer une quête épique se déroulant purement à Midgar, soit la première partie du soft de 1997. On incarne donc Cloud Strife, un ex-SOLDAT, unité d’élite d’une compagnie énergétique qui a la main-mise sur toute la ville: la Shinra! En utilisant la Mako, énergie vitale de la planète, cette corporation s’est considérablement enrichie et a divisé la cité en deux sections: celle du plateau où vivent les nantis, et celle des bidonvilles, en-dessous, qui survivent comme ils peuvent avec ce que les riches veulent bien leur laisser. Ayant renié son employeur, notre cher Cloud va s’allier à une amie d’enfance, Tifa Lockhart, et au groupe de « combattants de l’environnement » Avalanche, dirigé par l’imposant et plutôt sanguin Barret Walace, dans le but de rendre la monnaie de sa pièce au vil conglomérat.
Le jeu nous fait donc suivre l’aventure de ces écolos-warriors qui n’hésitent pas à prendre les armes pour défendre leurs idéaux (et aider les oppressés par la même occasion), non sans une trame de fond plutôt sombre qui ne cesse de nous parler du redoutable Sephiroth, le meilleur SOLDAT qui ait jamais existé, apparemment mort il y a cinq ans de cela mais dont le fantôme semble toujours hanter notre héros. Ajoutez à cela la rencontre avec la belle et pétillante Aerith, une magicienne pourchassée par la Shinra pour d’obscures raisons, et vous obtenez un périple à tendance cyberpunk-fantasy (ou Makopunk-fantasy pour les puristes) sur plus de 40 à 50 heures de jeu, qui promet pas mal de surprises scénaristiques pour tous ceux ayant retourné le RPG originel dans tous les sens. En effet, le background des personnages ayant été radicalement upgradé (rien que le passé de Jessie prend une heure a être traité), leurs relations ne s’en retrouvent que plus crédibles, que ce soit en termes d’affection, d’amour, de haine, de peur, … tout nous paraît réaliste et nous rend les héros incroyablement plus attachants que leurs homologues en Low-Polygon de 1997. Bref, le titre est brillant niveau histoire, et devrait à coup sûr embarquer dans son sillon autant les puristes que les nouveaux venus dans l’univers de Final Fantasy VII. Une réussite!
Un gameplay différent mais… aussi bon?
Si l’enrobage graphique de Final Fantasy VII Remake est forcément ce qui frappe le plus le joueur dès les premières minutes par rapport à l’original (mais nous y reviendrons plus bas), il est clair que le gameplay a fait couler beaucoup d’encre durant le développement du soft. En effet, les développeurs ont décidé de passer d’un J-RPG au tour par tour à un Action-RPG en temps réel façon Kingdom Hearts. On avait donc peur que tout se retrouve simplifié, voire sacrifié sur l’autel de l’accessibilité mais… il n’en est rien! De fait, Square Enix a eu la géniale idée de conserver la jauge ATB (Active Time Battle) pour lancer les magies, coups spéciaux et autres items en pleine rixe, ce qui vous oblige à planifier vos assauts pour remplir constamment les segments de cette barre histoire de pouvoir utiliser de précieux pouvoirs ou objets dans le feu de l’action. La stratégie est donc de mise, d’autant que les ennemis se voient dotés d’une jauge de « choc » réactive à diverses attaques et qui, une fois remplie, les déséquilibre pour vous permettre de leur faire un max de dégâts! A vous de trouver ce qui marche et en fonction de quel adversaire. Autant dire que la matéria « analyse » va chauffer!
Vous l’aurez compris, il convient donc de connaître chaque type d’opposant pour savoir quel coup ou magie utiliser pour l’affaiblir au mieux, car taper simplement dans le tas se révélera la plupart du temps inefficace, comme contre ces hippocampes spectraux qui alternent entre immunité physique et magique, ou encore ces robots qui ne prendront des dégâts qu’au contact de la foudre. Rassurez-vous, le titre vous permet d’alterner à l’envie et en temps réel entre les trois membres de votre groupe, mais aussi de donner des ordres directs à vos deux compagnons tout en ralentissant considérablement le temps, afin que vous fassiez vos choix en toute sérénité. Exit la frustration donc, d’autant que les fans hardcore auront même accès à un mode « Classique » qui fait attaquer automatiquement vos trois persos pendant que vous vous chargez de sélectionner leurs actions ATB, comme dans le jeu originel!
Des matérias conservées… avec de grosses nouveautés
Mais Final Fantasy VII était aussi réputé pour son système de matérias, des orbes magiques à équiper sur des orifices présents sur vos armes et accessoires. Et bien sachez que ce système a été conservé dans ce Remake et permet de faire évoluer les matérias équipées en fonction de votre degré d’utilisation. De même, les invocations sont aussi de la partie mais fonctionnent différemment puisque cette fois, elles ne peuvent apparaître que lors des combats de boss et restent sur le terrain tout le temps que dure leur jauge d’Esper, vous permettant de leur donner des ordres à chaque barre ATB remplie, pour n’importe quel personnage! Bref, il faudra attaquer sans relâches avec vos compagnons pour avoir un max de segments ATB et littéralement faire pleuvoir les pouvoirs de l’Esper sur votre pauvre adversaire. A noter que de nombreuses invocations ne pourront être récupérées que via Chadley, un personnage qui vous permet de les affronter en VR mais vous donne aussi des défis à accomplir durant tout le jeu pour créer de nouvelles matérias comme Vent ou Vol, par exemple. Encore de quoi grossier la durée de vie!
Enfin, une grosse innovation en termes de customisation d’équipement de cet opus par rapport à son modèle nous vient de son système d’armes couplé à des uprades inspirés du sphérier de Final Fantasy X! En effet, à chaque passage de niveau, votre personnage gagnera des points d’aptitude qu’il pourra dépenser pour débloquer des boosts sur ses armes, chacune d’elles ayant des upgrades différents. Ainsi, la fameuse Buster Sword de Cloud proposera de monter vos points d’attaque physique et vos HP, tandis qu’une autre épée sera plus centrée sur les points supplémentaires ou la défense élémentaire. Idem pour Aerith et ses bâtons tantôt aptes à améliorer drastiquement vos sorts d’attaque, tantôt prévus pour que la belle ait un max d’HP histoire de tenir le coup en tant que healer si vos opposants la ciblent. De plus, chaque arme dispose d’un coup spécial propre qui peut être maîtrisé et transposé aux autres une fois les conditions accomplies. Ajoutez à cela la gestion des matérias et vous obtenez un système bien plus poussé qu’il en a l’air, pour une optimisation de vos héros qui devrait vous tenir en haleine un bon moment! Encore une fois, Square Enix a réussi à améliorer une recette qui avait déjà fait ses preuves depuis plus de 20 ans.
Aussi beau qu’Advent Children… mais jouable!
Tetsuya Nomura l’avait annoncé durant les nombreuses interviews et autres journal des devs dédiés au soft: avant de réaliser un remake, il voulait attendre que la technologie des consoles soit assez au point pour proposer une réalisation du même niveau que l’incroyable film en images de synthèse « Final Fantasy VII: Advent Children », et on peut dire que ça valait le coup d’attendre! En effet, ce FFVII Remake est tout simplement le plus beau jeu de rôle de cette génération, et assurément l’un des titres les plus impressionnants visuellement qu’il nous ait été donné de contempler.
Le bébé de Square Enix plante donc clairement un nouveau standard graphique pour le coup, nous offrant des personnages principaux dignes du film précité, un niveau de détail proprement hallucinant dans les décors, des environnements bourrés de vie (rien que le bidon-ville du secteur 7 ou le jardin entourant la maison d’Aerith vont vous décrocher la mâchoire) et des effets spéciaux qui flattent la rétine en continu, le tout au travers d’une animation d’une fluidité exemplaire. Oui, ce remake jouit d’une maestria visuelle sans précédent, magnifié par une direction artistique plus sombre et encore plus envoûtante que l’opus originel, nous immergeant dans son monde dès les premiers instants manette en main. Un léger bémol: une caméra qui a parfois du mal à suivre l’action frénétique des combats, mais rien de bien méchant grâce au ciblage intégré et au ralentissement de la rixe sur simple pression d’une touche.
Niveau bande-son, le constat est tout aussi parfait avec des bruitages de haute volée et des mélodies réorchestrées en véritables pépites musicales mâtinées de choeurs ésotériques, de rythmes tantôt d’une mélancolie extrême (le thème d’Aerith), tantôt d’une anxiété et d’une noirceur palpable (One Winged Angel), et d’envolées épiques qui vous resteront longtemps en tête, sublimant littéralement les affrontements avec les boss. Et que dire de ces thèmes ultra connus et remixés façon J-Pop à la Persona 5 pour le passage déjanté chez Don Cornéo! Vos oreilles risquent de vous remercier pour cette ultime dose de peps et de prise de risque de la part de Square Enix, on vous le garantit! Enfin, le doublage français est d’une qualité rare, utilisant notamment la voix de Cloud d’Advent Children, tandis que Tifa a gagné en maturité et que la comédienne incarnant Aerith nous fait largement ressentir son côté un peu juvénile et pétillant. Par contre, Barret pourra vous paraître un peu surjoué durant les premières heures, mais au fur et à mesure de l’aventure, la voix se cale parfaitement avec ce héros bourru et un peu tête brûlée. Un régal!
Le tour de force d’être meilleur que l’original
Oui, clairement oui: Final Fantasy VII Remake dépasse en tous points le jeu de 1997 si on ne prend en compte que la partie dédiée à Midgar pour ce dernier. Bien entendu, les puristes regretteront que le titre, qui n’est qu’une partie « 1/3 », ne s’attarde pas comme on le voudrait à l’extérieur de la cité contrôlée par la Shinra, mais ne boudons pas notre plaisir: le jeu offre un pur plaisir comme rarement on a pu en ressentir sur cette génération. Avec son histoire brillamment remaniée, ses héros bien plus humains et attachants, sa bande-son incroyable, son gameplay transformé de la meilleure façon possible et sa réalisation qui fait cracher les tripes de votre PlayStation 4 pour vous offrir des panoramas d’une saisissante beauté et des combats d’un dynamisme visuel rare, Final Fantasy VII Remake est tout bonnement… le plus grand chef-d’oeuvre de Square Enix sur la console! Une réussite sur tous les plans et un must have absolu pour tout gamer qui se respecte. Dieu que l’attente pour l’épisode 2 va s’avérer atroce après en avoir pris tellement plein les yeux et l’esprit!
Le Vidéo-Test par Neoanderson
Réalisation: 20/20
Vous vouliez le plus beau jeu vidéo de cette génération (OK, en attendant The Last of Us: Part II sans doute) et bien Square Enix vous l’offre! Visuellement, ce Final Fantasy VII Remake est du niveau du film Advent Children, se payant même le luxe de nous livrer une Midgar encore plus détaillée et pleine de vie, des environnements variés en diable et des personnages principaux modélisés à la perfection pour nous paraître plus humains que jamais. A cela s’ajoutent des effets spéciaux hallucinants lors des magies et autres invocations, une fluidité jamais prise en défaut, des panoramas tout bonnement splendides et des cut-scenes d’une rare intensité. Un spectacle permanent qui nous prouve que l’attente en valait le coup!
Gameplay/Scénario: 19/20
On avait peur des remaniements scénaristiques que Square Enix allait opérer par rapport à un récit originel mythique qui se suffisait à lui-même, mais force est de constater que ce remaster parvient à supplanter l’histoire initiale par un savant mélange de cliffhangers et autres twists narratifs qui nous ont scotchés durant toute l’aventure. En densifiant au maximum le background des héros que l’on pensait connaître par coeur, le jeu parvient à créer de nouveaux liens entre eux, à nous faire mieux cerner leurs décisions et surtout les relations amicales, voire amoureuses qui peuvent naître entre Cloud et les membres d’Avalanche (oui, même Jessie pourra faire chavirer votre coeur aux côtés de Tifa et Aerith, c’est dire). Niveau gameplay, le fait que le titre opte pour de l’Action-RPG à la Kingdom Hearts pouvait nous inquiéter, mais encore une fois les développeurs ont créé un vrai petit miracle en rendant le tout diablement jouissif, terriblement nerveux et surtout hautement stratégique grâce à l’ajout de boosts d’armes façon sphérier, d’un ralentissement actif de l’action quand on donne des ordres à ses équipiers, et surtout d’une implantation bien pensée de la jauge ATB et des matérias pour magnifier le tout. Au final, on se retrouve donc avec un système de jeu chronophage à souhait et qui promet des joutes d’ores et déjà cultes contre les boss. Un bémol? Le fait que ce Remake, qui n’est que la première partie d’une monumentale trilogie, s’arrête à Midgar et nous prive donc des joies de déambuler comme on le voudrait sur une map Open World, rendant forcément l’aventure linéaire dans sa première moitié.
Bande-Son: 20/20
Les musiques de 1997 ont été réorchestrées avec une maestria plutôt folle et même des thèmes qui ne se trouvaient pas à Midgar dans le jeu de base font ici une apparition remarquée comme celles du Gold Saucer ou de Cosmo Canyo, sans parler de One Winged Angel. Les mélodies sont donc sublimées et jouent pour beaucoup dans l’immersion du gamer, tout comme les bruitages au top. De plus, ce Remake jouit d’un doublage français de haute qualité qui achève de nous rendre Cloud, Tifa, Aerith ou encore Barret (un peu surjoué au début, il est vrai) attachants comme jamais.
Durée de vie: 19/20
Comptez entre quarante et cinquante heures pour boucler l’aventure principale, et bien plus si vous voulez maximiser vos matérias, vos armes ou encore accomplir les quêtes annexes scénarisées de chaque secteur et les défis de Chadley. Bref, l’aventure avec un grand A vous attend!
Note Globale N-Gamz.com: 20/20
Que les fans se rassurent, Final Fantasy Remake est une relecture parfaite du jeu originel, proposant un scénario retravaillé pour une aventure inoubliable et bouleversante apte à marquer l’esprit de n’importe quel gamer. Alors certes, on pourrait être frustré par le fait que le soft se cantonne à Midgar et nous livre dès lors un périple assez linéaire comparé à la map Open World complète du titre de 1997, mais Square Enix a réussi le tour de force de densifier à ce point la cité, ses habitants, ses quêtes annexes et surtout le background de ses personnages principaux comme secondaires que l’on s’immerge totalement dans cet univers retravaillé avec une précision d’orfèvre. C’est bien simple, hormis ce cloisonnement relatif (qui fera partie du passé dès FFVII – Part 2 commercialisé) et cette caméra qui a parfois quelques ratés en combat, on ne peut que s’extasier devant tout ce que ce Remake a à proposer. De ses graphismes dignes d’Advent Children à son animation sans faille, en passant par ses environnements bourrés de détails, ses personnages tellement humains, son gameplay nerveux à souhait, sa customisation d’armes bien pensée ou encore ses musiques divines et son doublage français d’une rare qualité, le titre est tout simplement… magistral! Il parvient même à supplanter son modèle avec les honneurs (pour la partie Midgar, of course) et entre d’emblée dans la catégorie de potentiel « Jeu de l’Année 2020 » selon nous. Un chef-d’oeuvre absolu, tout simplement!