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La PS Vita a beau avoir une réputation de « console sans jeux », les joueurs prenant la peine de regarder au-delà des grosses productions, désespérément absentes de la portable de Sony, ont de vraies pépites à découvrir. La franchise Danganronpa en fait partie, et pourrait justifier à elle seule l’achat de la console pour les anglophiles réceptifs aux visual novels. À l’annonce d’un spin-off sous forme de TPS, les fans se sont mis à trembler. À raison ?

Ça, c’est vraiment Towa

Vous êtes prisonnière d'une ville infestée... de Monokumas!

Vous êtes prisonnière d’une ville infestée… de Monokumas!

Néophytes de Danganronpa, soyez prévenus: si le texte suivant tentera d’éviter tout spoiler, le jeu offre quelques révélations par rapport aux deux épisodes précédents, le scénario du soft se situant chronologiquement entre ces deux titres. Pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte de ces deux titres brillamment scénarisés, nous vous conseillons de vous les procurer au plus vite avant de vous attaquer à ce spin-off. Il suit le combat de Komaru Naegi, la sœur du héros du premier jeu, devenue malgré elle le seul rempart contre une horde de Monokumas contrôlés par une armée de gamins ayant juré la mort à tous les adultes de la ville de Towa City. Elle sera aidée dans son combat par Toko, une survivante du jeu de massacre de la Hope’s Peak Academy, et accessoirement schizophrène se métamorphosant en serial killer à chaque éternuement.

Vendu comme un jeu d’action, Danganronpa Another Episode: Ultra Despair Girls (appelons-le DR: Another Episode) ne coupe pas pour autant les ponts avec le visual novel. Soyez prévenus: le jeu est extrêmement bavard et il ne sera pas rare de rester passif pendant une bonne demi-heure avant de reprendre véritablement le contrôle. Et comme ses prédécesseurs, le soft est uniquement en anglais, dont la connaissance est indispensable pour pleinement en profiter (pas de crainte, le langage n’est pas des plus soutenus).

Schnecks plus ultra

Différentes formes de Monokumas bien distinctes sont à décimer

Différentes formes de Monokumas bien distinctes sont à décimer

Armée d’un mégaphone-flingue capable de dézinguer ces saloperies d’oursons robotiques, Komaru pourra bénéficier de skills et d’une montée de niveau à la manière d’un jeu de rôle, et aura à sa disposition divers types de munitions bien distincts. Aux côtés du traditionnel tir offensif, elle pourra par exemple projeter ses ennemis en arrière ou les faire danser pour les immobiliser ou attirer ses semblables, différentes espèces étant de la partie. Du Monokuma équipé d’un bouclier à ceux munis de grenades réduisant leurs congénères à néant une fois vaincus, chaque type d’adversaire sera plus ou moins sensible aux différents types de balles utilisés. N’allez pas pour autant croire que les phases d’action sont profondes: plutôt mous, avec une visée au-dessus de l’épaule à la Resident Evil nouvelle génération, les affrontements risquent d’arracher un bâillement aux fans de TPS endurcis. Les rixes sont également rendues trop faciles par la possibilité de switcher à tout moment vers Genocide Jack, l’alter ego psychotique de Toko, combattant au corps à corps avec sa paire de ciseaux et ses attaques spéciales dévastatrices. Si la demoiselle à la langue bien pendue est invincible, il faudra cependant récolter des piles pour remplir la jauge nécessaire à son invocation, fun mais beaucoup trop efficace, surtout contre les boss.

Heureusement, le jeu propose également une foule de salles bonus sous forme de petits puzzles à base de destructions. En activant la borne d’arcade Monoku-Man, vous serez sommé d’éliminer une série de Monokumas d’un seul coup, en utilisant à bon escient vos munitions spéciales, par exemple pour attirer un grenadier vers ses confrères avant de tous les exterminer grâce à une explosion. Ces mini-énigmes, non obligatoires si vous souhaitez simplement jouer de manière bourrine (on déconseillera néanmoins cette option histoire d’épargner les munitions, loin d’être infinies, même si le jeu se montre de temps à autres généreux en mode de difficulté Normal), amènent une réelle fraîcheur à la progression et sont un des réels points forts du soft.

Ultra Bavardes Despair Girls

Le jeu est violent, malsain mais heureusement très stylisé

Le jeu est violent, malsain mais heureusement très stylisé

Comme écrit précédemment, le titre fait la part belle aux nombreux (certains diront « interminables ») dialogues, obligatoires ou non: énormément de documents sont à récolter dans les environnements, en général très cloisonnés, et donnent généralement lieu à des échanges bien écrits mais souvent futiles entre les deux héroïnes. DR: Another Episode ne renie pas ses origines de visual novel et se la joue extrêmement bavard. Le scénariste des autres épisodes, Kazutaka Kodaka, rempile aux commandes de ce spin-off, gage incontestable de qualité. Une fois de plus, l’histoire est vraiment bien construite et à nouveau centrée sur les notions d’espoir et de désespoir, les personnages sont pour la plupart très attachants et l’auteur se permet des éléments extrêmement glauques qu’on ne lui connaissait pas forcément. Sans conteste, l’univers de Danganronpa n’aura jamais été aussi malsain, cruel et dérangeant que dans cet opus. On pense particulièrement au background des Guerriers de l’Espoir, la bande de gosses cherchant à créer un paradis réservé aux enfants en se débarrassant de tous les adultes, dont les traumatismes et les motivations ont le don de mettre bien mal à l’aise (pas besoin de vous faire un dessin, pédophilie et maltraitance sont notamment évoqués plus ou moins subtilement).

Sans son parti pris stylisé à l’extrême, le jeu aurait pu être une des œuvres les plus dérangeantes vues depuis un bon moment. Les adultes, et par extension leurs cadavres jonchant une bonne partie des environnements, sont représentés par de simples silhouettes colorées, ce qui rend supportables les scènes les plus choquantes, l’humour déjanté et bien dosé étant également de la partie pour alléger une ambiance qui en a bien besoin.

Beautés fatales

La modélisation des personnages est exemplaire

La modélisation des personnages est exemplaire

Visuellement, les développeurs ont mis les petits plats dans les grands pour cet épisode pas comme les autres. Avec la modélisation exemplaire de ses héroïnes et les différentes techniques d’animation utilisées pour la mise en scène, alternant cutscenes réalisées avec le moteur du jeu, cinématiques en images de synthèse et dessin animé traditionnel, le soft fait partie des plus belles réussites visuelles du catalogue de la PS Vita, même si on remarquera quelques saccades dans les environnements les plus étendus. L’interface n’est pas en reste, les menus très colorés et dynamiques mettant directement dans le ton.

En réutilisant des thèmes bien connus des fans combinés avec de nouvelles compositions atypiques et souvent jazzy, la bande originale participe également à l’ambiance si particulière dégagée par le titre. Les dialogues sont tous doublés (échanges secondaires exceptés) et les doublages anglais sont une nouvelle fois de très bonne qualité, à quelques rares exceptions près, mais si l’envie vous en prenait, sachez que les voix japonaises sont disponibles gratuitement en téléchargement.

Espoir ou désespoir ?

Si on le considère comme un simple jeu d’action, Danganronpa: Another Episode: Ultra Despair Girls est une déception, qu’on aura bien du mal à recommander aux gamers insensibles à l’univers de la franchise. Par contre, les fans auraient vraiment tort de bouder le soft sous prétexte que la formule a changé. Les ingrédients ont beau avoir été remaniés, le tout se montre toujours aussi savoureux et n’a pas à rougir face à l’excellence de ses grands frères. On ne pouvait rêver mieux en attendant un Danganronpa 3 qui n’arrivera jamais assez vite.

La bande-annonce

Réalisation: 16/20

Des menus aux modélisations des personnages, en passant par les différents styles d’animation utilisés pour la mise en scène, la forme a bénéficié d’un soin tout particulier. On déplorera juste quelques saccades, pas vraiment dérangeantes au final.

Gameplay/Scénario: 14/20

Une fois de plus, le scénario est la vraie vedette de l’aventure. Les dialogues ont bénéficié du même soin qu’à l’accoutumée et, si ces derniers peuvent s’éterniser, on ne peut s’empêcher de s’attacher à la plupart des personnages. Malheureusement, les scènes d’action, agréables mais trop molles, ne sont pas à la hauteur de la qualité d’écriture. On sera plus enthousiastes en ce qui concerne les petites énigmes qui parsèment l’aventure et font office de vrai bol d’air frais au sein d’un gameplay un peu bancal.

Bande-Son: 15/20

L’utilisation d’anciennes mélodies fera sans aucun doute plaisir aux fans, tandis que les nouvelles compositions, jazzy et efficaces, ne dépareillent pas. Le doublage anglais est une fois de plus d’un très bon niveau pour la majorité des personnages, fort heureusement vu que la grande majorité des dialogues est doublée.

Durée de vie: 15/20

Plutôt long pour un jeu d’action, moins long qu’un visual novel, le soft demandera une grosse quinzaine d’heures de jeu pour être bouclé, un tout petit peu plus si vous cherchez tous les documents disséminés dans l’environnement (ce que l’on vous conseille si vous voulez assister à certains dialogues secondaires savoureux).

Note Globale N-Gamz.com: 15/20

Avec ce spin-off un peu bancal mais véritablement soigné et respectueux des fans, la franchise Danganronpa s’impose plus que jamais comme une des valeurs sûres de la Vita. On attend de pied ferme la prochaine apparition de ce fourbe de Monokuma.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !