Review

Pour vos vacances, oubliez les plages ensoleillées et les hôtels en forfait all-in: que diriez-vous de partir explorer une planète à la végétation luxuriante, terre de beauté et de panoramas incroyables ? Profitez dès maintenant de cet incroyable voyage, tout inclus. Et par « tout », on entend insectes géants, robots destructeurs et baleines volantes. Prêt(e)s à décoller ?

Un autre monde

« Préparez-vous à en prendre plein les yeux »

Vous êtes un astronaute plongé au cœur d’une étrange planète. Titubant au sein d’un désert aride, vous perdez connaissance, à bout de force. Après un sommeil salvateur, voilà que vous vous réveillez dans une grotte, avec suffisamment d’énergie pour partir explorer ce monde étrange, magnifique mais mis en péril par une invasion robotique brutale.

Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? Vous ne le saurez jamais, et c’est tant mieux: la planète est la vraie star de Planet Alpha. Terre de paysages à couper le souffle, d’une flore incroyablement colorée et habitée par des créatures dont on oserait à peine rêver sur Terre. Difficile de ne pas penser instantanément au mythique Another World, source d’inspiration manifeste et assumée du créateur Adrian Lazar, ancien employé d’IO interactive (Hitman) à la tête de ce projet lancé en 2013. Comme dans l’oeuvre d’Eric Chahi, vous voici seul et démuni face à un environnement inconnu et dépaysant, dans lequel vous devrez survivre, tant bien que mal. Mais avant ça, il faudra mourir. Beaucoup.

Play Alive

Pour les allergiques au retro gaming, on pourra comparer Planet Alpha, qu’on qualifiera de « jeu de plateforme atmosphérique », à l’oeuvre de Playdead, studio responsable de Limbo et Inside. En forçant un peu le trait, on pourrait même considérer le bébé d’Adrian Lazar comme la réponse colorée et fluo à ces deux titres grisâtres, à la progression similaire: on avance, toujours tout droit, sans se retourner, tout en faisant face à un paquet de dangers et d’un certain nombre de puzzles environnementaux pas bien compliqués mais habilement conçus.

« Seul et désarmé, vous aurez intérêt à rester discret »

Pour tirer son épingle du jeu, Planet Alpha peut compter sur un gimmick bien à lui: son cycle jour/nuit, manipulable à l’envi. Certaines plantes ne pousseront que le jour, tandis que certains ennemis auront un comportement bien différent la nuit venu, par exemple. Ne vous attendez pas à affronter une horde de robots et de bestioles repoussantes à coups de blaster: ici, la discrétion est de mise, d’où l’importance de l’environnement. Vous planquer dans des herbes hautes pour éviter le regard des sentinnelles ou de ces saloperies d’insectes sera ainsi une nécessité.
Si le soft n’abandonne jamais sa formule bien rôdée composée de phases de plate-forme, de puzzles, de courses-poursuite suivies de moments de calme bien mérités, l’une de ses forces est la variété des situations proposées. Pour se défaire de ses ennemis ou tout simplement y échapper, il faudra compter sur sa jugeotte, à défaut de puissance de feu, et vous n’y parviendrez jamais deux fois de la même façon. Créer la confusion chez les robots pour qu’ils se shootent entre eux, provoquer l’ascension d’une plateforme afin d’éviter le regard d’un patrouilleur,… Les solutions sont cohérentes, variées et le désir d’avancer est constant.

Planète pas nette

Pour autant, la fameuse manipulation du cycle jour/nuit n’est peut-être pas utilisée aussi intelligemment qu’espérée. Les puzzles ne reposant que sur cette particularité manquent de consistance: il suffira généralement de maintenir la touche liée à ce gadget pour que la solution apparaisse instantanément, sans réel besoin de réflexion.

« Apprêtez-vous à mourir. Beaucoup. »

Mais au-delà d’une simple mécanique de gameplay, ce gimmick met surtout en valeur l’incroyable travail effectué sur l’univers du jeu. C’est bien simple, la direction artistique est à tomber. Les développeurs ont opté pour une modélisation dite « low-poly », qui donne d’emblée un cachet visuel à ce Planet Alpha. S’il vous fallait une preuve qu’un faible nombre de polygones n’est pas synonyme de jeu bâclé visuellement, ne cherchez pas plus loin. Planet Alpha est une réussite graphique incontestable, son univers riche en couleurs, plantes et animaux de tous genres et de toutes tailles étant un régal à parcourir et admirer.

S’accrocher à de magnifiques plantes secouées par le vent, éviter de justesse la gigantesque patte d’un dinosaure vivant tranquillement sa vie, contempler le passage d’une baleine volante creusant son sillon à travers les nuages: le dépaysement est total, et le soft ne lésine pas sur la variété des environnements parcourus, les étendues verdoyantes n’étant que la partie émergée de l’iceberg, mise en avant dans les trailers (et on évitera bien de mentionner le reste).
Pour accompagner tout ça, vous pourrez compter sur des compositions sublimes, qui pâtissent toutefois d’un gênant défaut au niveau du mixage. Comme constaté sur la version PS4 testée (je ne sais malheureusement pas si cela s’étend aux autres supports), l’enchaînement des compositions se fait de façon très maladroite, les coupures se faisant manifestes, comme si l’on appuyait de force sur la touche « Suivant », au lieu d’enchaîner le tout de manière fluide. Rien de grave cependant, mais de quoi ternir un tant soit peu une immersion par ailleurs maîtrisée.

Aille and retry

Evoquons pour terminer un autre point négatif qui n’en sera pas un pour tous les gamers: tout comme Another World, Limbo et Inside, pour revenir sur des exemples déjà cités, Planet Alpha a une très forte composante « Die and retry ». Vous allez mourir énormément, mais sans toutefois en être frustrés: l’échec fait ici pleinement partie de l’apprentissage, et les réapparitions très rapides évitent un maximum les crises de nerf. Les moins patients pourront tout de même crier à l’injustice de certaines phases, et au nombre d’essais que ça leur aura coûté. Mais quand on aime, on ne compte pas.

Planet Alpha est une réussite incontestée: tout au long des 4 à 5 heures nécessaires pour en voir la fin (un peu trop expédiée), le rythme ne faiblit que très rarement, de même que l’émerveillement ressenti face à un univers aussi maîtrisé formellement, dégoulinant de la passion de son créateur.

La Bande-Annonce

Réalisation: 16/20

Le style graphique particulier ne plaira pas à tout le monde, mais qu’est-ce que c’est maîtrisé ! Coloré et vivant, le monde de Planet Alpha est un régal absolu pour les yeux sensibles à sa direction artistique singulière. Quel talent !

Gameplay/Scénario: 15/20

Réduit au strict minimum, le scénario laisse son personnage dans l’ombre pour faire de son environnement la véritable star du jeu, et c’est sacrément réussi. Le gameplay à base d’échecs à répétition ne plaira pas à tout le monde, mais le mélange de courses-poursuites haletantes, de puzzles bien pensés et d’infiltration maligne est vraiment bien dosé.

Bande-Son: 15/20

La bande originale est de qualité et participe pleinement au dépaysement et au plaisir de la découverte; cependant, un enchaînement hasardeux des pistes sonores vient gâcher la fête. Vivement un patch.

Durée de vie: 14/20

Le périple s’étalera sur 4 à 5 heures, et c’est amplement suffisant. Le rythme est réellement maîtrisé et aurait souffert d’un remplissage inutile. Ne comptez pas non plus sur du contenu post-générique, seuls 4 stages bonus à peine cachés faisant office de secrets à découvrir.

Note Globale N-Gamz.com: 15/20

Peut-être pas destiné à devenir un classique comme son modèle Another World, Planet Alpha est tout de même une réussite incontestable, principalement sur le plan artistique. Constitué pour l’occasion, le studio mené par Adrien Lazar frappe un grand coup et on a hâte de découvrir leur prochaine destination.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !