Tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin au jeu vidéo ont dû entendre parler d’Heavy Rain, le thriller movie interactif réalisé par la boîte du visionnaire David Cage: Quantic Dream. Ce studio, à qui l’on doit les tout aussi excellentissimes Omikron et Farenheit, a révolutionné l’industrie vidéoludique il y a quelques années en amoindrissant grandement la frontière existant entre le cinéma et les loisirs numériques. Doté d’une réalisation exemplaire et d’un jeu d’acteur hors norme, Heavy Rain avait su créer le buzz par sa mise en avant des émotions, certains passages marquant durablement l’affect et la mémoire des gamers. Jamais dans le milieu du jeu vidéo un soft ne s’était autant rapproché des sentiments que l’on peut ressentir en regardant un film. De plus, avec ses multiples fins et l’impression d’être réellement aux commandes de la destinée des protagonistes (du moins tant qu’on ne recommence pas l’aventure), le jeu de David Cage a fait pas mal de buzz et s’est vendu par cargaisons entières. Encore aujourd’hui, Heavy Rain fait office de titre culte pour tout possesseur de PS3, ne serait-ce que pour l’émoi qu’il arrive à provoquer au joueur.
Fort du succès de son bébé, Mister Cage a voulu continuer dans la voie du photo-réalisme de prestations d’acteur. Un peu à la manière d’un James Cameron avec Avatar pour le cinéma, le patron de Quantic Dream veut faire passer des émotions vives en modélisant précisément des performances de comédiens, de façon à sans cesse mettre en mouvement le ressenti du joueur. Il nous prouve le bien-fondé de sa vision du jeu vidéo avec un court-métrage absolument saisissant, réalisé sur PlayStation 3 grâce à un nouveau moteur de jeu: Kara. Le studio aurait pu se reposer sur ses acquis et continuer à développer avec le précédent outil de programmation, déjà bien rôdé sur Heavy Rain, mais il a préféré le déstructurer complètement et nous fournir un moteur qui force clairement le respect. Encore une fois, la technique est ici clairement au service des réactions que Cage entend induire chez le gamer: la stupéfaction, la contemplation, l’attachement et puis la tristesse, la peur et le soulagement. Véritable torrent d’émotions, Kara va vous montrer qu’on peut clairement s’identifier et humaniser un robot dont on suit l’assemblage en temps réel.
Personnellement, la vidéo m’a retourné le coeur et fait verser une larme (et ce n’est pas facile quand on est adepte des survival/horror depuis leurs débuts). Tout est criant de vérité: le visage de Kara (incarnée par la version numérique de Valorie Curry) est bluffant de réalisme, et ses sentiments se lisent de façon limpide dans sa gestuelle, son langage non verbal, et dans l’intonation de chacune de ses paroles. Alors empressez-vous de visionner ce pur moment de bonheur et d’extase, et prenez-vous à rêver au prochain jeu de Quantic Dream, qui gardera la ligne de conduite tracée par ses prédécesseurs: vous impliquer dans chacune seconde d’une histoire qui vous fera vibrer! Et quand on sait que Kara a été conçu il y a plus d’un an avec la version 1.0 du nouvel outil de programmation, et que Quantic Dream développe son futur jeu avec une version 3.0…ça me donne des frissons de plaisir vidéoludique! Enjoy: le futur se trouve ici-même!
Neoanderson.