Review
Laura (Florence Colucci) est une jeune fille issue de famille modeste. Pour survivre, son père, Wilson (Gustavo Alonso), retape des vieilles maisons destinées à la revente. Justement, son ami, Nestor (Abel Tripaldi), a précisément une maison familiale délabrée dont il souhaite se débarrasser. Perdue en pleine cambrousse, l’édifice a clairement besoin d’un bon coup de polish (moi je l’aurai rasé, mais bon, çà n’aurait pas fait un film…) aussi Wilson et Laura décident-ils d’y passer directement la nuit avant d’entamer le gros-œuvre le lendemain matin. Mais lorsque le père de Laura disparaît mystérieusement et que des bruits inexpliqués se font entendre à l’étage, l’univers de notre adolescente commence à prendre des allures plus qu’angoissantes.
Sorry de ne pas vous en dévoiler plus, mais le scénario est tellement famélique que j’aurai eu beaucoup de mal à faire une thèse de fin d’études dessus. En fait, vous passerez le plus clair de votre temps à suivre une Laura apeurée, schizophrène et en pleurs permanents, tentant d’échapper à on ne sait qui et qui a bien du mal à porter tout le film sur ces frêles épaules. Je m’explique juste ci-dessous.

Le père de Laura s'en sortira-t-il vivant? Au bout d'une heure de film, ce sera le cadet de vos soucis
L’idée censée apporter du sang neuf au survival/horror du 7ème art est le fameux plan séquence unique. Autrement dit, à aucun moment (ou presque), l’action n’est coupée. La caméra (enfin, l’appareil photo Canon Mark II 5D) tourne non stop de la première à la dernière minute du film. La durée de ce dernier correspond donc précisément à la durée des événements qui assaillent Laura. Vous l’aurez compris, difficile d’élaborer un scénario complexe sur des faits censés se dérouler en 1h30 chrono !
Bien sûr, le plan séquence unique doublé d’une prise de vue caméra à l’épaule permet d’immerger le spectateur un peu plus profondément dans le film, façon projet Blair Witch, mais étrangement, la peur ne fait que trop rarement son apparition. Pire, l’ennui pointe le bout de son nez en plein milieu du long-métrage, lorsque notre héroïne, sortie de ce cauchemar, ne trouve rien de mieux que…d’y retourner ! Et oui, le plan séquence cantonne également toujours au même lieu…et vu la taille de la maison, on en a vite fait le tour ! Pire, on se surprend, une fois Laura « back in the house » à tenter de déceler les coupures de ce fameux plan séquence, preuve s’il en est que l’on a que ça à faire passée cette transition à deux Euros cinquante.
Alors oui, l’actrice signe une bonne performance, car tenir 1h30 sans s’arrêter de jouer (ou très peu si coupure du plan il y a) est impressionnant. Seulement être obligée de ne jouer que deux émotions tout au long du film, à savoir les pleurs et l’hystérie, va finir par lasser même le plus patient des amateurs de terreur au cinéma. Pourtant, son côté un peu autiste du début m’a bien plu et je m’attendais à être saisi par cette personnalité hors norme…dommage.
Mais ce qui finira de vous achever, si vous n’êtes pas déjà parti d’ici-là, c’est la fin complètement absurde et incohérente. Alors ok, je suis d’accord que miser sur la folie humaine, çà permet pas mal de largeurs, et çà peut donner d’excellents résultats, mais là çà sert juste de cache-misère à un réalisateur qui n’a jamais vraiment su où il allait, nous présentant au compte-goutte des éléments censés scénariser son œuvre, pour au final tous les faire passer dans le Moulinex de la pensée humaine et nous resservir une bouillie dont on aura bien du mal à apprécier l’effluve.
Et n’allez surtout pas croire que je n’ai rien compris à la fin ou que le scénario peut se lire sur plusieurs niveaux. On n’est pas dans Sucker Punch et sa psyché humaine toute en démesure, son symbolisme jouissif et son degré de relecture élevé. Dans The Silent House, il n’y a tout simplement même pas de première lecture ! C’est plat, mou, sans idées et tout ce que j’espère, c’est que l’actrice principale aura l’occasion de démontrer tout son talent dans un vrai film d’horreur cette fois !
En résumé, The Silent House est une vraie déception pour cinéphiles amateurs de suspense horrifique, et ce n’est pas le seul bonus du blu-ray (une interview de 3 minutes avec le réalisateur) qui sauvera ce « fait divers » du marasme dans lequel il s’est lui-même vautré! Une énorme arnaque comme en voit trop, surfant sur un buzz non mérité de par son unique plan séquence et son côté « film d’auteur » totalement à l’ouest. Gardez votre argent et achetez plutôt des blu-ray qui en valent le coup (Inception, Sucker Punch, Matrix, Insidious, et tant d’autres), voilà mon conseil.