Review
Quand on parle de Frankenstein, tout le monde pense à sa sombre créature. Aussi, quand un film s’attèle à mettre en avant l’histoire du Docteur qui l’a créée et non du monstre, on ne peut qu’être intéressé. Un long métrage qui s’inscrit dans la tendance actuelle de reboot des films de monstres, comme a pu le faire Dracula Untold, par exemple (en critique en cliquant ici). Alors, ce « Docteur Frankenstein » qui met en scène Daniel Radcliffe (Harry Potter) dans le rôle d’Igor le Bossu parviendra-t-il à surpasser les longs métrages antérieurs sur le mythe ?
Igor Strausman (Daniel Radcliffe) n’est qu’un humble bossu travaillant pour un cirque lorsque le Docteur Victor Frankenstein (James McAvoy) le rencontre. Ce dernier s’aperçoit rapidement du génie de l’homme en matière médicale et décide rapidement d’en faire son assistant. Il faut dire que tous deux partagent une vision noble de la médecine : celle d’aider l’humanité en travaillant sur l’immortalité. Pour Victor en effet, la mort n’est qu’une étape au même titre que la vie, et possède de ce fait un début et une fin. Cependant, les expériences qu’il mène afin de réaliser son rêve vont trop loin, entraînant tout un tas de conséquences catastrophiques. A présent, Igor semble être la seule personne à pouvoir le raisonner et le sauver de son délire de création monstrueuse.
Niveau technique, ce Docteur Frankenstein offre des décors qui nous immergent rapidement dans cette Europe du XIXème siècle propre à l’œuvre de Mary Shelley. Le machinisme se développe, certes, mais on garde ce côté ancien mixant allègrement les transports en calèche et les premières voitures, par exemple. Le tout est enrobé par des costumes travaillés et des effets spéciaux réalistes au possible, de sorte que le spectacle visuel est constant. Mais il y a un « problème » face à tant de véracité : on note très vite tout ce qui a pu être ajouté par ordinateur niveau environnements. Le souci, c’est que visuellement, une fois que l’on a remarqué la mauvaise insertion des images de synthèse… on finit par ne plus voir que ça.
Autre bémol : le film a tendance à prendre de sacrés raccourcis. Ainsi, Igor passe beaucoup trop rapidement du statut de simple bossu dans un cirque à celui de super assistant, donnant l’impression qu’on a loupé plusieurs semaines de la vie du personnage. Même constat pour les expériences de Victor Frankenstein. Du coup, on a parfois l’impression que le long métrage n’est constitué que d’une succession de scènes certes visuellement superbes… mais reliées entre elles par un trop mince fil de cohérence. Le tout, sans parler d’une mise en scène pas toujours optimale avec des angles de caméra nous gâchant parfois certaines scènes…
Heureusement pour l’œuvre, la musique vient adoucir cette désagréable sensation, proposant un résultat convaincant qui se tient tout du long, et le jeu des acteurs permet au miracle d’avoir lieu en rendant la progression de l’intrigue et le suspense vraiment plaisant. Vous l’aurez compris : le duo James McAvoy/Daniel Radcliffe relève à lui seul le niveau d’un titre qui aurait pu passer aux oubliettes sans ce binôme. Casting réussi donc.
Au final, ce Frankenstein souffle le chaud et le froid. On a un film visuellement beau, certes, mais qui incorpore des défauts d’utilisation d’images de synthèse et une mise en scène parfois peu inspirée, reliant entre elles par un fil scénaristique trop abrupt des séquences heureusement sauvées grâce à un duo d’acteur totalement bluffant. Bref, le long métrage est loin d’être un chef d’œuvre, mais il permet de passer un bon moment si on n’en attend rien, en revisitant une histoire bien connue pour en faire un film plaisant à regarder. Quand on voit le nombre d’adaptations de romans classiques complètement ratées, c’est déjà pas si mal!