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Il faut bien l’avouer, pour les gens de goût, la sortie d’un nouveau film avec Bruce Willis est toujours un évènement attendu. Et la bande annonce du dernier en date, LOOPER avait de quoi mettre l’eau à la bouche en dépit de son réalisateur et scénariste quasiment inconnu, Rian Johnson. Retour sur ce spectacle en tous points étonnant.
Looper, le film à ne pas louper?
2074. Bien que les voyages temporels aient été interdits, la pègre les utilise pour éliminer les individus qu’elle estime gênants. Il suffit d’enlever la cible et de l’envoyer 30 ans plus tôt, où un tueur spécialisé -qualifié de Looper- l’accueille d’une salve de plomb et se débarrasse du corps contre rémunération. Cynique et égoïste, Joe (Joseph Gordon-Levitt) est un Looper qui place ses intérêts financiers au-dessus de toute autre considération. Jusqu’au jour où sa cible (Bruce Willis) lui échappe, cette cible n’étant autre que son équivalent du futur. Pourchassé par ses commanditaires et bien décidé à remplir son contrat pour récupérer sa vie, il se lance dans une course-poursuite qui pourrait bien changer le futur…
Par certains aspects, LOOPER n’est pas sans rappeler le génial REPO MEN de Miguel Sapochnik. Dans les deux cas, on se retrouve face à un anti-héro dépourvu d’état d’âme qui, lorsqu’il se retrouve à son tour pris pour cible, révèle finalement ce qu’il a de meilleur en lui. Dans les deux cas, on se surprend à prendre fait et cause pour ce personnage plus nuancé qu’il n’y paraissait. Et dans les deux cas, le film se conclut sur un final inattendu.
Mais LOOPER suit sa propre voie en construisant une intrigue complexe et prenante, développant les motivations opposées des deux alter-egos et passant de l’un à l’autre à chaque paroxysme du suspense. Le plus intéressant étant d’assister à une superbe analyse du libre arbitre. Car, au travers de ses deux protagonistes, le film nous rappelle que chacun de nos choix construit qui nous sommes. Et que celui qu’on est aujourd’hui peut être un individu profondément différent de celui qu’on sera trente ans plus tard… Même si ces deux êtres restent liés par leur passé commun.
Autant dire que LOOPER n’est pas un film popcorn, mais qu’il invite à une véritable réflexion tout en offrant un spectacle de qualité, émaillé de quelques superbes scènes d’action. Le tout étant porté par un casting de rêve avec Bruce Willis (Die Hard, RED), Joseph Gordon-Levitt (Inception, Dark Knight Rises), Emily Blunt (the Adjustment Bureau, Devils wear Prada ou encore the Werewolf) et Jeff Daniels (Timescape, Dumb & Dumber), chacun livrant une prestation d’égale qualité.
Loin d’être le film d’action spectaculaire attendu, LOOPER est une fable puissante et dramatique jouant sur l’antagonisme présent en chaque être humain entre sa part d’ombre et de lumière. Une fable qui entraîne les spectateurs vers un final magistral de cohérence et de profonde humanité et qui justifie pleinement son titre. Car finalement, LOOPER est un voyage tout au long d’une boucle parfaitement bouclée. Si une minute de silence à la fin d’un film peut être considérée comme la marque d‘un impact profond sur son public, alors ce film est tout simplement une perle.