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Sorti en 2018 sur PlayStation 4 et PC, avant de nous revenir l’année suivante sur Switch dans une édition remaniée, Dragon Quest XI: Les Combattants de la Destinée avait reçu un très bon accueil critique et commercial au point de faire de lui le meilleur J-RPG Old School de sa génération. Sentant l’occasion d’engranger encore un peu plus de bénéfices grâce à ce prestigieux opus, c’est donc tout naturellement que débarque cette fameuse version améliorée issue de la console portable de Nintendo… sur PlayStation 4 justement (ainsi que sur Xbox One et PC) ! Une espèce de « retour à l’envoyeur » au travers d’une « Definitive Edition » qui pourrait bien faire craquer les gamers n’ayant pas encore franchi le pas de cette aventure hors norme ? On répond à cette question dans l’add-on de notre test PS4 de l’époque !

Mise à jour version Definitive (+ tableau de notes et note finale révisés à la fin du test PS4):

« Un mode 2D délicieusement old school »

Tout commence par une étrange proposition dès le lancement de cette version « Definitive »: 2D ou 3D! Attendez, oui, vous lisez correctement: le soft vous est proposé en version old school façon Super NES. La nostalgie est donc présente à chaque instant, les puristes et les vieux de la vieille seront ravis d’avoir ce choix à disposition. Bref, on prend une claque de quelques décennies dans les dents avant de repasser en 3D afin de voir les améliorations visuelles éventuelles des contrées d’Elréa de cette nouvelle mouture.

Rien qui saute aux yeux hormis des loadings un chouïa plus courts (surtout sur PlayStation 5 via la rétrocompatiblité) et un léger downgrade par rapport à l’opus originel. On sent bien qu’il s’agit du portage d’un jeu Switch pour le coup même si la résolution est boostée.

Votre humble serviteur s’étant chargé du test plus que complet de DQ XI à sa sortie (vous pourrez le retrouver juste sous cet add-on), je n’évoquerai ici que les nouveautés de cette mouture ! Ainsi, en plus de proposer l’aventure dans son intégralité, l’édition « Definitive » offre aux joueurs des quêtes les propulsant dans d’anciennes contrées de la licence de Square Enix, des scénarios exclusifs aux personnages rencontrés lors de notre épopée et surtout une bande-son revisitée par l’orchestre philharmonique de Tokyo, ainsi que des doublages japonais (en plus du doublage anglais).

« Les récits additionnels apportent beaucoup de profondeur à vos compagnons »

Possédant déjà une durée de vie énorme, le soft se voit donc boosté en termes de contenu.  Alors oui, bien que n’étant pas le DQ le plus épique et le plus mémorable, ce onzième volet restant dans les tranchées déjà bien marquées de la licence, il n’en est pas moins pétri de qualités et offre une narration poussée.

On notera aussi l’arrivée d’un mode photo pour les plus esthètes d’entre vous et surtout d’une forge portative qui vous simplifiera grandement la vie, croyez-moi, tout comme la possibilité d’appeler votre cheval où que vous soyez, sans avoir recours à la cloche spécifique de l’opus original.

De plus, un mode combat rapide a été implanté histoire de faciliter le grinding et les musiques ont été réorchestrées. Bref, Square n’a pas dormi sur ses lauriers !

Vous l’aurez compris, cette édition ultime de DQ11 est autant destiné autant aux fanas de la licence comme aux novices qui cherchent du très bon RPG à l’ancienne pour revivre ce parfum de nostalgie avec les graphismes d’aujourd’hui !

Vous êtes l’Elu… oui, encore…

« Vous êtes « l’Eclairé » mais… vous n’avez aucune idée de votre mission divine… »

La saga Dragon Quest, archi populaire au Japon, a gagné ses lettres de noblesse en Europe par son huitième opus sorti sur PlayStation 2 et par lequel beaucoup de gamers ont commencé leur initiation à cette licence RPG made in Enix, débutée en 1986 sur NES. Depuis, la licence a connu de nombreuses itérations mais toutes ont eu à coeur d’offrir un charme et des mécaniques de jeu résolument Old School histoire de ne jamais choquer les fans de la première heure, engendrant chez nous quelques incompréhensions, notamment via des menus loin d’être optimum à l’heure de l’ergonomie vidéoludique.

Mais si certains choix de gameplay feront peut-être encore sourire les joueurs occidentaux aujourd’hui, il y a une constante qui a toujours su trouver écho dans le coeur des gamers fans de jeux de rôle: un récit terriblement épique, vous propulsant dans une aventure avec un grand A aux côtés de compagnons bien moins « classiques » que ne laisse à penser leur design imaginé par Akira Toriyama, le papa de Dragon Ball.

Ce Dragon Quest XI ne fait donc pas exception à la règle puisque dès les premières minutes vous savez une chose: vous êtes l’Elu, baptisé ici « L’Eclairé » (on ne se moque pas SVP), celui qui sera seul à même de combattre le Seigneur des Ténèbres lors de son retour! Le souci, c’est que tout le monde ne voit pas votre existence d’un bon oeil, d’aucuns étant même convaincus que s’ils vous tuent, le mal ne fera pas son apparition dans leur paisible royaume. Bref, c’est avec une énorme milice aux fesses que vous allez faire la connaissance de votre premier ami, Erik, lequel semble bien au courant de votre destinée et entend vous protéger jusqu’à l’Yggdrasil, l’Arbre Flottant où est censé vous être révélée le moyen de vaincre l’abomination qui s’approche inexorablement du Monde.

Un gameplay old school

« Un scénario épique et un design made in Akira Toriyama »

Si de plus en plus de RPG nippons ont tendance à s’occidentaliser pour plaire au plus grand nombre, comme Final Fantasy XV nous l’a d’ailleurs prouvé en 2016 avec sa jouabilité tirant plus vers l’Action RPG que vers le traditionnel combat au tour par tour, Dragon Quest XI reste sur de solides bases Old School, et c’est avec plaisir que l’on retrouve les bonnes vieilles églises où sauvegarder, les feux de camp, la forge portable, les monstres capturables qu’il sera même possible de chevaucher, le gain d’XP au compte-goutte et le grinding quasi obligatoire passé la dizaine d’heures de jeu (sur la cinquantaine que compte le titre au final). Bref, les vieux de la veille seront aux anges tandis que les petits nouveaux risquent de trouver l’ensemble un brin austère et parfois même répétitif dans sa scénarisation, vous obligeant à de nombreuses quêtes « Fedex ».

Fort heureusement, Square Enix a ajouté de chouettes petits à-côtés pour rendre l’expérience plus ouverte et moins frustrante, à commencer par un sprint absent de la version nippone, qui s’avérera terriblement pratique pour parcourir les grandes zones d’exploration du soft, lequel n’est pas un Open World mais plus une succession d’aires de jeu reliées entre elles par des loadings assez courts. On trouve aussi un pouvoir de téléportation gratuit pour retourner dans tous les endroits déjà visités, une I.A. paramétrable en combat pour vos compagnons (même si on conseillera de prendre leur contrôle par souci d’efficacité), un journal des quêtes plutôt bien fichu et surtout la possibilité de customiser les pouvoirs de vos guerriers via l’hexagramme.

Des combats stratégiques

« Les affrontements font de la classique tour par tour »

Ainsi, à la façon d’un Sphérier de Final Fantasy X, vous allez pouvoir utiliser des points de compétences glanés à chaque passage de niveau d’expérience pour acquérir des coups spéciaux et autres boosts dans les trois à quatre types d’armes dont pourront s’équiper chacun de vos héros. Cela va de la magicienne qui utilise aussi bien une baguette qu’un fouet d’épine, à votre avatar autant doué pour l’épée à deux mains qu’à la hache ou au combo bouclier/épée. Petit bémol par contre pour le fait que seules les armes sont représentées visuellement en combat. Vous aurez beau vous équiper d’oreilles de lapin ou d’une robe en latex (chut…)  dans votre inventaire, vos persos auront toujours le même look, sauf pour la superbe tenue hommage à Dragon Quest VIII.

Bref, le titre est sacrément complet niveau contenu, propose une aventure qui se laisse agréablement suivre mais c’est surtout par le biais de ses affrontements que le bébé de Square Enix pourrait diviser les foules mais parvient à nous séduire ici à la rédac. En effet, on reste sur du tour par tour archi connu mais très demandeur niveau concentration et réflexion, avec la possibilité de se déplacer autour de l’ennemi, et des menus tout ce qu’il y a de plus classique, oscillant entre coup normal, magie, item et aptitudes. Un état de transe vient heureusement changer parfois la donne en vous permettant de surpuissants combos à plusieurs, mais on est loin du dynamisme visuel et de gameplay des derniers gros J-RPG en date sur PlayStation 4 (Ni No Kuni, FFXV, Persona).

Rassurez-vous néanmoins: si vous trouvez les rixes trop lentes, vous pourrez toujours éviter les ennemis, qui ont le bout goût d’apparaître sur la map, même si on vous déconseillera de le faire tant monter de niveau est primordial dans le soft, le titre évitant de vous coller 300hp d’un coup par level ou +30 en ATK, faisant la part belle aux combats qui se jouent parfois à un point de vie près, et c’est ça qui est bon car ça vous oblige à réfléchir chacun de vos coups et à jouer sur les faiblesses élémentaires de vos opposants! Croyez-nous, quand vous battrez la campagne en pensant vous coltiner un « petit monstre » et que vous vous retrouverez avec un Game Over parce que vous aurez juste bourriné la touche de coup simple, vous comprendrez qu’il faudra analyser chaque rixe au cas par cas et que rien ne sera à prendre à la légère.

Réalisation Next-Gen?

« Des zones assez vastes et plutôt réussies visuellement »

Visuellement, Dragon Quest XI est vraiment joli, et on sent bien que le moteur de jeu parfois un peu aliasé de la version nippone a été optimisé pour l’occasion. Le titre est plus fluide, les personnages sont vraiment réussis et si certains décors auraient mérité plus de soin niveau textures ou que quelques animations font un peu robotiques, globalement le spectacle est assuré. Dommage, par contre, que les maps paraissent parfois si vides de vie, d’activités, et que le soft nous bloque fréquemment dans notre exploration par des astuces de programmation du type « rocher de 15 cm impossible à sauter ».

Niveau sonore, on notera la présence d’excellents doublages anglais là où le jeu au Japon n’en contenait aucun (même pas en japonais). Cela apporte une bonne dose de charisme en plus à vos héros, c’est un fait. Les bruitages, quant à eux, font le job tout en conservant un petit côté Old School propre à la saga, tandis que les compositions musicales sont toujours signées Koichi Sugiyama, ce qui est forcément gage de qualité. Petit souci, le nombre de pistes sonores est trop réduit pour la longueur du jeu et elles sont en partie issues d’anciens opus. Résultat des courses: un gros sentiment de répétitivité qui vient gâcher la fête.

RPG à posséder?

Oui assurément, du moins si vous êtes fan des jeux de rôle aux mécaniques Old School, où le grinding est une obligation et la promesse d’une grande aventure une motivation suffisante pour vous faire avancer au fil des heures. Par contre, si vous préférez le type Action-RPG qui fleurit depuis nombre d’années sur la scène nippone et dont Kingdom Hearts 3 sera sans doute le représentant ultime, vous risquez de trouver le parfum de nostalgie de ce Dragon Quest XI parfois un peu irrespirable. Et si la saga se réinventait enfin pour nous proposer quelque chose de plus actuel?

La Bande-Annonce

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Tableau de notes et note finale révisés pour la version Definitive

Réalisation: 17/20

L’Unreal Engine 4 nous livre une superbe prestation qui donne vie aux personnages et monstres imaginés par Akira Toriyam, sans toutefois tomber dans le style Anime pur d’un Naruto de CyberConnect 2 par exemple. Les décors, quant à eux, offrent une belle distance d’affichage et des textures convaincantes tandis que les loadings sur la map ont été réduits (surtout si vous jouez, comme nous, sur PlayStation 5 en rétrocompatibilité). Dragon Quest XI est donc une belle réussite technique, avec une mention spéciale pour l’option 2D qui permet de faire tout le soft… à l’ancienne! Par contre, on pestera contre le fait que globalement, cette version soit un peu moins aboutie visuellement que l’originale. On sent bien qu’il s’agit d’un portage Switch rehaussé pour le coup.

Gameplay/Scénario: 17,5/20

On retrouve le même héros « Elu » et sa clique de compagnons plutôt intéressante à découvrir (surtout avec les scénarios additionnels de cette édition), les combats au tour par tour qui se jouent parfois au HP près, la gestion des équipements non visibles en affrontement et les menus trop textuels pour être pertinents. C’est du solide, qui a fait ses preuves certes, et l’ajout d’un sphérier pour les compétences ou du système de transe vient donner un peu de nouveauté dans l’ensemble, mais préparez-vous quand même à un retour vers le passé du RPG vidéoludique en termes d’ergonomie une fois votre manette en main. Néanmoins, Square Enix a ajouté quelques nouveautés de gameplay plutôt intéressantes et venant à point comme la forge portative ou un mode combat rapide !

Bande-Son: 18/20

Cette édition ultime comporte des doublages anglais d’excellente facture qui ajoutent pour beaucoup au charme des personnages, mais aussi et surtout les fameux doublages japonais si chers au coeur des fans. De même, on retrouve avec plaisir les compositions cultes de Koichi Sugiyama, ce qui ravira les oreilles des amoureux d’oeuvres lyriques et d’envolées épiques… du moins pendant les dix premières heures! En effet, il y a trop peu de pistes sonores, et sur 50 heures de jeu, quand ça tourne en boucle (notamment sur la map), ça tape un peu sur le système. Heureusement, le tout a été réorchestré afin de passer mieux, beaucoup mieux, auprès de nos mirettes.

Durée de vie: 18/20

Comptez une cinquantaine d’heures pour boucler l’aventure principale, ce qui est plus que convaincant pour un J-RPG actuel, mais soyez prévenus: le soft est très linéaire et parfois répétitif dans sa progression, ce qui pourrait faire lâcher le pad aux moins « Old School » d’entre vous. On apprécie par contre tous les ajouts de contenu (quêtes, objets, etc…) de cette édition ultime, qui booste largement le compteur d’heures.

Note Globale N-Gamz.com: 18/20

Dragon Quest XI est un opus « retour aux sources » selon ses développeurs, et il est clair qu’ils sont parvenus à mener à bien leur mission, sans réelle prise de risques. Si les amoureux de la saga retrouveront vite leurs marques et seront aux anges grâce à cette version ultime un peu moins bonne visuellement que l’opus original mais bine plus longue et jouable grâce aux ajouts de contenu et de gameplay, les autres se diront qu’il est peut-être temps pour Square Enix de révolutionner cette licence trop ancrée dans le passé… jusque dans ses menus! Il n’empêche qu’il s’agit quoiqu’il arrive d’un épisode solide que l’on vous conseille si vous aimez le RPG à l’ancienne.



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!