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Vous aimez latter la tronche de vos potes en multijoueur local ? Vous affronter à coup de mauvaise foi et de torgnoles virtuelles ? Jouer au mauvais perdant (ou gagnant) ? Quittez cette page immédiatement, Pode n’est pas fait pour vous. En exclusivité sur Switch, place à la douceur, à la coopération… mais également à la frustration.

Aidez-vous les uns les autres

« Difficile de résister à un duo aussi adorable »

Pode, c’est l’histoire d’une petite étoile tombée du ciel nommée Glo, qui fait la rencontre d’un gentil rocher appelé Bulder. Se liant immédiatement d’amitié, les deux petits bonhommes se mettent en route pour ramener l’étoile chez elle. En chemin, ils devront faire face à de nombreuses énigmes et s’entraider, quoi qu’il arrive.

Ce postulat, mignon tout plein, est mis en scène de bien jolie manière, qu’il s’agisse de séquences animées ou d’images fixes.  Dans les deux cas, le jeu élève le « mignon » au rang d’art. Comment ne pas fondre devant la bouille de ces deux mini-héros unis contre toute épreuve ? Entièrement muette, la narration est un trésor d’efficacité tout en sobriété,  malgré le budget visiblement modeste du studio norvégien Henchman & Goon. Vous l’aurez compris, Pode est sacrément craquant; mais ça donne quoi, pad en main ?

Touche pas à mon Pode

Bonne nouvelle pour les radins: pour jouer à deux, une simple de paire de Joy-Con suffit. Chaque joueur contrôle le personnage de son choix, en switchant de rôle à volonté. D’un côté, Glo éclaire la voie et peut planer, entre autres capacités à acquérir en chemin (on vous laisse le plaisir de la découverte). De l’autre, Bulder peut transporter des objets (et Glo) dans sa bouche et se faufiler dans certains espaces inaccessibles à son compère. A vous de combiner leurs capacités afin de trouver la sortie de chaque salle, à l’issue de différents puzzles et autres phases de plateforme. Le studio a également pensé aux solitaires: pas besoin de s’allier à un autre joueur pour progresser, le soft pouvant être intégralement parcouru en solo. Et franchement ? On vous le déconseille.

« La collaboration est la clé »

Si on apprécie cette possibilité, Pode est clairement pensé pour être parcouru d’un bout à l’autre en bonne compagnie. Deux têtes valent mieux qu’une, et certaines énigmes vous feront sacrément cogiter. Et quand la solution vous parvient enfin, après de longues minutes de réflexion, le sentiment de satisfaction est grisant (la mine réjouie des deux compères n’y est pas pour rien). Enfin ça, c’est valable la plupart du temps…

Aïe, Pode

S’il y a bien un point sur lequel le studio s’est fourvoyé, c’est sur la gestion de la difficulté. Des épreuves à la solution limpide succèdent ainsi à des puzzles dont la réussite se méritera uniquement à coup de tâtonnements et de chance. Il arrivera ainsi trop régulièrement de caler sur une énigme, non pas parce qu’elle a été intelligemment conçue, mais parce que les indices présents sont trop confus que pour réellement guider le joueur.

En éclairant certains murs, Glo pourra dévoiler des illustrations censées vous donner un coup de pouce. Dans les faits, c’est l’effet inverse qui se produira bien souvent, et l’émerveillement laissera parfois place à une intense frustration lors de certains passages dont on peinera à comprendre la logique, même après en avoir triomphé par pur hasard.

« L’imprécision de la maniabilité causera pas mal de frustration »

Les déplacements plutôt lourds de vos personnages n’aideront pas, la gestion des collisions rendant certaines phases de plateforme très irritantes. Heureusement, échouer ne sera jamais réellement pénalisant, le game over étant ici proscrit; en solo, en revanche, l’obligation de déplacer les personnages un par un rend chaque échec particulièrement pesant. Encore une fois: évitez.

T’es si mignon

Heureusement, le charme et la personnalité dégagés par le jeu rattrapent en grande partie ces errances. Quel plaisir de faire fleurir les décors sur son passage ou de prendre la main de son compagnon pour combiner vos pouvoirs et augmenter d’un coup  le côté  « trop meugnon » du soft.

Vos oreilles ne seront pas en reste: outre les cris adorables émis par le duo, le studio a eu le bon goût de s’offrir les services d’Austin Wintory, compositeur ayant charmé les joueurs de Journey et Abzû, entre autres services rendus au cinéma et au jeu vidéo. Les compositions sont d’une beauté et d’un calme renversants, idéaux pour provoquer l’émerveillement et favoriser la réflexion, même lors des phases les moins réussies. Du grand art, tout simplement.

Sous ses atours d’aventure apaisante, Pode cache donc de vrais moments de frustration aptes à casser immédiatement l’immersion. Faut-il pour autant fuir nos amis Bulder et Glo ? Bien sûr que non; ces deux petits bonhommes méritent tout votre amour, et tant pis si celui-ci laisse parfois place à la haine.

La Bande-Annonce

Réalisation: 14/20

Adorable. Pode est la définition même d’adorable. Impossible de résister à ce duo improbable et aux environnements colorés et chaleureux qui revivent sous vos pas. Il faudra cependant compter sur une fluidité pas toujours optimale, certaines salles présentant de sacrées saccades. Le prix à payer pour autant de mignonnitude.

Gameplay/Scénario: 13/20

La simplicité enfantine du scénario se révèle être une vraie force, la narration muette dégageant un réel charme. Elle se met au service d’un gameplay favorisant la coopération, dont la progression sera tour à tour grisante et frustrante, la faute à un manque de clarté dans les indications fournies par les développeurs, ainsi qu’à une certaine imprécision dans les déplacements.

Bande-Son: 16/20

Le compositeur Austin Wintory livre une partition de toute beauté, apportant un flot de sérénité salvateur. Les bruitages ne sont pas en reste, les cris trognons de Bulder et Glo favorisant grandement l’attachement envers ce gentil duo.

Durée de vie: 13/20

Tout dépendra de votre capacité à penser comme les développeurs. Comptez en moyenne 5 à 6 heures. Et s’il y a ci et là des bonus à récolter, il y a très peu de chances que vous retournerez explorer le monde de Pode une fois le final (adorable et touchant, forcément) atteint.

Note Globale N-Gamz: 13/20

Il en a des défauts, ce Pode. Difficilement pardonnables, pour certains. Mais il est dur d’en tenir rigueur à Henchman & Goon, qui livre ici un premier jeu certes bancal, mais ô combien attachant… à condition d’être bien accompagné!



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !