Invité par Nintendo jeudi dernier pour leur événement annuel « Post-E3 », nous avons pu jouer à une grosse partie du line up du constructeur nippon prévu pour les derniers mois de 2018, et notamment à celui qui a un peu surpris tout le monde lors de son officialisation sur Switch: Pokémon Let’s Go Pikachu & Evoli! En effet, nombre de gamers attendaient une suite aux opus RPG de la saga Pokémon, avec une huitième génération de monstres, mais c’est au final un remake de Pokémon Jaune qui débarque, amputé d’une partie de ses combats tactiques pour les remplacer par du lancer de Pokéball façon Pokémon GO! Au début, les fans ont crié au scandale mais maintenant qu’on a pu y jouer, Pokéball Plus en main, on doit bien avouer que le titre possède de très bonnes idées et pourrait bien réaliser le rêve de Nintendo: élargir le public de la licence et vous faire jouer… en famille!
C’est en plein coeur du Kinepolis d’Utrecht, après plus de 3 heures de route (et 1h30 de train… oui, on est des warriors!) que nous avons pu assister à une présentation manette en main de Pokémon Let’s Go Pikachu/Evoli avant de nous adonner, Pokéball Plus solidement harnachée au poignet, à une petite balade en plein coeur d’une forêt remplie de Pokémons à capturer. De quoi nous faire une bonne idée du titre!
Tout d’abord, il faut savoir que Pokémon Let’s Go est un remake de Pokémon Jaune dans lequel votre petite bestiole de départ n’est autre qu’un Pikachu juché sur votre épaule (ou un Evoli juché sur… votre tête, ahem). On retrouve donc avec plaisir, pour les plus nostalgiques d’entre nous, les paysages pittoresques et campagnards du Kanto, qui ont pour le coup été totalement modélisés en 3D vue de 3/4 haut, avec des effets de lumière chatoyants donnant réellement une atmosphère printanière et bucolique à vos pérégrinations. Dommage, par contre, que les personnages ne jouissent pas d’un bon ravalement de façade. On reste ainsi sur un look un brin SD et totalement enfantin, voire même super statique dans les animations (les lèvres ne bougent pas, par exemple), loin de ce que la Switch peut proposer en termes de rendu visuel (et que l’on verra sûrement sur le VRAI Pokémon RPG de 2019). Idem pour les Pokémons, un peu trop lisses selon nous.
Bref, ce n’est pas avec sa réalisation graphique que ce Pokémon va sortir du lot mais plutôt… par son gameplay! En effet, armé de notre Pokéball Plus (qui se monnaie quand même 50€ avec un Mew intégré), on dirige notre personnage avec un stick central qui fait également office de touche de commande pour valider notre choix dans les menus, un bouton rouge situé en haut de la Pokéball permettant d’annuler notre sélection. La jouabilité est donc ultra simpliste et se destine dans un premier temps aux plus jeunes joueurs, même si le fait de devoir « cliquer » sur un joystick pour effectuer une action dans un menu entraîne quelques ratés hélas.
Mais la Pokéball Plus ne servira pas que de manette de luxe puisqu’elle vous permettra de capturer des Pokémons en combat (possible aussi au Joy-Con, rassurez-vous), simplement en la jetant vers le monstre grâce à la détection de mouvement, au moment où un cercle se referme sur votre cible. Jetez trop tôt et c’est l’échec assuré. A noter qu’un niveau de difficulté a également été implanté en fonction du Pokémon à capturer, via un code couleur: un cercle vert correspond à une bestiole simple à prendre dans ses filets, jaune un peu plus complexe et rouge carrément hardcore.
Et là , vous vous dites: « Facile, il suffit de diminuer l’énergie de notre adversaire en le combattant pour le rendre plus simple à récupérer! »… et bien non, car hormis durant les combats contre d’autres dresseurs qui se déroulent au tour par tour avec gestion de votre deck de Pokémons et sélection de coups spéciaux « old school », il n’y pas de rixe stratégique à proprement parler dans Pokémon Let’s Go! Heureusement, vous pourrez utiliser de la nourriture pour amadouer votre opposant ou carrément… une Master Ball!
Alors honnêtement, ce système a pour avantage de rendre les rencontres avec des Pokémons sauvages, tous visibles sur la carte d’ailleurs, beaucoup moins rébarbatives qu’avant. Il faut dire qu’on finissait en général par toutes les fuir faute de temps, mais les fans auront sans doute un peu de mal avec ce qui s’apparente désormais à un jeu d’adresse et de timing plus qu’à un RPG. Et pourtant, cette simplicité de compréhension et d’utilisation est idéale pour un jeune public ou une famille, d’autant que le jeu inclut un mode coopératif!
Et puis les gamers hardcore trouveront quand même leur dose de combat à l’ancienne avec les duels de dresseurs, plus nombreux qu’il n’y paraît, et qui fleurent bon la nostalgie des opus Game Boy malgré un niveau de difficulté revu à la baisse et quelques aides dans un esprit toujours un peu « casual ». Ainsi, on ne sera pas étonné de voir notre éternel rival nous donner des Pokéballs plus performantes ou de la nourriture juste… parce qu’il est gentil dans le fond.
De même, le fait que vous ne puissiez vous battre contre Pierre, le champion d’Arène adepte des Pokémons Roche, que si vous prouvez au garde à l’entrée que vous possédez un Pokémon Plante ou Eau (soit le point faible de la Roche), témoigne encore d’un voyage qui veut être le moins frustrant possible pour les newbies de la saga.
Bien sûr, certains penseront que Pokémon Let’s Go Pikachu/Evoli s’apparente à un Pokémon Casual, mais ce serait juger un peu prématurément le jeu de Nintendo car le titre fourmille de petits ajouts et autres clin d’oeils sympathiques, comme ces sprites 2D made in Game Boy pour votre deck de monstres, une gestion de la taille des Pokémons (large/tiny) ou de leur rareté, avec par exemple la possibilité de chevaucher un Onyx, ou un Dracaufeu sur la map et de réellement sentir sa grandeur, ou encore la compatibilité avec Pokémon GO qui permet de récupérer ingame des Pokémons capturés avec votre smartphone.
En outre, il ne faut pas oublier cette Pokéball Plus qui émet le son de la bestiole capturée et vibre à l’unisson pour une vraie immersion, même si on a pu constater que la jeter « à la cuillère » s’avère bien plus efficace que façon balle de baseball, pourtant plus réaliste. Et oui, la détection de mouvement peine un peu sur ce point, même s’il reste quelques mois à Big N pour « corriger le tir », sans mauvais jeux de mots. Enfin, le gain d’XP et le choix de pouvoir et d’évolution sont toujours de la partie!
Vous l’aurez compris, Nintendo pourrait bien toucher un public plus large qu’à l’accoutumée avec ce Pokémon Let’s Go Pikachu/Evoli qui ne sacrifie au final qu’une partie de ses combats au tour par tour pour les remplacer par un jeu d’adresse plutôt bien pensé histoire d’améliorer son accessibilité, mais ne renie en aucun cas son riche héritage RPG et devrait nous promettre de belles heures de jeu en plein coeur du Kanto, cette région si chère au coeur des fans! Est-ce qu’il risque de froisser les adorateurs purs et durs des opus RPG… sans doute, mais ce soft plus simple d’accès pourrait bien créer de nouveaux fans à sa sortie prévue le 16 novembre prochain sur Switch! Nous en tous cas, on a bien envie de repartir à la chasse aux monstres de poche, Pokéball Plus en main!
La Bande-Annonce
La Note Preview N-Gamz: 4/5 pour le public familial, 3/5 sinon