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S’il y avait légèrement de quoi ricaner quand Ubisoft Montréal a annoncé faire un jeu « indépendant », il faut dire que la communication autour de Child of Light a laissé entr’apercevoir un petit jeu qui vaut son pesant d’or. Bien sûr, on est très loin de l’équipe composée de trois développeurs financés par leurs grand-mères mais Child of Light est une bouffée d’air frais entre deux grosses licences, et surtout une vraie merveille, que vous pouvez enfin découvrir au creux de votre main via ce portage sur PlayStation Vita.

Une histoire, quelle histoire !

Aurora va découvrir un monde enchanteur

C’est avec une sublime introduction que s’ouvre Child of Light : une histoire nous est contée sur des vitraux aux couleurs chatoyantes, avec de beaux effets de profondeur. On découvre alors la destinée d’Aurora et de son père, le roi. La jeune fille meurt un beau jour, et son géniteur se veut étreint par un spleen sans merci. Commencer un jeu par la mort du personnage principal, ce n’est pas d’une originalité folle, mais la poésie et la mélancolie avec lesquelles sont amenées les événements nous donnent envie d’en savoir plus. Notre héroïne se réveille dans le pays magique de Lemuria et devra tout faire pour parcourir le monde et retrouver son papa qui se languit d’elle. Accompagnée d’Igniculus, une petite luciole à diriger au stick ou via l’écran tactile de la Vita, Aurora rencontrera une multitude d’autres personnages qui feront un bout de route avec elle, pour la réalisation de son épopée. Si le scénario ne sera malheureusement pas l’atout principal du jeu, ce dernier regorge de bonnes choses, en faisant une belle aventure.

Aurora et les trois ours

Des dialogues en rimes merveilleux en anglais, mais qui souffrent de leur traduction

Le plus séduisant dans Child of Light, c’est cette sensation d’évoluer dans un conte que nos parents nous lisaient enfants. Et la direction artistique conforte cette idée en promenant le joueur dans des tableaux magnifiques, très détaillés et vivants. Coup de cœur pour l’animation des cheveux d’Aurora, en délicates vagues rouges, chatoyantes et irréelles. Les dialogues se déclinent en deux temps : à la fois écrit et à la fois parlé, qu’importe la manière, c’est en rimes que les textes défilent. L’immersion dans l’univers de Lemuria, avec ce verbe particulier et cette rythmique de langage usitée et rare, se fait instantanément, comme on lirait un vieux conte avec sa stylistique d’époque. C’est efficace, original et apporte une douceur à l’écoute et à la lecture qui en fait une force du titre, pour peu que l’on rentre dans cette originalité (bien meilleure en VO qu’en VF, cela dit). Et quand l’un des protagonistes ne se plie pas au jeu de la rime, il sera repris avec des jeux de mots enfantins, des petites blagues. La légèreté est de mise et ce travail pointilleux des dialogues est un vrai plaisir. A cette musicalité de langue, on ajoute une bande-son sublime à la fois discrète et mélancolique, réalisée par l’artiste Cœur de Pirate. Les notes se marient parfaitement à l’univers et une vraie cohésion se crée. Alors entre la direction artistique, le soin apporté aux dialogues et la musique, autant dire que Child of Light est un vrai chef-d’œuvre.

Du JRPG made in Montréal

Le jeu s’inspire des grands canons du JRPG, en bon élève bien sage

A nouveau, à l’annonce du genre « JRPG », pour un jeu produit et développé à Montréal, il y avait de quoi rigoler discrètement. Cependant, Child of Light reprend les codes du genre, et n’est pas ridicule pour un sou. Le jeu s’inspire des grands canons du JRPG, en bon élève bien sage. Aurora peut voler et explorer les tableaux de fond en comble. Et cette grande liberté de déplacements permet de suivre l’intrigue initiale… mais aussi de partir à la découverte des moindres recoins des zones, afin de découvrir trésors, potions et maléfices. Une navigation rapide via la carte permet aussi de revenir sur ses pas et profiter un peu plus des paysages. Cette liberté offre aussi la possibilité de réaliser les nombreuses quêtes annexes proposées par les personnages afin de débloquer des objets ou d’ajouter des membres à notre équipe. Outre ce côté pratique, ces quêtes sont aussi l’occasion de découvrir des petites histoires inédites, toutes aussi loufoques et poétiques les unes que les autres. A nouveau, on alimente le recueil de contes. Exploration et légères errances dans les tableaux sont donc au rendez-vous.

Petite luciole, gros caractère

Des mécaniques d'exploration simplistes mais une grande liberté de mouvement

Et effectivement, avec Igniculus, ce n’est pas la taille qui compte, mais l’utilité. Accompagnant Aurora peu après le début de l’aventure, la petite boule lumineuse se révèlera être très utile dans de nombreuses situations ainsi qu’en combat. A manier au stick ou à l’écran tactile, la luciole permettra d’aller dénicher des trésors inaccessibles ou d’activer des pièges et passages secrets le tout en faisant émaner de la lumière de son petit corps. Elle pourra aussi recueillir des Vœux, petites billes d’énergie permettant la récupération de PV et PP. Petite astuce de gameplay très jolie, Igniculus et son aura pourront être mis à l’épreuve pour projeter des ombres sur les murs et ainsi débloquer des portes et autres mécanismes. En combat, cette lumière qui émane de la luciole permettra de gagner quelques PVs du côté de notre équipe, mais aussi de ralentir les ennemis durant leur jauge d’attente, ce qui peut être très intéressant d’un point de vue stratégique, surtout si notre team effectue quelques attaques à la réalisation lente.

C’est bien mignon, mais et la baston ?

Les combats sont assez répétitifs mais la gestion du timing est très intéressante

Car oui, qui dit JRPG dit combat ! Et dans Child of Light, c’est à la pelle qu’il faudra combattre, les niveaux regorgeant de monstres à corriger. Ici, on se place dans une mécanique de gameplay très basique avec des combats au tour par tour. Même si votre équipe se compose de plusieurs personnages, seuls deux d’entre eux pourront participer au combat. Evidemment, il est tout à fait possible de switcher entre différents membres restés sur le côté pour être plus efficace. Niveau monstre, c’est au maximum contre trois affreux jojos que l’on pourra se mesurer. Là où Child of Light a su s’inspirer des plus grands, c’est avec cette petite barre de temps en bas de l’écran de combat. Séparée en deux parties, elle représente le temps d’attente avant l’action, puis le temps de réalisation de l’action. Les actions sont plus ou moins longues à être réalisées (en fonction de leur puissance) et elles peuvent être interrompues par une attaque adverse. Et c’est là que le talent d’éblouissement d’Igniculus entre en scène ! De quoi ravir les stratèges, qui calculeront le moment opportun pour ralentir les ennemis et choisir particulièrement minutieusement leurs attaques afin de réussir des enchaînements efficaces. Ajouté à ça, la position « Défense » permet à notre équipe de ne pas prendre de dégâts mais aussi de ne pas être ralenti durant les périodes d’exécution d’action des ennemis. A la fin des combats, chaque membre de l’équipe recevra des points d’expérience (même ceux n’ayant pas participé à la rixe), ce qui vous fera monter de niveau et ainsi obtenir des PC. Ces derniers seront à dépenser dans un arbre de compétences très fourni et propre à chacun des héros. Enfin, le titre offre un peu de crafting avec les Oculus : on obtient des pierres précieuses, qu’il faudra combiner ensemble pour améliorer l’équipement de nos alliés.

Pas non plus parfait

L’Oculus, la touche crafting du soft

Evidemment, une réalisation sublime et quelques astuces de gameplay ne font pas forcément un jeu excellent. Child of Light souffre de quelques lacunes. On commence par le bestiaire, qui devrait être bien plus étoffé surtout vu la récurrence des combats. N’avoir droit qu’aux mêmes araignées et spectres, subissant un simple changement chromatique n’est pas forcément motivant pour le joueur assidu en combat. La difficulté est aussi un peu à revoir. On propose dans les options plusieurs niveaux, mais globalement, le jeu reste abordable pour tous, voire un peu simple. Le level-design souffre aussi d’un peu de laxisme, avec des zones qui ne sont pas explorables, qui sont purement esthétiques et accessoires. Dommage. Le scénario est un peu léger, malgré les petites histoires jonchant l’aventure et que l’on aura plaisir à découvrir. A ça, si le duo Aurora et Igniculus fonctionne à merveille, on regrette un peu la transparence et le manque de charisme des autres compagnons de la princesse. On n’en retiendra aucun pour telle ou telle prestation, ils sont là pour aider en combat surtout. Quant à la durée de vie, avec un titre téléchargeable, il y a toujours de quoi avoir un peu peur. A vrai dire, en explorant tout comme il faut, on peut compter 8 à 10h de jeu. Cela reste raisonnable pour un jeu à 15€.

Un voyage indispensable?

Malgré quelques petites faiblesses, Child of Light est un jeu rafraîchissant et bienvenu de la part d’un éditeur comme Ubisoft, nous habituant plutôt à de grosses franchises. Avec une direction artistique merveilleuse accompagnée d’une musique en parfaite cohésion avec l’univers, le titre a su s’inspirer des plus grands noms du JRPG pour nous émerveiller sans prétention pendant quelques heures. Pour son petit prix, on ne peut que vous le conseiller très fortement, d’autant qu’à présent, grâce à cette version Vita, vous allez pouvoir l’emporter absolument partout avec vous!

Le Vidéo-Test par Neoanderson

Réalisation: 16/20

Si la version console de salon était magnifique, cette version Vita souffre de quelques ralentissements et de plus d’aliasing. Néanmoins, les textures, couleurs et animations sont sublimes. On en perdrait presque le fil de l’histoire pour visiter les tableaux en entier, de haut en bas, afin d’être sur de ne rien manquer de cette douce promenade.

Gameplay/Scénario: 15/20

Dommage que le gameplay soit aussi simple, et amène donc une difficulté de jeu très accessible. Pourtant, on y trouve de très bonnes idées qui auraient mérité peut-être un peu plus de temps de réflexion. Néanmoins, l’ajout des fonctionnalités tactiles pour les déplacements et les interactions d’Igniculus facilite vraiment la fluidité de l’ensemble. Quant au scénario, il se veut efficace, très simple, et correspond aux canevas du genre. Rien d’exceptionnel, même si la narration vaut que l’on s’y intéresse.

Bande-Son: 19/20

Composée par l’artiste Cœur de Pirate, la bande-son de Child of Light est un petit bijou, s’accordant à la perfection avec l’univers du jeu, entre balade mélancolique et musique un peu épique lors des combats. Un régal.

Durée de vie: 14/20

Pour son petit prix, les 8 à 10h qu’il faut pour boucler le jeu à 100% sont tout à fait raisonnables même si on aurait apprécié un scénario plus étoffé avec quelques heures en plus.

Note Globale N-Gamz.com: 16/20

Child of Light est une expérience à vivre, un instant de fraîcheur à prendre et une vraie poésie à lui tout seul. Si la version Vita est un peu moins bonne techniquement parlant que ses soeurs sur console de salon, sa meilleure ergonomie et son côté conte pour enfant saura toucher tout type de joueur et la quête d’Aurora ne laissera personne de marbre.



About the Author

Delilah
Étudiante en journalisme, je conjugue ma passion avec mon parcours scolaire et professionnel. Vous pouvez aussi me retrouver, dans le cadre de ma formation, chez Jeuxvideo.fr comme rédactrice. J’ai commencé à tâter du pixel très tôt, mon père étant lui-même joueur ... Mais mon premier « vrai » jeu a été Pokemon avec qui je continue de vivre une idylle passionnée. J’ai pu m’essayer à plusieurs styles de jeu, mais pour moi, rien ne vaut le RPG, l’action-aventure et … si on sait me convaincre (car je fais un peu la princesse) le FPS. Ne me parlez pas de Survival-Horror, je suis incapable d'y jouer, je prie toujours pour avoir une option générique dès le premier écran car même le menu me fait peur (mon voisin a peu apprécié peu mes hurlements sur Amnesia : The Dark Descent). Mais j'essaye, je retente l'expérience à chaque fois, je persévère !! Mon jeu culte est et restera Red Dead Redemption au point d’avoir un tatouage dédié à John Marston (mais je ne vous dis pas où, muahah), j’ai même arrêté de compter le nombre de fois où je l’ai fini ! Oh et useless fact : j’ai une passion bizarre pour les serial-killers^^.