Review

Un scénariste japonais, un dessinateur coréen et un conte allemand peuvent-ils nous procurer un bon shonen manga ? Si les deux premiers tomes de Lost Seven, la revisite de Blanche Neige sauce « 7 Samouraïs », nous avaient plutôt enthousiasmés avec un rythme soutenu et un dessin plus qu’accrocheur en gros plan, nous avions un peu peur que le format en « quadrilogie » nuise à l’épanouissement du récit. Rassurez-vous, les deux derniers volumes de cette œuvre éditée par Doki-Doki sont tout bonnement… grisants !

Un revisite incroyablement dark du conte de Blanche-Neige!

Un revisite incroyablement dark du conte de Blanche-Neige!

Rose Rouge, la fille de la cruelle Reine Rouge assassinée par les sept nomades du Clan de Brai pour le compte de la défunte Blanche-Neige, a désormais conclu un pacte avec Tanlo, le guerrier maudit qui a tué sa génitrice, afin de briser une bonne fois pour toutes le Verre de Séphiroth, ce miroir maléfique faisant déferler ses nuées de démons dans le Royaume Enchanté. Petit à petit, les compagnons d’armes de Tanlo, qui l’avaient aidé à commettre le meurtre des années auparavant, vont se laisser convaincre par la détermination de la jolie Rose, cette dernière s’éveillant petit à petit aux mêmes pouvoirs que sa mère. Mais la volonté du miroir entend bien courber le destin pour continuer à subsister… et le jeu des manipulations se relance de plus belle en la personne de Petite Rose, la réincarnation démoniaque de la Reine Rouge. L’affrontement entre la fille légitime et la copie malfaisante de la souveraine semble inévitable. Et si au final, notre héroïne se laissait corrompre à son tour par la puissance de l’artefact ?

Le détail sur les personnages et leur chara-design force le respect par moments

Le détail sur les personnages et leur chara-design force le respect par moments

Techniquement, ces deux derniers tomes de Lost Seven conservent les atouts de leurs aînés, en proposant notamment des décors travaillés et des gros plans tout bonnement incroyables sur le plan du chara-design et des détails. Certaines scènes sont ainsi tout bonnement somptueuses, notamment lors du combat contre Petite Rose, alors que le ciel se déchire littéralement pour entrevoir le monde démoniaque. On sent la maîtrise graphique de Ko Yasung à ce niveau, c’est un fait, mais les mêmes errements sont à noter. Ainsi, les plans éloignés manquent toujours autant de finesse, et le découpage des séquences d’action n’est parfois pas aisément compréhensible. Ce dernier point est même beaucoup plus présent que dans les deux premiers volumes, vous obligeant à relire par deux fois certaines cases… ça sent le non-respect des délais éditoriaux tout ça ! Dommage car hormis ces soucis, le reste est d’excellente facture et on apprécie vraiment le soin apporté à chacun des guerriers, mais aussi à la superbe Rose Rouge, dont les courbes affriolantes ne font jamais l’objet d’un fan service éhonté. Une héroïne belle et classe en toutes circonstances, protégée par son chevalier servant dont la peur est la pire ennemie… un duo que l’on ne peut que trouver attachant !

Un tome 3 enivrant de fureur et d'émotions pour un volume 4 riche en révélations!

Un tome 3 enivrant de fureur et d’émotions pour un volume 4 riche en révélations!

Niveau scénario, Lost Seven avait posé les bases d’un récit qui aurait pu devenir fleuve sans nécessairement lasser, spectateur que nous étions de la recomposition de l’équipe des 7 nomades (ou de leurs successeurs, la vie n’ayant pas toujours été tendre). De fait, apprendre que la série se terminait en à peine quatre volumes avait de quoi inquiéter, trop de bonnes histoires voyant leur potentiel gâché à cause d’un rush final obligeant à la contraction malsaine du background et des révélations. Fort heureusement, Kazuki Nakashima parvient à découper de main de maître sa narration pour nous livrer, en deux ultimes volumes, trois combats anthologiques, dont un dans le tome trois qui vous fera verser quelques larmes, tout en parvenant à nous faire comprendre tout l’univers de son œuvre avec la genèse du Verre de Sephiroth, les réelles intentions de la Reine Rouge, le rôle à jouer de Petite Rose, etc… Aucune question ne reste en suspens, les retournements de situations sont nombreux et chaque phrase revêt une importance particulière. Excellent !

En résumé, si nous étions un peu dubitatifs sur le fait que Lost Seven puisse conclure son récit sans nous frustrer en seulement quatre volumes à partir d’un postulat de départ qui en aurait nécessité le double, force est de constater que l’auteur a réussi son pari et que l’on ressort, au bout du compte, incroyablement surpris de cette lecture. Un Shonen bien plus profond qu’il n’y paraît, visuellement travaillé et proposant une galerie de personnages vraiment intéressants, dans une revisite intelligente du Conte de Blanche-Neige qui pourrait même rappeler, par moments, du Clamp dans son âge d’Or. A posséder d’urgence si vous appréciez le genre.

Note Globale N-Gamz: 4,5/5



About the Author

Neoanderson (Chapitre Sébastien)
Hardcore gamer dans l'âme, la quarantaine depuis peu, je suis le rédacteur en chef autant que le rédacteur de news et le vidéo-testeur de ce site (foncez sur la chaîne YouTube d'ailleurs). Amoureux des RPG nourri aux Final Fantasy, Chrono Trigger, Xenogears et consorts, je suis également fan de survival/horror. Niveau japanim, je voue un culte aux shonens/seinens tels que Ga-Rei, L'Ile de Hozuki, Orphen, Sprite ou encore Asebi. Enfin, je suis un cinéphile averti, orienté science-fiction, fantastique et horreur, mes films cultes étant Star Wars, Matrix, Sucker Punch, Inception et Tenet. N'hésitez pas à me suivre via mon Facebook (NeoAnderson N-Gamz), mon Twitter (@neo_ngamz) et mon Instagram (neoandersonngamz)!