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Bandeau noué autour du crâne, flingues rechargés et arc à flèches paré à sévir, John Rambo est fin prêt pour en découdre sur consoles et PC. Et malheureusement pour les joueurs, il n’y a pas que les méchants qui vont morfler…

Like a Rambo in the dark

En voilà un mot qui sied bien mal à ce jeu

Tout le monde connaît John Rambo. Ce que certains savent peut-être moins, c’est qu’avant d’être représenté comme une machine à tuer invincible, ce vétéran de la guerre du Viêtnam a fait ses premiers pas dans un film qui n’avait rien du bain de sang perpétré dans ses suites et dans le dessin animé dérivé (oui, ça existe, Google et YouTube sont vos amis). Ce film, Rambo (First Blood en VO), faisait office de critique sociale contre le sort réservé aux vétérans lors de leur retour à la vie citoyenne. Maintenant que c’est dit…vous oubliez tout ça avant d’aborder Rambo : The Video Game.

Adaptant la trilogie originale, le jeu des Polonais de Teyon est un rail shooter. Que vous soyez fan ou non du genre, cela vous donne déjà une idée du niveau de subtilité de la chose. Alors, un jeu Rambo en 2014, c’est de bonne guerre ?

*Insérez la réplique culte de votre choix*

Comprenons-nous bien : aussi limité soit-il au niveau du gameplay, le shoot sur rail est un genre qui mérite amplement sa place sur le marché. Mais pour que ce qui fonctionne en salles d’arcade ou armé d’un light gun dans son salon passe le cap du plaisir instantané et volatile, encore faut-il mettre un minimum de bonne volonté dans son produit. Et le soft a beau avoir traîné (le mot semble très adapté) dans les cartons de l’éditeur Reef Entertainment  durant de longs mois, son annonce datant déjà de 2011, quasiment rien n’indique un quelconque désir de bien faire.

Quoi ma gueule, qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?

De la modélisation abominable du visage du héros au calibrage de la difficulté, tout semble avoir été traité par-dessus la jambe.  Durant la première demi-heure, on se surprend pourtant à apprécier un minimum le massacre de policiers par grappes de dix dans un irrespect total de l’esprit du premier film, dans lequel Rambo ne faisait qu’une malheureuse victime accidentelle. Puis viennent les phases en QTE, à l’intérêt et au challenge inexistants, le respect du timing n’ayant d’influence que sur le score et (presque) jamais sur le résultat affiché à l’écran. Les développeurs ont même eu l’idée folle de proposer des phases d’infiltration sur rail, où les QTE se partagent la vedette avec l’emblématique arc à flèches, alors plus efficace que n’importe quel flingue. Il fallait oser.

T’as pas une gueule de porte-bonheur

Au niveau de la forme, le jeu est à des années-lumière de ce qu’on est en doit d’attendre d’un produit sorti cette année. Outre la tronche de Rambo déjà évoquée, le joueur aura le plaisir d’admirer des bugs en pagaille, des décors fidèles aux films mais grossièrement détaillés et des ennemis quasiment tous clonés auxquels on a juste greffé un chapeau triangulaire ou un turban, histoire de faire exotique.

La bande-son rattrape un minimum le tout grâce à l’excellente bande originale signée Jerry Goldsmith, directement tirée de la trilogie. On ne peut pas en dire autant des doublages (en anglais uniquement), la voix de Rambo et du colonel Sam « dans ton cul » Trautman interprété par feu Richard Crenna semblant avoir été directement exportés d’une VHS de mauvaise qualité, tandis que les doubleurs originaux rivalisent d’amateurisme.

Nanar de la guerre

L'infiltration sur rail, l'idée la plus saugrenue et involontairement drôle du soft

Pour donner un minimum de substance aux fusillades, les développeurs ont inclus un système d’évolution du personnage, à la manière d’un RPG, qui permet de jouer sur les attributs du héros (stock de grenades maximum, cadence de tir,…). Si l’intention est louable, ce système n’apporte finalement rien en termes de plaisir de jeu et va même jusqu’à inclure une option permettant de ne rater aucun QTE. Ou comment assumer totalement la pauvreté de son gameplay.

Une autre « subtilité » du jeu prend la forme d’un système de rechargement dynamique importé de Gears of War, qui permet de bénéficier de plus de munitions en cas de timing parfait. Il faudra alors choisir le meilleur moment pour remplir son chargeur, de préférence bien planqué derrière une couverture. Cet aspect est d’ailleurs très mal calibré, de nombreuses séquences voyant Rambo totalement exposé sans possibilité de se mettre à couvert. Si le joueur est à sec et qu’il a épuisé toute sa barre de rage, sorte de bullet time conférant des munitions illimitées et permettant de récupérer de la vie à chaque ennemi éliminé, il peut dire adieu à tout espoir de survie. Au fil des missions, le jeu se repose alors sur le principe du die and retry, où la connaissance de la position des ennemis à venir est indispensable sous peine de game over. Autant dire qu’on mettra vite sa fierté au placard en optant pour le lock automatique, qui là aussi n’est pas totalement bien intégré, et le mode facile offrant des respawns illimités. À quoi bon s’obstiner à terminer le soft, dans ces conditions ? Un mode deux joueurs, se contentant d’ajouter un deuxième réticule de visée, est présent, mais on vous conseiller d’épargner ça à vos amis si vous comptez préserver un semblant d’entente cordiale.

« Ton pire cauchemar »

Inutile de s’étendre plus. Offert en bonus DVD, Rambo : The Video Game aurait pu faire office de petite blague inoffensive et vite oubliée, le calvaire n’excédant pas les quatre ou cinq heures de jeu. En boîte à une trentaine d’euros, la blague se transforme en gros doigt d’honneur glissé sans vaseline dans l’orifice du joueur. Vous savez ce qu’il vous reste à (ne pas) faire.

Le Vidéo-Test par Neoanderson

Réalisation: 06/20

Affichant des années de retard, la partie visuelle du jeu est une honte, si ce n’est pour quelques décors fidèles aux films et la tronche impayable de Rambo.

Gameplay/Scénario: 06/20

Un rail shooter, ça peut être sympa à jouer si la difficulté est bien calibrée et si la visée est précise. Vous ne trouverez rien de tout ça ici. Niveau scénario, le jeu se contente d’enchaîner des événements-clés de la première trilogie sans aucune cohérence, quitte à trahir sans vergogne l’esprit du premier film.

Bande-Son: 10/20 

La bande originale signée Jerry Goldsmith fait toujours son petit effet. On ne peut pas en dire autant des doublages, les voix de Sylvester Stallone et de Richard Crenna ayant été importées à la truelle.

Durée de vie: 06/20

Le jeu ne vous demandera que quatre ou cinq heures grand maximum. Dans un cas comme celui-ci, on appelle ça une qualité. Pour prolonger l’expérience, vous aurez également accès à des défis permettant de débloquer de nouvelles armes, mais abstenez-vous, votre santé mentale vous en remerciera.

Note Globale N-Gamz.com: 06/20

En tant que borne d’arcade, Rambo : The Video Game aurait pu faire son petit effet. En l’état, mieux vaut l’éviter comme la peste. Mission accomplie, qu’il disait…



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !