Review
Nouveau jeu d’Hideo Kojima, le génial créateur de Metal Gear Solid, Death Stranding vous place dans la peau de Sam Porter Bridges (joué par Norman Reedus), dont la mission est de traverser les Etats-Unis pour « reconnecter » les gens entre eux, créer des liens, assurer des livraisons et découvrir, petit à petit, l’horreur qui se cache derrière la présence des « Echoués », des morts qui errent sur les terres des vivants. Une histoire passionnante au service du « Strand System », qui entend définir un nouveau genre de jeu. Pari gagné pour le premier soft de Kojima Productions ? Oh que oui!
Un scénario d’une profondeur folle
Trois ans, il n’aura fallu que trois années à Hideo Kojima, génial créateur de la saga Metal Gear Solid, pour sortir du giron de Konami, faire le tour des plus grands studios de développement histoire de se choisir un moteur de jeu qui dépote, trouver un partenaire d’édition en la personne de Sony PlayStation et monter sur pied une équipe d’une centaine de personnes sous l’égide « Kojima Productions » avant de nous livrer… son premier jeu en totale indépendance! Un véritable tour de force quand on veut créer, comme l’a annoncé celui qui a engendré le premier « Tactical Espionnage Action Game », un triple A d’un nouveau genre, doté d’une réalisation apte à décrocher la rétine de tout bon gamer qui se respecte. Du coup, on doit bien avouer qu’on avait un peu « peur » de Death Stranding, et notamment de la volonté affichée par Kojima d’en dire un minimum sur son soft. Et pourtant… toutes nos craintes se sont envolées dès les cinq premières minutes manette en main!
Dans Death Stranding, vous dirigez Sam Porter Bridges, incarné par Norman Reedus (The Walking Dead). Sur un continent américain post-apocalyptique livré à lui-même à la suite d’une catastrophe ayant affaibli la frontière entre la mort et le monde des vivants, Sam est un rouage essentiel des relations entre humains puisqu’il est porteur/livreur, apte donc à délivrer des biens à des personnes qui sont dans le besoin et à permettre un nouvel essor de la société. Petit souci: les Etats-Unis d’Amérique sont totalement « déconnectés »: entendez par là que seules subsistent de rares villes et centres technologiques, sans aucuns liens entre eux. Ajoutez à cela le fait que la Présidente, symbole d’union, passe l’arme à gauche et vous comprendrez que le monde se meurt, voué qu’il est à subir d’horribles pluies noires vieillissant (jusqu’à la mort) tout sur leur passage, et incluant dans leur sillage les terribles « Echoués », des âmes en peine capables de vous entraîner dans leur tourment: une indicible marée noire pleine de monstres difformes et titanesques.
Heureusement, la fille de la Présidente, Amélie, pourtant retenue en otage à l’autre bout du continent, va parvenir à contacter Sam pour lui demander d’une part de reconnecter chaque station humaine encore en service sur le réseau chiral, un immense réseau de communication et d’échange énergétique, mais aussi de venir la libérer de ses ravisseurs, l’étrange groupe des Homo Demens, qui cherche à tirer profit du chaos ambiant pour éviter toute union du peuple. Et c’est parti pour une aventure d’une profondeur incroyable, remplie de moments d’intense émotion, de personnages ultra charismatiques et surtout d’une aura de paranormal qui nous a happés du début à la fin des 50 heures qu’il vous faudra pour boucler votre périple!
Un « jeu de livreur ». Oh que non!
Niveau gameplay, le début de Death Stranding pourra vous faire injustement penser à un simple jeu de livraison avec une gestion de paquetage et une répartition du poids pour garder votre équilibre, géré avec L2 et R2 pour attraper les sangles de votre cargaison et pencher d’un côté ou de l’autre. On ressent d’entrée de jeu la lourdeur des charges transportées par Sam, on trébuche, on fracasse une ou deux caisses avant de cerner le truc et de prendre un sacré plaisir à analyser le terrain qui s’offre à perte de vue devant nous. Car en plus des Echoués, votre héros devra aussi affronter les aspérités du terrain, les cours d’eau plutôt violents, les chutes éventuelles, les séquences d’escalade et j’en passe pour une liberté d’action hors norme. Heureusement que vous pourrez compter sur votre BB, alias Bridge Baby, dont la liaison avec Sam lui enverra d’étranges flashbacks mais lui permettra surtout de voir les spectres et autres abominations pour peu que vous preniez soin du chérubin. Une idée redoutable qui tisse d’office un lien entre vous et votre petit être à protéger.
Par la suite, le soft vous offre des véhicules, des tours de guet pour repérer les ennemis à distance et même des armes capables d’anéantir vos opposants spectraux grâce à votre propre sang! Et on ne peut pas vous dire le quart de ce qu’on a vu pour ne rien vous spoiler, mais sachez que chaque épisode du titre (qui en compte 15) apporte avec lui un gros retournement de gameplay qui vous fait redécouvrir tout ce que vous pensiez connaître. Du coup, l’exploration est magnifiée à chaque instant, on prend une jouissance incroyable à parcourir cet Open World aussi dense, aussi unique, aussi dangereux. Mais rassurez-vous, en plus de vous offrir un système de craft pour vos échelles, vos piolets et autres utilitaires, le jeu instaure également quelque chose de plutôt fou et qui vous aidera grandement: le Strand System!
Le Strand System: l’une des nombreuses idées de génie de Kojima
Oui, c’est du pur Kojima: quelque chose de novateur et qui révolutionne votre vision même du soft. Pour faire simple, disons que bien que fassiez l’aventure en pur solo, d’autres « Sam Porter » interagissent avec votre monde, construisant ça et là des structures pour vous venir en aide, vous demandant des livraisons bien précises car ils en ont besoin pour eux-mêmes, tandis que de votre côté vous pourrez ramasser des marchandises égarées par les autres gamers pour les livrer à bon port. Le but? Ramasser des likes, qui vous seront utiles durant l’aventure bien entendu.
En effet, chaque joueur peut vous envoyer un certain nombre de « j’aime » en fonction de l’utilité de ce que vous aurez érigé sur votre terrain et partagé avec eux: un pont, un générateur servant à recharger votre moto ou même… des armes et matières premières que vous pourrez stocker dans des armoires communes où tout un chacun pourra venir se servir. Bref, c’est l’entraide pure entre joueurs, et c’est terriblement gratifiant! Ajoutez à cela une gestion des capacités de votre personnage en fonction de votre façon de jouer (transportez des charges lourdes et vous gagnerez en puissance, faites vos livraisons dans des délais records et vous irez plus vite, …) et vous devinerez que le gameplay est d’une profondeur rare.
Le plus beau soft de cette génération?
Sur le plan visuel, n’y allons pas par quatre chemins: avec le moteur Decima Engine qui fait tourner Horizon Zero Dawn, Hideo Kojima nous offre sans doute l’un des plus beaux, si pas le plus beau jeu de la PlayStation 4. Modélisations des personnages hautement convaincante, performance capture au top, détails graphiques à foison, effets de lumière et de pluie enivrants de poésie et enfin décors photo-réalistes à perte de vue: Death Stranding envoûte la rétine comme jamais, le tout sans que le framerate ne montre le moindre essoufflement. La PlayStation 4 nous livre ici une prestation qui nous envoie clairement vers la Next-Gen, et il fallait bien ça quand on connaît les ambitions de Kojima et son amour pour le 7ème art.
Niveau musical, c’est un sans faute absolu avec des chansons qui prennent de suite aux tripes dès les premières minutes, des bruitages environnementaux immersifs à souhait, des séquences sonores angoissantes lors de vos confrontations avec les Echoués et surtout un doublage français digne des plus grands puisque l’on a affaire aux voix FR officielles des acteurs comme Norman Reedus ou Mads Mikkelsen. Un régal!
Jeu de l’année?
Vous l’aurez compris, Hideo Kojima a réussi son pari totalement fou de créer un titre aussi inoubliable que Metal Gear Solid en l’espace de seulement 3 ans! Avec son moteur de jeu qui envoie du lourd, son scénario qui va vous bouleverser, ses personnages incroyablement humains, sa bande-son de folie et son gameplay qui vous prouve que oui, alors qu’on croit avoir tout vu en matière de jeux vidéo, on peut encore être surpris et ébahis par tant d’ingéniosité en un seul soft, Death Stranding est tout bonnement le jeu de l’année, sans aucune contestation possible. Un opus dont on espère qu’il deviendra le premier volet d’une saga qui a toutes les clés en mains pour devenir une oeuvre vidéoludique majeure!
Le Vidéo-Test par Neoanderson
Réalisation: 19,5/20
En optant pour le Decima Engine, alias le moteur propriétaire de Guerrilla Games (qui a donc servi pour Horizon Zero Dawn), Kojima Productions a clairement fait le bon choix et nous livre, avec Death Stranding, rien de moins que l’un des plus beaux jeux, si pas le plus beau, de la PlayStation 4. Certes, il reste un chouïa en deçà de God of War en termes de modélisation graphique, mais il a pour lui d’offrir un Open World sacrément vaste, bourré de détails graphiques, d’aspérités de terrain, de conditions climatiques parfois glaciales et surtout… d’une distance d’affichage redoutable! Ajoutez à cela des effets spéciaux totalement hallucinants, notamment lorsque vous vous faites attraper par un échoué et que tout le décor se transforme en marée noire en temps réel, et vous comprendrez qu’hormis quelques soucis de collision, il n’y a rien à reprocher au nouveau chef d’oeuvre de Kojima! Une claque visuelle qui nous entraîne déjà vers la Next-Gen!
Gameplay/Scénario: 20/20
Le scénario de Death Stranding se dévoile avec un talent certain, sans jamais trop en dire dans les premières heures, pour nous amener de surprises en surprises au fil des épisodes, jusqu’à d’indicibles vérités, des retournements de situation qui vont vous laisser bouche bée et surtout d’intenses moments d’émotion. Oui, Kojima est fan de ciné, et ça se ressent dans son montage, sa façon d’amener les événements, de prendre les joueurs à revers pour mieux les faire réfléchir. Attendez-vous à un roller-coaster psychologique ! Niveau gameplay, les débuts font d’abord penser à un simple « jeu de livraison » avec gestion du paquetage et de l’équilibre, mais croyez-nous… ça se densifie monstrueusement au fil du temps, avec la présence de véhicules, d’armes issues de votre propre corps, la menace des échoués et j’en passe, pour devenir au final quelque chose d’ultra chronophage, qui dévoile peu à peu une aura unique en son genre, notamment via le Strand System qui invente à lui seul un tout nouveau genre de jeu où l’aide aux autres devient aussi naturelle que gratifiante. Du génie, tout simplement.
Bande-Son: 20/20
Chansons divines dignes des plus grands films contemplatifs, musiques soulignant avec maestria chaque séquence pour la rendre inoubliable, rythmes frénétiques lors des phases de néantisation, bruitages incroyables, tout a été pensé pour rendre votre voyage auditif hors norme. Cerise sur le gâteau, un doublage français avec les voix des vrais comédiens FR officiels de chaque acteur, Norman Reedus et Mads Mikkelsen en tête !
Durée de vie: 20/20
Comptez entre 40 et 50h pour boucler le jeu en accomplissant une partie des livraisons annexes, et bien plus si vous comptez atteindre le mythique 100%. De plus, le gameplay se densifie tellement au fil des épisodes que vous n’aurez de cesse de parcourir d’anciennes contrées pour en découvrir de nouveaux secrets, aider d’autres joueurs et accepter des demandes émanant de gamers bien réels et dans le besoin.
Note Globale N-Gamz.com: 20/20
Quand Hideo Kojima se libère de toutes les contraintes créatives que lui imposait Konami et vole de ses propres ailes… cela nous donne Death Stranding, un jeu qui prouve tout le génie du Maître et sa volonté de nous proposer des jeux différents des standards actuels, des titres qui ont la capacité de marquer le gamer à vie. Avec sa réalisation digne des plus grands films hollywoodiens, sa bande-son VF envoûtante, son scénario aussi profond que propice à la réflexion et son gameplay qui se densifie sans cesse, sans jamais lasser, au fil des quinze épisodes que comptent le jeu, Death Stranding offre une quarantaine d’heures de pur plaisir vidéoludique comme on en a rarement connu ! C’est simple : vous n’aurez JAMAIS envie de lâcher votre DualShock 4 ! Un soft qui invente à lui seul un nouveau genre, le Strand System, qui vous pousse à aider votre prochain et que l’on espère voir reproduire dans les futurs œuvres de Kojima ! Allez, ne mâchons pas nos mots : Death Stranding est LE jeu de l’année, point !