Review
Après plus d’une décennie d’attente, Triumph Studio sort enfin le très attendu Age of Wonders III sur PC, petit dernier d’une saga qui avait déjà fait parler d’elle par le passé. Longtemps reléguée dans l’ombre de Heroes of Might & Magic, la série se voit relancée avec une maturation certaine. Reste à savoir si celle-ci sera suffisante pour lui offrir le devant de la scène et si le tout sera à la hauteur des nombreux fans qui attendent cette suite au tournant.
Patience, mon enfant… patience
Il aura fallu onze années au total pour que le studio néerlandais Triumph Studio reprenne en main sa toute première licence! Mettant de côté Overlord, un jeu d’action et d’aventure où l’on joue pour une fois les grands méchants, l’équipe replonge ses fans dans l’univers stratégique de Age of Wonders. Le but de ce soft au tour-par-tour est simple: prendre le contrôle de toutes les villes de vos adversaires et détruire leurs avatars. Chaque jour, vous choisissez le mouvement de vos troupes et les améliorations de vos villes. Il vous faudra donc mêler exploration et conquête avec gestion de vos différentes cités et armées.
Le soft reprend le background des précédents volets et amène à une nouvelle génération de protagonistes. Nous arrivons ainsi en plein conflit entre la Communauté (qui n’est autre que l’Empire Humain en expansion) et la Cour Elfique tentant tant bien que mal de protéger son domaine. Les deux campagnes proposées nous permettent de jouer dans l’une ou l’autre des factions: nous aurons donc le choix entre Sundren, la princesse elfique qui de fil en aiguille devra conduire son peuple à la guerre et Edward, un jeune humain prêt à tout pour prouver sa valeur auprès des siens. Les deux scénarios se passent au même moment, sous un angle de vue différent, ce qui leur donne une complémentarité intéressante. Pour les amoureux de background, ce duo de campagnes est donc tout simplement parfait. Une dizaine de scénarios libres sont également disponibles pour continuer à jouer après la fin du mode histoire. Le tout, sans compter l’éditeur de map, qui vous permet de gérer la taille de la carte, le nombre de vos adversaires, le type et la difficulté du mode de jeu. Bref, il y a de quoi faire.
De l’art d’être bien préparé
Age of Wonders III se présente donc sous la forme d’un STR en vue aérienne, dans laquelle vous débutez chaque partie avec votre héros de base qui se voit attribuer quelques unités de combat à ses côtés. Une première ville vous est acquise en tant que capitale, à moins que le scénario ne décide de vous forcer à en bâtir une à l’aide d’unités civiles (lesquelles vous permettent également de construite des avant-postes). Votre ville vous permettra de vous créer un territoire, en exploitant les ressources présentes sur vos terres (leurs frontières sont symbolisées par une longue ligne blanche), de taxer vos habitants afin de leur soutirer de l’or et d’en former quelques-uns à l’art de la guerre. La création de bâtiments militaires ou civils sera essentielle à l’amélioration de votre armée et l’agrandissement de votre domaine, ainsi que la satisfaction de votre peuple. En effet il est important de veiller à leur bonheur par un environnement et des terres adaptés, ainsi que des structures de divertissement (les bains par exemple) afin que la populace vous soutienne. Dans le cas contraire, vous pourrez être victime d’une rébellion, perdre votre ville, les ressources qui vont avec et potentiellement voir la victoire vous filer sous le nez. Cela est principalement le cas lorsque vous annexez les villes de vos adversaires.
Effectivement, une fois que la ville de votre ennemi est sous contrôle, vous avez le choix entre l’annexer, la piller, la brûler ou encore y importer votre peuple aux dépends de celui déjà en place. Il vous faudra souvent peser le pour et le contre de ce dernier point. Une ville avec un peuple qui n’est pas le vôtre pourrait en effet vous offrir des unités de combats différentes de celles dont vous disposez ordinairement, mais vous prenez le risque d’une rébellion si vous ne satisfaisaisez pas vite ses occupants. A l’inverse, mettre votre peuple à la place du premier vous permettra de plus vite vous fournir en unités de votre espèce et assurera l’harmonie de la Cité. Cependant le peuple trahi ne vous pardonnera jamais ce geste et vous perdrez de nombreux points de bonté. Tous vos actes, bons et mauvais, sont ainsi recensés et de ceux-ci dépendront de nombreuses difficultés dans votre aventure.
La connaissance et la position: les clefs de la victoire
Mais la plus grande particularité du jeu reste sans conteste le cumul de point de savoir. Ainsi, lorsque vous possédez suffisamment de points, vous pouvez effectuer des recherches et permettre à votre héros d’apprendre un sort particulier, qu’il pourra utiliser sur ses unités ou son territoire. Ces potentielles capacités dépendent essentiellement de la race et de la classe de votre protagoniste. Pour ce qui est des combats, par ailleurs, le système prend des airs de Total War. Vous serez face à un champ de bataille en 3D à grande échelle avec la possibilité de manier vos troupes à volonté. Leurs déplacements se fait via une grille d’hexagones colorés. Plus la couleur se dégrade et plus les unités de combat sélectionnées perdent en possibilité d’actions. En effet si vous laissez vos archers sur place et que l’ennemi est à portée, ils pourront décocher leurs flèches par trois fois. Si vous choisissez de vous rapprocher par contre, ils ne tireront qu’une à deux fois, voire pas du tout. Il est donc très important de réfléchir à tous ces paramètres.
De plus, si l’attaque basique et la posture de défense sont la base sur toutes les unités, certaines se voient pourvues d’actions spéciales: sorts, attaque à distance, attaque rapprochée ou soin. Le petit plus: plus une troupe participe à un combat de par ses actions, et plus elle gagne de médailles et donc en efficacité. Les héros eux ne gagnent aucun attribut mais des niveaux. A chaque montée, ils améliorent leurs statistiques, leurs passifs et peuvent apprendre quelques sorts de combat.
Ohé, fantassin! Mais non, pas toi, l’autre!
Graphiquement parlant, ce titre tout en 3d est très bien réalisé et il se place facilement au même niveau que ses principaux concurrents. Chaque début de nouveau chapitre dans les campagnes est présenté à l’aide d’images parcheminées qui donnent un ton très « fantastique » à l’histoire. Un vrai coup de coeur pour ses illustrations par ailleurs. Seul petit bémol peut-être, des unités qui parfois peuvent se confondre sur le champ de bataille tant elles sont ressemblantes.
Ce qui n’est absolument pas le cas du fond sonore. Les musiques d’ambiance du jeu sont apaisantes, bien ancrées dans le style fantasy et se suivent les unes les autres sans accrocs. Il n’y a pas un instant où l’on se lasse de les entendre. Une vraie réussite acoustique! Les musiques en combats sont plus énergiques, sans trop partir dans l’épique, ce qui facile la réflexion plutôt que l’action instinctive. Quant aux doublages, ils respectent le ton et le ressentiment que l’on imagine pour chaque personnage.
Une attente qui en valait la peine!
Age of Wonders est donc pourvu d’un charme certain, possède une ambiance profondément fantastique et garde un gameplay stratégique simple d’approche mais efficace. On regrette le manque de diversité des unités mais on adore ce désir de conquête qui s’empare de nous. Sans oublier que la terre peut être foulée également dans les souterrains, ce qui apporte un stratagème certain. Au final ce sont de longues heures de jeu promises et appréciées et un contrat relevé haut la main par Triumph Studio qui nous déterre-là une bien belle franchise.
La bande-annonce
Réalisation: 16/20
Ce que l’on peut dire, c’est que Age of Wonders III respecte bien l’idée que l’on a d’un univers fantastique. Graphiquement parlant, on est à des kilomètres de ce qui se faisait dans les précédents opus. Les champs de bataille sont impressionnants et les illustrations en guise de cinématique ont un charme indéniable. Quant aux interfaces, elles sont simples d’utilisation et restent très proche du style fantastique du titre.
Gameplay/Scénario: 18/20
La stratégie est partout dans ce jeu. Dans la gestion des troupes, l’amélioration de vos cités, vos choix quant à l’avenir d’une ville ennemie ou les pourparlers diplomatiques. Il s’agit réellement d’un soft où aucune partie ne se ressemble. Sans oublier le fameux manuel, autrefois physique, qui est inclu au sein même du jeu! Avec ses nombreux chapitres et sa fonction de recherche vous risquez de vous y plonger un moment. Pour ce qui est du scénario le duo de campagnes complémentaires est une très bonne idée et l’on s’attache vite à nos héros.
Bande-Son: 16/20
Une playlist profondément fantastique, plutôt apaisante, on ne pouvait rêver mieux. Voilà bien longtemps que je ne m’étais pas retrouver à écouter toutes les pistes sonores d’un jeu avec plaisir. Les doublages sont peu nombreux ingame, mais c’est suffisant pour que l’on reste dans le ton.
Durée de vie: 18/20
Si les campagnes peuvent être terminées en une dizaine d’heures chacune, ce qui est déjà un bon point, l’éditeur de niveau ajoute de longues heures au soft. Un contenu inépuisable, à revivre seul ou jusqu’à huit joueurs en multi.
Note Globale N-Gamz.com: 17/20
Pour avoir connu les précédents volets de la saga, je suis agréablement surprise des progrès fournis par le studio. Nous avons bien en face de nous un jeu qui plus que jamais rivalise fortement avec ses concurrents. Un travail de qualité, une playlist fantastique et une durée de vie plus que correcte font de Age of Wonders III le jeu de stratégie au tour-par-tour du moment. Un titre qui s’est fait attendre, mais pour la bonne cause!