Review
Depuis la retraite anticipée de Mega Man, ses adorateurs cherchent désespérément à combler le vide laissé par le désintérêt manifeste de Capcom pour son ex-mascotte. Après avoir placé tous leurs espoirs dans le fameux Mighty No.9, avec le résultat peu glorieux que l’on connaît, les accros au Blue Bomber attendent toujours un palliatif. Moins médiatisé que le pétard mouillé de Comcept, Azure Striker Gunvolt, sorti l’année dernière, présentait pourtant de vraies qualités aptes à faire replonger les fans désespérés, sans pour autant s’imposer comme un indispensable. Sa suite saura-t-elle rectifier le tir pour établir son héros comme le digne successeur du petit robot bleu ?
Adeptes de la parlotte
L’univers et le scénario d’Azure Striker Gunvolt et de son prédécesseur ont beau avoir fait l’objet de beaucoup de réflexion et de soin de la part de ses créateurs, on pourrait le résumer comme étant une libre adaptation des X-Men passée à la moulinette de l’animation japonaise. D’un côté, les humains; de l’autre, les Adeptes possédant un puissant pouvoir psychique, le Septima. Dans ce second volet, Eden, un groupe d’Adeptes, se met en tête de créer un paradis pour leurs semblables, dénué de toute présence humaine. Ajoutez à cela des Idoles féminines capables de ressusciter les morts en chantant et un paquet de poncifs typiquement japonais et vous aurez une bonne idée de ce qui vous attend au niveau de l’ambiance.
Autant être clair, si vous n’avez pas touché au premier épisode, vous risquez de vous retrouver assommé par le flot de termes spécifiques à cet univers et de références aux précédentes péripéties de Gunvolt. Nouveau venu ou pas, les dialogues incessants débités par des personnages beaucoup trop bavards, pendant les cut scenes comme au cours du jeu (avec la possibilité de les désactiver pour préserver la visibilité, fort heureusement), auront probablement raison de la patience des moins ouverts aux codes et à l’ambiance des anime japonais.
Strike !
La filiation avec le petit héros de Capcom évoquée plus haut est évidente lorsque l’on connaît le studio responsable de cette nouvelle licence: Inti Creates, qui s’était autrefois chargé des séries Mega Man Zero et Mega Man Zx, toutes deux de très bonnes variations de la recette Mega Man classique. Cela se ressent immédiatement aux commandes de Gunvolt ou de Copen, son rival désormais jouable. Si vous choisissez l’Adepte Gunvolt, la formule reste la même que dans le premier opus: vous verrouillez vos cibles en leur tirant dessus avec votre blaster; une fois lockées, libre à vous de déchaîner une pluie d’éclairs grâce au pouvoir électrique de son Septima.
Mais attention: l’utilisation du Septima est soumise à une jauge qui, une fois vide, vous met en surchauffe et vous impose un petit temps de recharge avant de pouvoir frapper à nouveau. Il faudra donc la gérer intelligemment et la recharger manuellement pour éviter de s’en retrouver dépourvu dans un moment critique. Cette approche est rafraîchissante en comparaison avec les mécaniques de shoot classiques vues dans ce genre de softs et fait toujours des merveilles ici, même si l’on regrettera des armes secondaires et des pouvoirs identiques à ceux qui étaient proposées dans l’épisode précédent. Un peu de variété n’aurait pas été de refus.
Dans les bottes de Copen, un humain voué à l’éradication des Adeptes et à la protection de sa soeur Mytyl, le verrouillage des ennemis s’effectue en dashant, vous obligeant à adopter une approche au corps-à-corps combinée avec vos pouvoirs hérités des boss terrassés en chemin, un autre emprunt évident à Mega Man. Dans un cas comme dans l’autre, vous aurez accès à la « prevasion », qui permet d’absorber les dégâts en échange d’une partie de votre jauge spéciale. Si, dans le cas de Gunvolt, la surchauffe vous oblige à rester vigilant, cette spécificité rend Copen beaucoup trop puissant et presque invincible, transformant son aventure en promenade de santé. Cette compétence est cependant désactivable, l’occasion pour les amateurs de challenge relevé de calibrer eux-mêmes la difficulté.
Des héros puissants pour un level design qui l’est moins
Si le gameplay se montre toujours aussi dynamique et que ce nouveau personnage apporte un vrai plus à l’action, les défauts pointés du doigt à la sortie du premier opus sont toujours bien présents. Les ennemis de base, répliqués à l’infini, pullulent sans présenter un quelconque challenge face au déluge de pouvoirs de nos héros, qui devront compter sur les boss pour leur opposer une vraie résistance.
Cette pléthore de cibles vivantes et faiblardes peuple de fait des niveaux au level design bien peu inspiré, ne sortant que très rarement des sentiers battus, les phases de pure plateforme se faisant rares et étant grandement facilitées par la capacité de Gunvolt de planer brièvement et par le dash aérien de Copen. Résultat: cette fois encore, la sensation de surpuissance est grisante mais les niveaux se parcourent sans réelle passion et il y a très peu de chance qu’une séquence en particulier marque votre esprit sur le long terme.
Volt or die
Quel dommage que ces aspects, pourtant essentiels pour tout bon platformer qui se respecte, aient fait l’objet de si peu de considérations, en comparaison avec l’enrobage, de grande qualité. Typée 16 bits, la réalisation est exactement dans la lignée du premier épisode; on ne souhaitait de toute façon pas de changement radical de ce côté. Du pixel art de qualité, de la fluidité et un gameplay lisible, que demande le peuple ?
Au niveau sonore, on retrouvera un certain nombre de compositions issues du premier volet, renforçant toujours un peu plus le sentiment bien présent de jouer à une simple extension plutôt qu’à un vrai nouvel épisode. Bon point en revanche pour les doublages, qui n’ont cette fois-ci pas été coupés dans l’édition occidentale. Notez bien, par contre, que le jeu ne dispose toujours pas de localisation française, ça sera donc en japonais sous-titré anglais ou rien.
Jamais deux sans trois ?
On a beau apprécier l’effort effectué par Inti Creates en proposant une toute nouvelle franchise de plateforme/action aux atours soignés, ce n’est toujours pas cette fois que leur héros électrique s’imposera comme une valeur indispensable du genre, la faute à un level design peu inspiré entraînant une routine rarement passionnante et marquante. Allez, la troisième sera la bonne ?
La Bande-Annonce
Réalisation: 16/20
Typée 16 bits, la réalisation graphique de cette suite est dans la droite lignée de son prédécesseur, en affichant des sprites détaillés et une fluidité à toute épreuve. Rien à redire de ce côté pour les amateurs de pixel art.
Gameplay/Scénario: 15/20
Là où les softs de plateforme/action se contentent généralement du strict minimum scénaristique, Inti Creates a opté pour l’inverse, à coup d’innombrables dialogues, y compris pendant les phases de gameplay. Si l’effort est louable, l’ambiance risque de laisser froids les moins adeptes (haha…) de l’animation japonaise. Heureusement, qu’on adhère ou non à cet univers, le gameplay nerveux et défoulant est là pour contenter les fans du genre, même si l’on regrettera une difficulté trop peu élevée et un level design fainéant.
Bande-Son: 14/20
Les doublages (en japonais sous-titré anglais), qui avaient fait les frais de la version occidentale du premier volet, répondent ici bien présents et sont de qualité, même si l’abondance de dialogues (désactivables) peut fatiguer les oreilles sur le long terme. Au niveau musical, l’efficacité prime sur l’inspiration, de nombreux thèmes étant empruntés au premier opus.
Durée de vie: 14/20
Comptez un peu plus de deux heures par personnage, et bien plus si vous voulez vous acharner sur le mode Speed Run ou accomplir tous les défis proposés par le soft et étoffer votre équipement à la manière d’un RPG, composante totalement secondaire pour les réfractaires. Plusieurs fins sont également à découvrir, de quoi gonfler toujours un peu plus le compteur.
Note Globale N-Gamz.com: 14/20
Tout comme son prédécesseur, Azure Striker Gunvolt 2 fait preuve d’une efficacité indiscutable seulement mise à mal par un manque d’inspiration au niveau de la progression, ponctuée de niveaux et d’ennemis qui se ressemblent tous. Si l’on est cette fois encore enclin à passer l’éponge sur ces errances, pas sûr que l’on soit aussi tolérant si ces défauts repointent le bout de leur nez dans un éventuel troisième volet.