Review

Dans un cinéma français en pleine effervescence, Yoroï, réalisé par David Tomaszewski et porté par le génial et charismatique chanteur/compositeur Orelsan, émerge comme une œuvre magistrale, un joyau fantastique qui fusionne avec une rare intelligence les traditions millénaires du Japon et les tourments intimes de l’âme contemporaine, soumise à des notifications smartphones intempestives, à des questionnements incessants sur la façon de bien faire les choses, à des réseaux sociaux qui pompent littéralement la vie en nous et au climat anxiogène dont nous abreuve les médias en tous genres. Sorti le 29 octobre dernier, le film n’est pas seulement une aventure visuelle et narrative ; c’est une odyssée spirituelle qui transcende les genres, invitant le spectateur à plonger dans les abysses de l’identité, de l’amour et du surnaturel. Avec une sensibilité rare, Yoroï – dont le titre évoque le mot « armure » en japonais – nous enveloppe d’une aura mystique, prouvant une fois de plus que le cinéma peut être un pont entre les mondes, et que la vraie magie naît de l’authenticité des cœurs. Critique de ce long métrage qui m’a littéralement… transformé !

Le scénario de Yoroï, co-écrit par le duo David Tomaszewski et Orelsan avec une finesse qui frôle parfois la perfection poétique toujours teintée de cet humour nonchalant et ce côté geek fan de japanim du rappeur/chanteur/compositeur/acteur, suit Aurélien, un artiste français épuisé par les feux de la gloire, qui choisit de poser ses valises au Japon auprès de sa femme Nanako, enceinte de leur premier enfant.

Leur installation dans une maison traditionnelle de la campagne nippone tourne au shonen pur et dur lorsque Aurélien exhume d’un puits ancien une armure légendaire qui éveille les yokaïs, ces esprits espiègles et terrifiants du folklore japonais. Ce qui pourrait n’être qu’un simple affrontement surnaturel se mue alors en une allégorie profonde sur la paternité naissante, l’exil culturel et la résilience humaine.

Chaque twist est ciselé avec une élégance narrative qui laisse le souffle suspendu, transformant le film en un tissu d’émotions où le rire côtoie l’effroi, et où les métaphores sur l’armure intérieure – symbole de protection et de vulnérabilité – résonnent avec une universalité bouleversante.

C’est un récit qui ne se contente pas de divertir ; il illumine, il guérit, il nous élève et nous bouleverse du début à la fin dans un rythme effréné où l’action côtoie la magie, les vannes se marient à la philosophie, et dans lequel le spectateur en prend autant dans la figure sur le plan visuel qu’au coeur de son aura spirituelle. Du yokaï shonen bouleversant, vous pouvez me croire !

Au cœur de cette fresque, Orelsan incarne Aurélien (son vrai prénom) avec une intensité qui transcende ses origines rappeuses pour révéler un acteur d’une profondeur inouïe, terriblement vulnérable (et d’une couardise très drôle en première moitié de film) tout en étant héroïque à la fois dans ce qui s’apparente totalement au récit initiatique du shonen, mais afin d’affronter le plus grand des boss jamais créé : la VIE ELLE-MÊME !!!

Son interprétation, nuancée par des silences éloquents et des éclats de rage poétique, capture l’essence d’un homme déchiré entre son passé tourmenté et l’avenir radieux qui s’annonce, faisant de lui une figure dont chaque regard transperce l’écran et dont les paroles nous émeuvent, qu’elles soient amusantes, faites de réparties cinglantes et même de fan service comme lorsqu’il parle de cosplay et du fait que son armure le fait ressembler à, je cite, un Chevalier Noir de Final Fantasy IV (Cecil pour ne pas le citer). Un régal pour le gamer autant que pour le fan d’animé !

À ses côtés, Clara Choï, en Nanako, rayonne d’une grâce magnétique, incarnant la force sereine d’une femme enceinte confrontée aux ombres du passé ancestral ; son jeu subtil, mêlant tendresse infinie et fureur contenue, confère à son personnage une dimension mythique, comme une déesse protectrice pour l’homme qu’elle aime. Les seconds rôles, tels qu’Alice Yanagida en gardienne mystique des traditions et Kazuya Tanabe en conteur tourmenté, apportent une palette de nuances impeccables, leurs performances imprégnées d’une authenticité culturelle qui enrichit le tout.

La réalisation technique de David Tomaszewski, dont c’est le premier long métrage après avoir réalisé des clips pour Orelsan, est un chef-d’œuvre en soi, une symphonie visuelle où la mise en scène, imprégnée d’une esthétique japonaise raffinée, déploie des plans d’une beauté hypnotique : les brumes matinales de la campagne nippone, les reflets irisés des yokaïs dans les eaux sombres, tout est capturé avec une précision qui évoque les maîtres du cinéma asiatique tout en affirmant une voix française audacieuse.

Le rythme, fluide comme une rivière zen, alterne avec virtuosité entre moments d’introspection contemplative et séquences d’action fulgurantes chorégraphiées à la seconde près pour un impact des coups et des acrobaties au top ! Le tout maintient une tension narrative qui ne faiblit jamais. Quant aux effets spéciaux, ils s’avèrent terriblement impressionnants pour ce type de production : les yokaïs, mi-fantômes mi-réalités palpables, sont rendus avec un réalisme spectral qui fusionne images de synthèse et effets pratiques, dans une alchimie parfaite, sans jamais verser dans l’excès, mais en servant toujours l’âme du récit.

La bande-son enfin, composée par David Soltany et enrichie des collaborations d’Orelsan et Skread, avec l’orchestre symphonique de Londres, enveloppe l’ensemble d’une musique qui pulse comme un cœur vivant, faisant de Yoroï une expérience sensorielle inoubliable qui se conclut sur un générique final en pur banger grâce au titre « Yoroï » d’Orelsan justement !

Yoroï : Bande-Annonce

Note N-Gamz : 5/5

Yoroï n’est pas qu’un film pour moi; c’est une révélation, un talisman cinématographique qui nous rappelle que sous nos armures personnelles se cache une lumière éternelle, prête à affronter les ombres pour embrasser la vie dans toute sa splendeur. David Tomaszewski, avec Orelsan et son équipe, signe ici une œuvre intemporelle qui, je l’espère, marquera l’histoire du cinéma français tant il marie avec brio l’action haletante, l’humour, le fan service, la culture nippone et les thèmes adultes des excès du passé, des vieux démons, de la peur de l’avenir et de la responsabilité d’une future vie. Un hymne à l’amour transculturel et à la magie du quotidien. À voir absolument, à revoir inlassablement : Yoroï est le baume dont j’avais besoin, tout comme notre époque d’ailleurs !



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!