Review

Si, comme moi, vous ne connaissez pas encore Anima: Beyond Fantasy, vous êtes apparemment à la traîne. Apparue en 2005 sous la forme d’un jeu de rôle « papier » et ayant depuis donné naissance à un jeu de cartes, un jeu de figurines et un soft sur Wiiware passé inaperçu chez nous, la licence débarque sur PC et consoles de salon après une campagne Kickstarter réussie et compte bien initier les retardataires à l’univers de la franchise.

C’était plutôt mal parti…

Incarnez la Porteuse des Calamités!

Incarnez la Porteuse des Calamités!

Une jeune femme amnésique (alors ça, c’est original !), la Porteuse des Calamités, et son acolyte malgré lui Ergo Mundus, un monstre qui passe une bonne partie de son temps enfermé dans un livre l’empêchant de déployer toute sa puissance ravageuse, sont chargés de récupérer le Byblos, un artefact extrêmement important venant d’être dérobé. Après un combat acharné contre la voleuse de l’objet, notre duo se retrouve projeté dans une étrange tour. Qu’est cet endroit, et quel est le but de leur présence ici ?

Anima: Gate of Memories est l’une de ces œuvres qui commencent mal. L’ouverture permet d’emblée de se retrouver face au plus grand défaut du soft: sa narration ! En effet, les dialogues sont doublés en anglais de manière généralement bien peu convaincante. Mention spéciale d’ailleurs à Ergo, modèle d’humour foireux qui tombe irrémédiablement à plat. L’écriture n’est clairement pas non plus le point fort du studio : les échanges entre la Porteuse et le démon se limitant dans de nombreux cas à une réplique pénible d’Ergo sur les attributs féminins de sa comparse, ponctué d’un « La ferme ! » de cette dernière. Pour un jeu qui mise à fond sur son univers et son scénario, c’est sacrément handicapant.

Anima tonique

Vous pourrez passer à volonté d'un personnage à l'autre, de quoi rythmer d'autant plus les affrontements

Vous pourrez passer à volonté d’un personnage à l’autre, de quoi rythmer d’autant plus les affrontements

Pour autant, on est bien loin d’être face à la purge pressentie initialement. Le manque de budget et d’expérience du studio (composé d’une poignée de développeurs) se ressent, mais sa passion également. Anima: Gate of Memories se présente comme un action RPG en monde ouvert, et c’est aussi l’un de ses défauts initiaux. Largué dans cette immense tour composée de plusieurs mondes distincts, tels qu’un manoir rempli de marionnettes vivantes ou des plaines verdoyantes, aussi dérouté que les protagonistes, le début de l’aventure n’est décidément pas fort engageant.

En se forçant un peu, la progression se fait plus claire et on comprend enfin ce que l’on attend de nous: combattre des créatures surpuissantes peuplant la tour, celle-ci étant en réalité bâtie sur les souvenirs de ces dernières. C’est sur ce point que le soft se rattrape quelque peu niveau scénario: en récoltant des fragments de souvenirs, vous en apprendrez plus sur les boss, leur passé souvent torturé et leurs motivations. Bien écrits, ces documents tranchent radicalement avec la pauvreté des dialogues; on regrettera d’autant plus la localisation française perfectible, qui nous donne droit à de nombreuses coquilles et maladresses de traduction.

Les combats sont dynamiques et exigeants

Les combats sont dynamiques et exigeants

Les combats ont quant à eux de vraies qualités à faire valoir: dynamiques et exigeants, ils vous permettront de passer à l’envi d’un personnage à l’autre, chacun possédant son propre arbre de compétences, malheureusement trop similaire à celui de son binôme. A noter que les barres de vie sont également uniques à vos héros. Il faudra jongler habilement entre la Porteuse et Ergo, l’un pouvant compléter un combo initié par son comparse. Ces enchaînements, s’ils ne sont pas un modèle d’originalité et de finesse, possèdent un rythme qui permet néanmoins d’impliquer le joueur.

On n’en dira hélas pas autant des phases de plateforme tout bonnement atroces, dans lesquelles la rigidité des personnages rend toute précision impossible. Difficile à croire que qui que ce soit de sensé aie pu croire un seul instant au bien-fondé de ces séquences, fort heureusement pas trop nombreuses.

Si tu manques de recul, comment veux-tu…

La technique est datée, mais les environnements valent tout de même le détour

La technique est datée, mais les environnements valent tout de même le détour

Dans Anima: Gate of Memories, on a donc de la plateforme exécrable, des dialogues mal écrits et piètrement doublés ainsi que de l’exploration confuse, rendue parfois pénible par de nombreux allers-retours trop longs. Rajoutons à cela des graphismes cel-shadés corrects mais datés et on pourrait fort logiquement croire à un ratage total.

Ce n’est heureusement pas le cas, le soft possédant ce « je ne sais quoi » qui pousse à y revenir pour explorer la tour et affronter ses terribles occupants, synonymes de combats de boss plutôt intéressants et très différents l’un de l’autre. Une fois passée les mauvaises surprises initiales, on se prend au jeu, aidé par une bande originale autrement plus inspirée que la direction artistique et le scénario: entre le très beau thème chanté du menu principal et de belles envolées épiques, on sent qu’un soin tout particulier a été apporté à la partie musicale.

Difficile à conseiller chaleureusement, Anima: Gate of Memories n’en reste pas moins un petit action-RPG certes très moyen, mais étrangement prenant et développé par une toute petite équipe visiblement amoureuse de son projet, quitte à ne pas avoir su prendre le recul nécessaire pour pointer du doigt des défauts qui sautent violemment au visage une fois la manette en main. A tenter pour les fans du genre, en connaissance de cause.

La Bande-Annonce

Réalisation: 13/20

Loin d’être un foudre de guerre, le soft compte sur le cel-shading pour masquer sa technique vieillotte, et ça fonctionne étonnamment plutôt bien. Le petit budget est évident, mais le soin apporté aux environnements également.

Gameplay/Scénario: 12/20

Pour un Action-RPG, on ne peut pas dire que le jeu s’en sorte avec les honneurs. Entre les dialogues mal écrits, un scénario rempli de clichés plus gros les uns que les autres et un univers apparemment intéressant mais bien mal mis en valeur, on n’est clairement pas face à modèle d’écriture. Heureusement, les combats rattrapent ce défaut et permettent de se prendre au jeu, ce qui est tout sauf le cas des phases de plateforme, abominables.

Bande-Son: 15/20

Entre un très joli thème principal et des compositions rythmant à merveille aussi bien l’exploration que les affrontements, la bande originale a fait l’objet d’énormément de soin. Quel gâchis d’y avoir apposé des doublages allant du moyen au très mauvais, appuyant d’autant plus la pauvreté des dialogues.

Durée de vie: 14/20

Comptez une quinzaine d’heures pour atteindre une des quatre fins disponibles, une vingtaine si vous envisagez de passer du temps à explorer le moindre recoin. Pas mal du tout pour un soft proposé à prix doux.

Note Globale N-Gamz.com: 12/20

Peut-être pas la meilleure carte de visite pour l’univers d’Anima, ce Gate of Memories saura tout de même faire passer un moment agréable, entrecoupé de sacrées doses de frustration, aux amateurs d’action-RPG prêts à voir au-delà de ses très encombrants défauts.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !