Développé par Giant Sparrow, les petits gars derrière le très intéressant mais trop court « The Unfinished Swan » (en test et vidéo-test à cette adresse : http://n-gamz.com/video-game-review/the-unfinished-swan-test-video-only/), What Remains of Edith Finch nous a plutôt surpris lors de ce PSN Gaming Friday. Pas par sa technique, loin de là, mais plutôt par son propos nous contant l’histoire d’une famille américaine maudite, suivie sur plus d’un siècle. Une aventure narrative sombre et glauque, exclusivement sur PlayStation 4, qui pourrait bien faire parler d’elle prochainement… sous certaines conditions.
La démo qui nous était présentée pour ce « What Remains of Edith Finch » nous plaçait d’abord aux commandes… d’Edith Finch justement ! Dernière survivante de la famille du même nom, la jeune femme se retrouve sur le pont d’un ferry en approche d’une île plutôt étrange, dans l’état de Washington. Feuilletant maladroitement les pages d’un journal intime, elle tente de se remémorer les souvenirs de sa jeunesse et de fouiller dans le passé de ses ancêtres, tous morts dans de mystérieuses circonstances. A peine a-t-elle ouvert le carnet que l’on se retrouve catapulté dans une dense forêt verdoyante.
En vue à la première personne, on déplace notre héroïne de façon classique et plutôt lente jusqu’à parvenir aux portes d’une demeure pas comme les autres. Sorte d’arrangement de plusieurs maisons collées verticalement entre elles de façon erratique, l’édifice abrite bien des secrets, à commencer par des chambres verrouillées portant les noms et dates de décès de chaque personne y ayant vécu. Sans trop avoir le choix, le jeu vous « guide » alors vers la pièce allouée à la plus jeune des Finch, Molly, morte le 13/12/1940.
Le gameplay de « What Remains of Edith Finch » est simpliste au possible. Les deux sticks pour se déplacer et une touche (R2) pour interagir avec les éléments du décor indiqués par un simple point blanc tout ce qu’il y a de plus minime, un peu à la façon d’un titre Quantic Dream ultra épuré. On se doute que tout cela est pensé de longue date pour assurer la plus grande immersion possible, comme en témoignent les rares mots apparaissant à l’écran de façon contextuelle et totalement intégrés dans le décor. Le tout est incroyablement dirigiste pour l’instant et nous amène à investiguer très légèrement dans la chambre de Molly, avant d’incarner directement cette dernière pour comprendre comment elle est morte.
On retrouve donc une petite fille recluse dans son lit, enfermée par sa mère sans rien avoir à manger. Au beau milieu de la nuit, la faim la tenaillant, elle erre dans la pièce à la recherche de quelque chose à grignoter. On envisage le poisson rouge, sans conviction, puis on se sert en carottes avariées (à destination du gerbille mort depuis… 6 mois), baies artificielles et… dentifrice ! De quoi faire de sacrés hallucinations, comme en témoignent la séquence qui suit. En effet, Molly tente de sortir de chez elle par la fenêtre, attirée par un oiseau venu toquer à son carreau. Instantanément, voilà la petite fille qui se transforme en chat, et le jeu qui devient une course poursuite sur les branches d’un arbre entre le félin et son futur repas ! A nouveau, seule la touche R2 et les joysticks sont utilisés. De fil en aiguille, vous allez avoir la surprise de vous muter en chouette à la chasse aux lapins puis en requin coursant des phoques pour les dévorer avant de devenir un monstre tentaculaire adepte de la chair humaine, sur le pont d’un bateau rempli de voyageurs.
A chaque fois, la simplicité est de mise et l’objectif coule de source : manger… avec R2 ! On est cependant agréablement surpris par le changement de jouabilité lié à cette touche : sauter de branche en branche en félin, fondre en piqué en tant que chouette, nager à toute vitesse pour le requin, ou juste étirer son corps jusqu’à sa mortelle tentacule de monstre. Le surréalisme est également de rigueur, avec cette séquence où on se morphe d’oiseau en poisson… en plein ciel ! Vous avez déjà vu « Les Dents de la Mer provoquent un accident de camion en rejoignant l’Océan! »… Nous oui depuis qu’on a joué à « What Remains of Edith Finch » ! Enfin, la démo se conclut avec un côté extrêmement sombre, puisque votre « monstre » remonte lentement, par les égoûts, jusqu’à la cuvette des toilettes de votre chambre, avant de se glisser… sous votre lit ! La petite Molly reprend alors ses esprits et sort cette phrase terrifiante : « Le Monstre est là… et il sait comme moi que… je suis délicieuse ! ».
Bref, le voyage est intéressant, d’autant qu’on nous promet un gameplay différent en fonction du membre de la famille dont on explorera le passé, même si la finalité sera toujours la même : la mort ! On peut donc espérer pas mal d’originalité et, on l’espère, une sympathique durée de vie.
En fait, le principal souci du jeu vient surtout de sa réalisation calamiteuse. Certes, l’ambiance sonore est incroyable d’immersion et les environnements sont plutôt bien retranscrits, comme la densité de végétation dans la forêt et ses effets lumineux et climatiques réalistes, ou encore la belle modélisation des intérieurs dans la demeure familiale, mais les textures sont trop pixelisées, l’animation, déjà lente à la base, rame comme pas possible dès qu’il y a quelques éléments à faire bouger dans le décor, les bugs de collisions sont légions et les loadings avant chaque séquence de jeu sont interminables !
Vous l’aurez compris, ce « What Remains of Edith Finch » a le don de souffler le chaud et le froid. Si on saluera une histoire intéressante et un gameplay qui tentera, dans le produit final, de se renouveler sans cesse tout en restant très accessible, on ne peut que déplorer l’énorme linéarité de l’ensemble et les gros problèmes de finition en termes de moteur de jeu, qui ternissent radicalement l’immersion souhaitée par les développeurs. On croise les doigts, néanmoins, pour que tout cela soit corrigé dans les délais, le titre n’étant prévu que pour un vague « 2016 ». Comptez sur nous pour suivre l’évolution du projet de très près, en tous cas.
La Note Preview N-Gamz: 3/5