Review
Après nous avoir fait rêver pendant quatorze ans aux commandes d’April Ryan et de Zoë Castillo dans sa saga The Longuest Journey, le studio norvégien Red Thread Games revient avec un soft plein de mystère sur fond de contes nordiques: Draugen! Ragnar Tørnquist va-t-il continuer à nous envoûter avec ses récits? Embarquez avec nous dans ce simulateur de marche « mystique » au coeur de la Norvège des années 20 pour le découvrir!
Entre ombre et lumière…
Le draugen, dans le folklore norvégien, est le corps réanimé d’un mari noyé, souvent représenté par un homme vêtu d’un ciré mais dont la tête est remplacée par un amas d’algues. Afin de compléter un tableau déjà très « gai », dites-vous que cette créature est annonciatrice de mort si elle vient vous rendre visite dans vos songes! Du coup, le titre du soft pose une intrigue qui pousse à la curiosité et à un poil d’angoisse ! Deux mots qui correspondent d’ailleurs clairement à l’ambiance que l’on trouve dans le bébé de Red Thread Games. N’allez cependant pas vous attendre à un jeu d’horreur, que nenni car si c’est ce que vous cherchez, filez retrouver notre test de Layers of Fear 2 !
Présenté comme un jeu d’enquête en vue subjective, Draugen nous place donc dans la peau d’Edward Charles Harden, un américain à la recherche de sa sœur disparue. Cette dernière aurait laissé des traces de vie dans le village de Graavik, perdu dans un magnifique fjord norvégien. Accompagné par la jeune Lissie, pleine de peps et d’énergie, notre Edward, abîmé par la vie et la disparition d’un être cher, va se retrouver au cœur d’un monde où tout a été bouleversé. Dans un véritable désert humain, il va devoir trouver des réponses à bien plus de questions qu’il n’aurait pensé se poser.
On est loin de la promenade de santé !
En effet, notre pauvre Edward va en voir de toutes les couleurs. Le gameplay est des plus simplistes : diriger ce dernier, chercher des indices sur la disparition de sa chère sœur et enquêter sur le passé de Graavik tout en profitant de la vue. En effet, ce qui va frapper tout de suite dans le soft, c’est la beauté de son environnement. Red Thread Games sait exploiter l’Unreal Engine avec brio et on se promène carrément en plein coeur d’une carte postale magnifique où les conditions météorologiques sont saisissantes de réalisme (mention spéciale sur la brume qui envahit le fjord). Les textures sont travaillées, les jeux de couleurs maîtrisés et les expressions faciales assez dingues.
La réalisation nous plonge donc à 200% dans l’univers de Draugen. Honnêtement, il manque juste l’odeur des embruns et un petit vent frisquet pour parfaire l’expérience. Lors de mon expérience, je ne me suis ainsi heurtée qu’à un seul bug de collision qui m’a coincé dans le décor, mais pour le reste tout a roulé avec une fluidité ultra agréable. La bande-son est dans la même trempe que la réalisation avec un voice acting anglais (STFR) toujours de bon ton, jamais surjoué, et des émotions retransmises avec justesse. L’ambiance musicale colle également à merveille au soft et les bruitages sont capables de vous glacer le sang par moment. On ressent tout l’amour de nos petits norvégiens pour leur dernier bébé.
Une balade qui marque
Draugen n’est pas un jeu d’horreur mais il parvient à nous foutre mal à l’aise par moment. Il ne se pose pas non plus comme un bain d’émotions à la What Remains of Edith Finch mais il nous touche bien souvent. Le titre s’avère agréable à parcourir, on tient à dénouer tous les mystères de Graavik et de ses habitants mais surtout d’Edward. Malheureusement, ce dénouement arrive bien trop vite comme souvent pour ce genre de jeu. Cependant, l’expérience et l’immersion sont tellement plaisantes que même on en voudrait plus, le voyage offert par le titre de Red Thread Games pour à peine 20 Euros vaut totalement le détour tant il s’avère visuellement sublime et scénaristiquement passionnant!
La bande-annonce
Réalisation: 18,5/20
Le billet pour la Norvège est trop cher ? Draugen propose une promenade rurale dans un univers charmeur avec église typique en bois, une flore campagnarde et une vue prenante sur le fjord. La balade est fluide, les environnements changeants, les textures de toute beauté et les effets de lumière aguicheurs. On regrette seulement que l’expérience soit si restreinte.
Gameplay/Scénario: 18/20
Le scénario se dévoile à un rythme assez soutenu, tantôt apaisant avec des phases où le plaisir des yeux est rassasié, et tantôt angoissant lorsque certains aspect de Draugen se laissent découvrir. La narration est également intelligente et on retrouve clairement la patte de Ragnar Tørnquist que l’on aime tant. Le gameplay, pour sa part, est ultra simpliste et fait le boulot qui est exigé dans un « simulateur de marche » à histoire.
Bande-Son: 17,5/20
Doublage anglais de qualité (sous-titré français) et bande-son immersive font de Draugen une jolie réussite sur le plan sonore.
Durée de vie: 15/20
Toute la problématique de ce genre de jeu réside dans sa durée. En effet, quand la qualité n’est pas présente, il règne souvent une impression de longueur. A l’inverse, et c’est le cas pour Draugen, lorsque tout est réuni pour une expérience agréable, le temps passe bien trop vite! Il n’empêche que pour un prix aussi doux que 20€ ou presque, et vu l’incroyable voyage proposé, le craquage sera sans regrets.
Note Globale N-Gamz.com: 18/20
Attention, Draugen est un soft à mettre entre les mains de connaisseurs, d’amateurs du genre ou de joueurs étant conscients de ce dans quoi ils se lancent ! Le soft n’est ainsi ni un jeu horrifique, ni un point & click à la The Longuest Journey. Non, Draugen est une balade magnifique, parfois torturée, dans la campagne norvégienne des années 20, mais aussi dans l’esprit humain et sa perception du monde lorsqu’il frôle parfois la folie. Un conte magnifié par une réalisation de haute volée et un soin indéniable que les développeurs ont tenu à mettre dans tous les aspects du soft. Désormais, nous n’avons qu’une hâte: voir ce que Red Thread nous réserve avec sa prochaine aventure, un RPG post-apocalyptique aux notes punk, dénommé Svalbard!