Review
Conte mythique s’il en est, la Belle et la Bête nous narre l’histoire d’un amour qui va au-delà des apparences et de l’opinion des autres pour nous livrer une fantastique histoire de passion et d’acceptation de soi et d’autrui. L’adaptation la plus connue de ce récit est indubitablement celle de Disney mais le grand Mamoru Hosoda, à qui l’on doit des chefs d’oeuvre de l’animation japonaise tels que Summer Wars ou encore Les Enfants Loups, a décidé de s’attaquer à la légende pour la transposer… dans le monde des réseaux sociaux et de la réalité virtuelle ! Accompagné de Jin Kim, alias le chara-designer de Raiponce et de la Reine des Neiges (de… Disney justement), le maître nous offre une relecture qui risque bien de vous surprendre autant que de vous envoûter, le tout avec la voix de Louane en tant que Belle ! J’ai eu la chance de voir ce film bien avant sa sortie officielle ce jour et je vous invite à découvrir ce long métrage tout bonnement… époustouflant !
Suzu (Louane) est une adolescente plutôt timide coincée dans sa petite ville de montagne avec son père depuis la mort de sa mère, cette dernière s’étant noyée en sauvant un enfant en détresse. Détruite psychologiquement et incapable de chanter depuis ce jour funeste, notre étudiante va cependant trouver un formidable pansement à son mal-être en découvrant U, un monde virtuel terriblement immersif dans lequel tout le monde est représenté en fonction de sa vraie nature. C’est ainsi que, grâce à son amie ultra geek (et complètement déjantée) Hiroka, elle devient Belle, une icône musicale suivie par plus de… 5 milliards de followers !
Si tout se déroule sans encombre au départ, cette double vie va cependant rapidement s’avérer complexe à gérer pour notre héroïne qui se retrouve plongée dans un torrent d’émotions lorsqu’elle rencontre Dragon, une bête difforme qui ne semble exister que pour la souffrance et le combat.
Qui est-il ? Pourquoi son avatar est-il couvert de bleus ? Et comment faire lorsque les sentiments amoureux s’en mêlent alors que toute votre vie est scrutée par la planète entière qui ignore tout de votre identité d’écolière meurtrie ? Toutes les réponses à ces questions, Suzu devra les trouver au cours d’un voyage initiatique entre réel et virtuel, qui pourrait bien la forcer à révéler à la face du monde… qui elle est vraiment !
Adepte des oeuvres marquantes dans le domaine de l’animation japonaise, Mamoru Hosoda s’est donc lancé comme défi de revisiter le mythe de la Belle et la Bête sous le prisme de notre ère numérique et autant dire que visuellement, il nous livre un spectacle époustouflant de bout en bout ! De fait, on retrouve des techniques traditionnelles dans le monde réel, avec un quotidien d’étudiant finement représenté et qui fleure bon le Japon rural, mais dès que l’on passe sur U, c’est un tout autre standing !
Le réalisateur a ainsi décidé de faire dans la démesure, le faste et la folie artistique la plus grandiose en utilisant une animation et des décors 3D réellement magnifiques ! On en prend plein les yeux et on ressort bouche bée de chaque incursion dans ce monde virtuel si riche en détails, en couleurs et en effets de lumière et de reflets somptueux ! Chaque plan est une oeuvre d’art à part entière, c’est aussi simple que cela !
Bref, le film jouit d’une maestria visuelle incroyable mais pour en faire un long métrage d’exception, il faut aussi qu’il se pare d’un récit surprenant autant que passionnant à suivre. Et là on pourrait se dire que nous refaire le coup de la Belle et la Bête, conte que l’on connaît par coeur, pourrait être la solution de facilité afin de plaire au grand public tout en restant sur un rail tracé d’avance mais ô combien sécurisant.
Et bien c’est mal connaître Hosoda San qui a choisi de mêler habilement réseaux sociaux, traumas de l’enfance, faits d’actualité et nouvelles technologies pour nous offrir un fabuleux récit empreint de surprises et d’incroyables révélations tout du long pour un final vibrant d’émotions !
A cela s’ajoute la merveilleuse interprétation vocale de Louane en Belle, la chanteuse atteignant des notes qu’on ne lui soupçonnait même pas sur des chansons adaptées par la talentueuse compositrice et musicienne Cécile Corbel, bien connue pour la musique originale du film ARRIETTY, rien que ça !
De fait, chaque titre musical est un pur régal pour les oreilles, un véritable tube en puissance. La première mélodie « Millenium Parade – U » m’a d’ailleurs clairement donné des frissons dès la première seconde, tandis que j’ai versé quelques larmes sur le magnifique « Laisse-moi entrer » qui fait office de thème primordial à la façon de celui interprété par Céline Dion dans l’oeuvre de Disney.
Vous l’aurez compris : avec « Belle », Mamoru Hosoda nous livre un nouveau film culte qui revisite avec brio un mythe que l’on pensait connaître par coeur tout en se permettant de montrer que les réseaux sociaux tant décriés dans l’actualité peuvent être un formidable lieu d’accomplissement personnel, d’entraide et de compassion entre de bonnes mains. Un pur bonheur de bout en bout !