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Le voilà. Prêt à affronter d’immenses dangers et à explorer des temples remplis de pièges, voilà qu’un célèbre aventurier débarque sur Xbox 360 et PC pour vivre sa dernière aventure. Souhaitons donc la bienvenue à Indiana J… Ah non ? Nathan Drake, alors ? Non plus ? Mais qui, alors ??

My name is Quatermain, James Lee Quatermain

Indiana Jones? Non… James Quatermain!

Le héros de ce Deadfall Adventures n’est autre que James Lee Quatermain, descendant du célèbre Allan Quatermain, héros de romans d’aventure signés H. Rider Haggard ayant également connu diverses adaptations cinématographiques. Forcément, exploiter une œuvre tombée dans le domaine public, ça évite de dépenser trop d’argent, qu’on peut alors consacrer  aux aspects les plus importants de son projet. Comment ça, je suis naïf ?

Accompagné de l’archéologue Jennifer Goodwin, dotée d’un joli fessier (dixit James) et d’un accent anglais pas forcé du tout, il aura fort à faire entre des trésors à ramasser et des nazis et des communistes armés jusqu’aux dents prêts à tout pour acquérir le Cœur de l’Atlantis, artefact garantissant à son propriétaire des pouvoirs inaccessibles pour le commun des mortels.  Cliché, vous avez dit cliché ?

Deadfall Adventures, ou le blockbuster de bac à soldes

La mise en scène catastrophique ruine tout espoir d’immersion

Avec son chapeau vissé sur le crâne, ses vannes foireuses et son penchant pour la boisson, James ne peut de toute manière pas espérer dépasser le stade de simple caricature. Et si on sent que tout cela est voulu et vise notamment à rendre hommage aux récits d’aventure à l’ancienne, la mise en scène catastrophique ruine tout espoir d’immersion. Pour faire simple : imaginez ce que donneraient Indiana Jones ou La Momie si un réalisateur fauché avait pour mission d’en mettre plein la vue avec un budget digne d’une production destinée à la chaîne Syfy. Voilà, vous y êtes. On a donc plus souvent l’impression d’assister à un téléfilm miteux aux dialogues écrits avec les pieds (les différentes piques entre James et Jennifer tapent rapidement sur le système) qu’à une véritable épopée épique, les doublages pas très inspirés et certaines répliques tournant en boucle n’aidant pas.

Pourtant, le soft parvient à capter de temps à autre l’attention grâce au dépaysement qu’il procure. En effet, on n’a pas vraiment l’habitude de jouer à un FPS se déroulant durant les années 30 en abandonnant le contexte de la guerre et en le remplaçant par des environnements aussi variés qu’une pyramide égyptienne, les glaces de l’Arctique et un temple Maya. Les développeurs préfèrent d’ailleurs parler de « jeu d’exploration » en lieu et place d’un simple FPS. Qu’en est-il dans les faits ?

L’exploration pour les nuls

Les énigmes sont souvent trop facilitées par l’utilisation du carnet

Pas besoin d’avoir des yeux partout : en sortant sa boussole, Quatermain verra immédiatement dans quelle direction se trouvent les trésors, s’il y en a à proximité. Vu qu’il suffit la plupart du temps de s’éloigner simplement du chemin principal, le jeu étant un modèle de linéarité, et qu’on vous indique à quel moment sortir la boussole, cet aspect du soft ne demande pas de vrai talent d’observateur pour être dompté. Bonne idée tout de même : chaque trésor est lié à un élément et les récolter permettra de faire évoluer le personnage en fonction des reliques ramassées, certaines servant à améliorer la barre de vie, d’autres le chargeur, et ainsi de suite. On évite donc le syndrome de la collectionite inutile, même si le jeu pourra tout à fait se parcourir sans trop toucher aux stats de son héros.

Les développeurs ont également misé sur les puzzles pour donner une identité propre à leur bébé. On appréciera la diversité des énigmes proposées (miroirs à manipuler pour diriger un rayon lumineux, dalles piégées à parcourir d’une certaine manière, mécanismes à activer dans l’ordre,…) tout en déplorant la solution en général beaucoup trop évidente. Inutile d’espérer se creuser les méninges comme dans un Portal : ici, un simple coup d’œil au carnet ayant appartenu à Allan Quatermain (à croire qu’il a visité certains lieux avant même leur création…) permet de visionner la solution, inscrite de manière plus ou moins claire. D’accord, parfois il faudra tout de même faire preuve d’un minimum de jugeote et bien analyser l’environnement, mais quel est l’intérêt d’une énigme du type « il y a trois leviers à tirer dans un ordre précis, représentés sur le carnet aux côtés des chiffres 1, 2 et 3 » ? Heureusement, certains puzzles sortent du lot et permettent de varier le plaisir entre deux fusillades. Et parlons-en, justement, de ces fusillades.

Jeu de Quatermain, jeu de vilain ?

Les ennemis ne sont pas des lumières, mais celle-ci peut vous aider à les vaincre

Niveau action, les développeurs, à qui l’on doit notamment l’ultra-bourrin Painkiller : Hell and Damnation, restent fidèles à eux-mêmes et jouent la carte du shoot bête et méchant, sans aucune subtilité. On pourra certes s’amuser en visant des stalactites à faire tomber sur les ennemis, en tirant sur des interrupteurs permettant de déclencher nuées de flèches et flammes ravageuses, mais rien qui ne viendra véritablement bouleverser des affrontements archi-classiques contre des adversaires pas très futés.

Le soft propose tout de même une petite particularité : comme dans Alan Wake, les ennemis surnaturels pourront (et devront) être affaiblis avec la lampe de poche de James. Concrètement, il suffit de concentrer le rayon sur le macchabée jusqu’à ce qu’un effet visuel indique qu’il peut être dégommé, un coup de couteau étant alors en général nécessaire pour en venir à bout. Vu que l’appareil se recharge automatiquement, cette mécanique ne change finalement pas grand-chose dans la gestion des combats. Ceux-ci s’avèreront donc plutôt défoulants pour les moins blasés. Les vétérans du shoot, eux,  risquent par contre de bailler aux corneilles ou de pester contre une visée pas très précise.

La sale mine du roi Salomon

La technique indigne d’un jeu de 2013, qui plus est vendu au prix fort, n’aide pas à rentrer de plein pied dans l’aventure. Textures peu détaillées, bugs en tout genre, la liste est longue et laisse imaginer le peu de budget alloué au projet et le manque de fignolage dont il a été l’objet. La bande sonore, elle, est épique comme il faut et parvient par instant à créer une sensation de grandeur qui manque grandement à la mise en scène.

Les personnages sont pour la plupart des stéréotypes ambulants

Niveau contenu, le solo se termine en un peu moins de 10 heures, ce qui est plutôt honnête pour un titre du genre. Le studio a également pris soin d’ajouter un mode multijoueur pour compléter l’expérience. Bien fourni en modes de jeux divers et variés, celui-ci présente un défaut de taille : le désintérêt total des joueurs. Durant mon test, j’ai été bien incapable de trouver une seule partie à laquelle me joindre ; ne comptez donc pas là-dessus pour rentabiliser votre achat.

Les aventuriers du souvenir perdu

Immédiatement oublié une fois bouclé, techniquement à la ramasse et vendu trop cher compte tenu de certains défauts inacceptables en 2013, Deadfall Adventures n’est pour autant pas la bouse infâme qu’il paraît être au premier regard. Proposant une plongée au cœur d’environnements dépaysants, de quelques puzzles sympathiques et de séquences de temps à autres enthousiasmantes, c’est typiquement le genre de produits sur lequel on pourra éventuellement craquer à condition de le trouver à bas prix, et uniquement à bas prix.

Le Video-Test par Neoanderson

Réalisation: 10/20

Indigne d’une production actuelle, le soft souffre de bugs innombrables, d’une fluidité à la ramasse et d’un design générique.

Gameplay/Scénario: 12/20

Le jeu mise sur ses puzzles pour contrebalancer le classicisme désespérant de ses phases de tir. Le pari n’est pas totalement réussi, la faute à des solutions souvent trop évidentes, quand elles ne sont pas carrément hurlées par les protagonistes ou inscrites noir sur blanc sur le carnet du héros. Le scénario, ressassant tous les clichés propres à la littérature et au cinéma d’aventure, est mis à mal par la pauvreté de la mise en scène et des dialogues (en VO sous-titrée en français), qui ne tapent juste qu’une fois sur dix.

Bande-Son: 13/20

Les doubleurs peinent à donner une véritable âme à leur personnage. Heureusement que la bande son typée blockbuster hollywoodien est là pour insuffler un semblant de souffle épique.

Durée de vie: 13/20

L’aventure prendra un peu moins de 10 heures pour être bouclée, ce qui reste dans la moyenne haute des FPS actuelles. Ne comptez pas sur le multijoueur, généreux mais totalement désert, pour prolonger l’expérience.

Note Globale N-Gamz.com: 11/20

Pas dénué de qualité et de bonnes idées, Deadfall Adventures n’a pas les armes pour lutter contre la concurrence (quelle idée de le sortir en plein novembre…) et laisser un souvenir positif durable dans l’esprit des joueurs. N’est pas aventurier légendaire qui veut.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !