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Après des mois d’attente, les aventures de Gabriel Belmont, alias Dracula, vont enfin trouver un point final avec Castlevania : Lords of Shadow 2. Le premier opus avait su déchaîner les passions par sa direction artistique et scénaristique incroyable, tandis que le second, sous-titré Mirrors of Fate, avait permis de faire connaissance avec les descendants de « Gaby ». Place à présent au dernier élément du triptyque mis au point par Mercury Steam : Lords of Shadow 2 ! Le jeu sera-t-il à la hauteur de la saga mythique dont il est issu ? 

What is a man ? A miserable little pile of secrets !

C’est un Dracula bien affaibli que vous incarnerez au début

Lorsque Konami a décidé de confier sa série vampirique fétiche à un développeur européen, les fans ont d’abord craint le pire, c’est un fait. Mais après avoir pu goûter à l’excellent travail de reboot opéré par Mercury Steam et son Castlevania : Lords of Shadow, autant dire que l’enthousiasme est revenu au pas de course. Enthousiasme qui n’a d’ailleurs cessé de croître avec la sortie de Mirrors of Fate (et surtout de sa version HD, en test complet sur N-Gamz), pour enfin trouver une apothéose avec Lords of Shadow 2, la fin d’une magistrale trilogie mettant Dracula, et non les chasseurs de vampire, au cœur du scénario! Car oui, il fallait oser expliquer la genèse du Comte le plus sanguinaire et pourtant atrocement « classe » du jeu vidéo (et de la littérature vampirique en général) avant de nous embarquer dans une histoire où le lien du sang est une malédiction, pour enfin nous offrir le rush final tant espéré par les gamers, qui pourront cette fois incarner la Némésis de tout le clan Belmont!

En effet, oubliez les redresseurs de torts, les héros au fouet étincelant claquant dans la nuit et les litres d’eau bénite pour vaincre des hordes de créatures vampiriques ! Cette fois, vous êtes de l’autre côté de la barrière, 1000 ans après les événements narrés dans le premier Lords of Shadow, et vous allez devoir sucer du sang, devenir un prédateur et répandre votre fureur sur des ennemis parfois bien humains. Bien sûr, au détour d’un twist scénaristique très intéressant, vous allez rencontrer plus puissant que vous en la personne de Satan, et rapidement comprendre que toute votre destinée de souffrance et de mort va enfin trouver un terme, pour peu que vous acceptiez l’idée d’avoir été manipulé tout ce temps par une puissance plus divine qu’il n’y paraît.

Die, monster ! You don’t belong in this world !

Les combats reprennent le principe de dualité des armes

C’est par ces mots emblématiques que le soft vous met aux prises avec l’armée de la Confrérie de la Lumière et son parangon le plus redoutable, des années après votre victoire contre Satan et votre proclamation en Seigneur des Ténèbres. Poseur à outrance, vous vous levez de votre trône et faites face comme il se doit à la menace censée annihiler votre sombre château, et votre détestable personne ! L’occasion de constater que le soft reprend les bases du gameplay de Lords of Shadow premier du nom, à savoir un beat’em all façon DMC mâtiné de plateformes à la Prince of Persia, le tout dans un environnement entièrement jouable en 3D grâce à une caméra manuelle, pas toujours optimale hélas. Les combats sont dans la même veine que le premier opus, avec une alternance entre votre fouet ténébreux (qui remplace la croix de Belmont), l’épée du néant qui vous permet d’absorber à chaque coup la vie de vos adversaires, et les griffes du chaos susceptibles de réduire en miettes les armures des opposants. Seul votre fouet est infini, les deux autres armes nécessitant de piocher dans une jauge de néant ou de chaos qui se remplissent via des cercueils ou en « combo-tant » à tout va votre parade, votre coup latéral et votre attaque de zone jusqu’à remplir votre barre de fureur au maximum. Jusque-là, on nage en terrain connu.

Là où vous allez être pris à contre-pied, c’est quand vous allez vous rendre compte que votre nouveau statut de vampire vous octroie nombre de possibilités, comme l’utilisation d’objets démoniaques à récupérer en explosant le décor ou en trucidant à tout va. De la classique recharge de vie en passant par les œufs de Dodo capables de dénicher les secrets environnants, il y aura de quoi faire, d’autant que les rixes sont assez techniques par moments, votre énergie baissant rapidement, bien que la possibilité de sucer le sang d’un adversaire groggy rendent les combats plus simples que dans le Lords of Shadow originel. Qui plus est, si vous veniez à vraiment être mis à mal, il vous restera toujours l’option « transformation en dragon », qui en plus d’être dotée d’une cinématique à tomber par terre, détruira tous les ennemis environnants. C’est un fait, la partie beat’em all est à nouveau une réussite, d’autant que vous pourrez obtenir une myriade de nouveaux coups ou améliorer vos anciens combos grâce à de l’expérience accumulée au gré de vos affrontements ou de vos destructions environnantes, mais aussi augmenter le dégât de vos armes au fur et à mesure que utiliserez tel ou tel coup.

I suppose the same could be said of all religions…

Des énigmes et pas mal d’exploration émaillent le soft

Si les bonnes idées de la trilogie en ce qui concerne sa façon d’aborder les affrontements sont toujours d’actualité, qu’en est-il de l’aspect exploration/plateforme pour une saga qui a semi-inventé un genre : le Metroid-vania, entendez par là le fait de devoir retourner dans des zones précédemment visitées, armé de pouvoirs fraichement acquis, pour atteindre des endroits inaccessibles jusque-là ? Et bien force est de constater qu’à ce niveau, les développeurs ont également réussi leur pari, tout en gardant un côté « assisté » propre à leur trilogie. Vous allez donc avoir une pléthore de choses à récupérer, comme des cristaux de différentes sortes afin de booster votre jauge de vie, de néant ou de chaos, mais aussi devoir sacrifier du sang sur des autels, ce qui vous permettra d’accéder à des défis riches en récompense. Le tout en explorant à la fois votre château fantasmé et le monde actuel.

Car oui, ce Lords of Shadow offre une première dans la saga de Mercury Steam, à savoir la navigation à volonté entre deux dimensions ou époques différentes. D’un côté le présent, dans lequel un imposant complexe industriel a été construit sur les ruines de votre ancienne bâtisse, et de l’autre votre château, ou plutôt sa vision issue de vos cauchemars, dans lequel vous allez retrouver d’anciens alliés ou ennemis, mais surtout votre fils, Trevor, et votre douce Maria, celle-là même dont l’assassinat vous a damné à jamais. Le tout se tient incroyablement bien et promet des heures d’exploration au travers d’une carte relativement lisible, de téléporteurs bien placés et d’énigmes qui demandent un minimum de réflexion. Certes, on est loin du must qu’a pu être (et est toujours) Symphony of the Night en termes de recherches, de maps à découvrir, etc… mais les développeurs s’en sortent plutôt bien au vu des standards actuels grâce notamment à des séquences d’infiltration certes trop simplistes, mais également un magasin d’objets ou encore un nombre conséquents de bonus à retrouver, dont de nombreux textes immergeant encore plus le joueur dans le monde créé pour Lords of Shadow.

Enough Talk… Have at you !

Graphiquement, la direction artistique en impose, mais l’aliasing gâche le spectacle

Assez parlé du gameplay, place à la réalisation à proprement parler ! Si Mercury Steam a beaucoup axé sa communication sur la possibilité de visualiser l’intégralité du monde entourant Dracula grâce à une caméra totalement libre, force est de constater que le jeu en perd du coup un petit côté épique dans ses angles de vue, c’est une évidence, mais il y gagne de fait en exploration. Graphiquement, le soft utilise le même moteur que le premier opus, boosté certes, mais toujours enclin à nous offrir un aliasing vraiment déplaisant. C’est clairement dommage car en dehors de ça, la patte artistique qui mixe allègrement structures gothiques et technologiques est admirable et les effets de lumière sont vraiment somptueux. La modélisation 3D de Dracula est de très bonne facture, malgré un travail bâclé sur la chevelure (n’est pas Lightning qui veut), et les animations du héros sont fluides, incisives et rendent totalement la puissance des coups de ce dernier. De plus, aucun ralentissement n’est à noter même contre plusieurs ennemis. Du bon boulot, mais au final moins impressionnant visuellement parlant que l’opus originel.

La bande-son, quant à elle, est tout simplement… PARFAITE ! Oui, tout à fait ! Les compositions de la saga made in Mercury Steam ont toujours été totalement envoûtantes, avec une connotation éthérée, mélancolique, sombre et épique très prononcée, mais là, avec les doublages anglais incroyables, la synchronisation labiale poussée et les expressions faciales réalistes, on frise le génie durant les cut-scènes ! De l’émotion à l’état brut, voilà ce qui se dégage musicalement parlant de ce Lords of Shadow 2 !

Un final inoubliable ?

Oui, mille fois oui ! Ce Castlevania : Lords of Shadow 2, s’il n’est certes pas exempt de défaut tels que sa caméra manuelle qui ôte un peu la prestance visuelle du premier opus, ou encore un aliasing prononcé et des phases d’infiltration simplistes, n’en demeure pas moins une réussite pour qui a su croquer à pleine canines la saga mise en place par Mercury Steam. Les fans y trouveront une conclusion à la hauteur de leurs attentes et un jeu qui gagne un bon côté exploration, les autres retourneront râler dans leur coin en prétextant que depuis Symphony of the Night, la saga se meurt. Personnellement, je n’ai pas envie de me terrer dans le passé quand on voit la qualité de la trilogie Lords of Shadow-Mirrors of Fate, qui a su allier 3D et adaptation épique !

Le Vidéo-Test par Neoanderson

Réalisation: 16/20

Si la direction artistique offre des décors gothiques grandioses et des environnements technologiques réalistes, la caméra manuelle ôte un peu du côté épique offert par des angles de vue imposés. L’animation est fluide en toute circonstance, mais l’aliasing à outrance gâche vraiment le spectacle visuel.

Gameplay/Scénario: 18/20

En ajoutant une bonne dose d’exploration au beat’em all/aventure qu’était Lords of Shadow, Mercury Steam a trouvé l’équilibre nécessaire à la pérennité de sa saga. L’action est omniprésente et stratégique, même si un peu trop assistée par la possibilité de sucer le sang de vos ennemis, et le côté recherche/rpg est magnifié par les deux dimensions à parcourir et la pléthore d’objets à découvrir, de compétences à débloquer, et de défis à accomplir. Le scénario, lui, délivre un final grandiose à la saga, sublimé par une narration maîtrisée.

Bande-Son: 20/20

Les compositions musicales sont dignes d’un film hollywoodien. Centrées sur l’aspect gothico/mélancolico/épique, les nappes sonores sont inoubliables, tout comme le doublage anglais et les bruitages plus vrais que nature. Fermez les yeux, et laissez-vous bercer par cette ode au vampirisme « classe ».

Durée de vie: 16/20

En ligne droite, le soft vous tiendra en haleine une dizaine d’heures, mais presque le double si vous comptez récupérer tous les cristaux et accomplir tous les défis. Certes, ce sera toujours moins qu’un Symphony of the Night, mais à l’époque actuelle, c’est une excellente durée de vie.

Note Globale N-Gamz.com: 18/20

Bon sang, comme on l’a attendu, ce Lords of Shadow 2 ! A peine sorti que nous ne pouvions que nous jeter dessus toutes canines dehors, et nous sommes loin d’avoir été déçus ! Offrant un final grandiose à la trilogie de Mercury Steam malgré ses quelques errances techniques, le soft se paie en plus le luxe de proposer un côté exploration plus poussé et deux dimensions connectées pour des heures de plaisir vampirique. Résolument un must-have si vous avez dévoré les précédents volets !



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!