Du 12 Septembre 2012 au 7 Janvier 2013 s’est tenue au musée Guimet, à Paris, l’exposition consacrée à Hokusai, grand maître de la peinture japonaise, et inventeur du terme Manga. Ni une, ni deux, votre reporter de l’extrême, Ichiman, s’est rendu sur place pour vous fournir un compte-rendu digne de ce nom. Savourez, c’est de l’art à l’état pur!
Vous connaissez sûrement son nom, et sa célèbre « Grande Vague » qui a
inspiré le logo de Quiksilver, mais que savez-vous d’Hokusai ? Autant que moi, c’est-à -dire pas grand-chose ? Alors, petite présentation, par le Musée Guimet : » Katsushika Hokusai (1760-1849), fût sans doute le plus célèbre des peintres et dessinateurs japonais de sa génération, le plus extraordinaire, et celui dont la renommée a le plus rapidement franchi les mers. Artiste polyvalent et complet, spécialiste de l’Ukiyo-e * s’étant aussi réalisé dans l’écriture, son nom est depuis longtemps populaire en Europe et sa vie apparaît comme une quête touchante de la perfection se composant de six grandes périodes, parcours que retrace le fil de l’exposition. Artiste du peuple, il est mort presque ignoré, sinon méprisé de la classe aristocratique. La vogue énorme de son talent dans la classe populaire ne s’est guère étendue au delà des lettrés et des dilettantes de la petite bourgeoisie. La foule de ses admirateurs se recrutait principalement parmi les marchands, les artisans, les courtisanes et les habitués des maisons de thé de Edo (1603-1867, actuelle Tokyo). Si son influence resta quasi inexistante sur les écoles d’art classique de Kyoto, sur les nobles et le monde de la cour, elle fut, au contraire, décisive, sur l’évolution de l’Ukiyo-e et sur les destinées des arts décoratifs, tels que l’imagerie en couleurs et la décoration des objets usuels. Aujourd’hui, le Japon en est encore l’héritier. Hokusai marque la dernière étape de l’art national Nippon en estampe de paysage, avant l’invasion des modes et des idées européennes. »
(*Ukiyo-e ; 浮世絵, terme japonais signifiant « image du monde flottant »). Mouvement artistique de l’époque d’Edo (1603–1868) qui comprenait à la fois une peinture populaire et narrative originale, et aussi -mais surtout- les estampes gravées sur bois. (Ndla)
Concernant le Musée, où se tenait l’exposition, dommage qu’il soit interdit de faire des photos : le cadre mettait bien en valeur l’art du Maître (J’aurais adoré vous montrer les colonnes en forme de nymphes, mais bon… Pas grave…)
L’ukiyo-e, la peinture dite du « monde éphémère »Â
Que nous dit l’exposition de cet art ? « L’art de l’Ukiyo-e, images du monde flottant, est né à Edo. Il reflète la passion du théâtre, des restaurants, des geishas et des shunga (images érotiques), mais aussi l’importance de la nature et de la tradition. Les thématiques sont souvent liées à la représentation des acteurs de kabuki mais aussi à l’amour, scènes érotiques et idéal féminin aux formes fragiles. Les Bijin, images de belles femmes, évoquent à la fois un monde de plaisir et d’éphémère. Que ce soient des courtisanes, des prostituées ou de simples femmes, leur attitude, leurs vêtements et la façon dont elles sont maquillées, constituent un langage qu’il est nécessaire de décrypter pour comprendre l’art japonais de l’époque Edo » Ce n’est donc pas pornographique. C’est une idéalisation de la beauté féminine, un hommage. Et un reflet de l’époque.
Enfin, c’est la peinture de paysages qui triomphe au XIXe siècle. Hokusai connaît la peinture occidentale et la perspective linéaire de celle-ci. Réciproquement, le maître séduit les peintres post-impressionnistes, comme Van Gogh, et les symbolistes français. Les estampes japonaises circulaient déjà en France dans les années 1860, mais arrivèrent en masse (après 1868), grâce à  des artistes et des marchands spécialisés, lorsque le Japon ouvrit ses frontières sur le monde. Ses « Trente-six vues du Mont Fuji » , célèbre série de 46 estampes (1760-1849), qui représentent le mont Fuji depuis différents lieux au fil des saisons, ont été éditées entre 1831-1833.
Ce qui rend cette série célèbre est l’intégration dans les thèmes traditionnels japonais (la plus ancienne de nombreuses représentations artistiques du mont Fuji semble datée du XIème siècle) de la perspective utilisée dans la peinture occidentale. Mais, même si le Mont Fuji est l’élément principal de la série, il ne constitue pas son but ultime : le thème central de ces estampes reste l’illustration du rapport entre l’homme et la nature.
Pour citer le site officiel du Musée Guimet : « La forme, la composition ont toujours été très importantes pour Hokusai. Dans la série des Trente-six vues du mont Fuji, les formes géométriques comme le carré ou le rectangle, le cercle et le triangle jouent un rôle essentiel dans la construction des scènes représentées.  » En gros, il a aussi inspiré les boutons de la future Playstation… ^^
Le bleu de Prusse « la révolution bleue » des années 1830
Si les Trente-six vues du mont Fuji ont connu un grand succès, c’est en partie grâce à la qualité plastique des estampes, à leur originalité. Deux aspects de cette série ont surtout fait sa renommée : l’utilisation du Bleu de Prusse ainsi que l’influence des modes de représentation occidentaux. Le Bleu de Prusse (ou bleu de Berlin), était un pigment récemment importé de Hollande depuis 1820, que l’on retrouve dans les Trente-six vues du Mont Fuji notamment dans « La Grande Vague ». il fut utilisé pour la première fois par le peintre en 1829 et connut un succès immédiat, transformant ainsi l’aspect des estampes. (Et le Bleu de Prusse, c’est plus beau et moins cher que le Noir de Mars…utilisé pour peindre les Audi ^^’)
L’influence des modes de représentation occidentaux
Les Trente-six vues du Mont Fuji sont certes reconnues pour la grande diversité des thèmes représentés, mais aussi parce que certaines d’entre elles offrent une vision du paysage typiquement japonaise tandis que d’autres utilisent les principes de la perspective occidentale. Et ce, d’une manière naturelle et équilibrée (Et là était la force de Hokusai : s’emparer de techniques pour les mettre au service de son art, au point qu’elles s’intègrent naturellement dans l’ensemble de son oeuvre)
Comme Hokusai donne au paysage un rôle de sujet à part entière -ou de personnage- il révolutionne la peinture nipponne de l’époque. Mais pas que. Cette série inspirera également, et de manière importante, les peintres occidentaux japonisants du XIXe siècle dont Monet, pour son « Pont sur étang de Nymphéas » (Huile sur toile, 1899). En plus de cette exposition, la collection permanente permet de découvrir l’art de différents pays d’Asie, ce qui est assez…dépaysant. Et l’exposition de thés, qui se tenait en parallèle, avait de quoi se révéler plus qu’appaisante.
Autre centre d’intérêt du Musée Guimet: LA BOUTIQUE !!! Vous pouvez vous y procurer des produits en relation avec la collection permanente, ou les expositions en cours, en plus des catalogues. D’ailleurs, les thés que j’y ai achetés étaient tout juste sublimes, et les magnets très sympas. Si vous voulez vous faire plaisir, ou faire des cadeaux originaux, n’hésitez pas à y jeter un oeil au détour d’une visite!
Bref, une exposition enrichissante malgré l’interdiction de prendre des photos pour vous les faire partager, et une très agréable découverte pour moi. Espérons que ce type d’initiative soit reconduit tant l’art japonais a énormément à nous apprendre.
REMERCIEMENTS :
-Hélène Lefèvre du Service Presse, pour le petit dossier, -La boutique du Musée, pour l’accueil, le conseil et le choix, -Le Musée Guimet dans son ensemble. -Les partenaires, sans qui rien n’aurait été possible.