Introduction
Cher(e)s ami(e)s,
-Vous faites des Perfect avec Haomaru à « Samurai Showdown » tout en disant par téléphone à un(e) ami(e) comment finir un Nième Final Fantasy ? Non ? C’est avec Mitsurugi à « Soulcalibur », alors …
-Zatoïchi est votre film culte, et vous ressortez les répliques dans un japonais PARFAIT, et ce, malgré le fait que vous vous baffriez de chips au vinaigre et de Curly ?
-Vous aimez vous déguiser en Kenshin pour les concours de Cosplay dans les conventions, où vous rivalisez avec les plus grands sur le stand Karaoké ?
Alors, je dois vous dire ceci :
-Y a des furieux de la manette, c’est sûr.
-Total respect. Essaye avec des Shamallow, pour voir.
-J’espère que tu ne prends pas tes sabres dans les pieds des étals quand tu tournes dans les allées…
Et surtout :
Le point commun à tout ceci, c’est l’esprit des samurais. Et qui dit « Samurai » n’aura pas de gage, mais dit bien « Sabre »:
En japonais, « Katana » ( 刀) ou « Nihontô » (Sabre Japonais ; 日本刀).
Et l’art de dégainer le sabre, justement, s’appelle Iaïdô (居合道 « l’art de dégainer » ou plus couramment « la voie du sabre »)
« Mais… » Me direz-vous « C’est quoi le Iaïdô ?… ». « Allez-y, dites-le… Sisi…« .
Pour commencer, ce terme est récent : il date du XXe siècle. Mais il faut remonter au VIIIe Siècle pour en retrouver la plus ancienne trace. En effet, à l’ère de Nara (Nara Jidai 奈良 時代 : 710-794), la noblesse impériale (Kuge 公家) pratique durant sa formation la « Voie du Sabre » (Kumitachi 組太刀).
Durant l’ère de Heian (Heian jidai 平安時代 : 794-1185), les grandes familles féodales (Buke 武家) , qui deviennent plus autonomes, forment leurs propres guerriers dans des écoles (Ryûha流派)en tentant de codifier la « voie ». Pour leurs Samurai (侍 , de Saburo : « qui sert » ou « qui est proche »), l’entraînement quotidien au Bu-Jutsu (武派 : « Arts Guerriers ; Arts Martiaux») incluait le Ken-Jutsu (剣術 « Art du Sabre »).
A partir de 1185 et durant l’ère de Kamakura (Kamakura Jidai 鎌倉 時代 : 1185-1333) commence l’âge d’or des Samurai et de la « voie du sabre » durant laquelle l’Empereur n’avait qu’un pouvoir symbolique, mais aussi religieux. Cette période voit la mise en forme d’un code moral qui, additionné de bouddhisme zen, donnera quelques siècles plus tard le Bushido (« Voie du Guerrier » 武士道).
La création du Iaïjutsu ( 居合術 « Art de dégainer») par Hayashizaki Jinsuke Shigenobu ( 林崎 甚助 重信 ; 1549-1622) serait postérieure à 1601. Il en fait une discipline non–agressive sous l’influence du Zen bouddhiste après l’étude du sabre entre 1595 et 1601. Ses disciples appelleront son école « Shin Musou Hayashizaki » ( 神 夢 想 林崎 « Inspiration divine de Hayashizaki »)
Alors que le IaïJutsu met l’accent sur la vitesse de la coupe et le réalisme, le Iaïdô met en avant la fluidité et la justesse du mouvement.
Quelle que soit l’école qui enseigne cette voie, toutes transmettent les mêmes valeurs, et la même discipline.
Histoire
-Musou Shinden Ryuu (夢想 神伝流 « inspiré des Dieux ») : La plus répandue . Ecole originelle, considérée comme orthodoxe quant à la transmission de la voie. Elle a été fondée par Hayashizaki Jinsuke Shinegobu (林崎 甚助 重信 ;1549-1622). Voir plus haut
乾坤得一貞 kenkon toku ittei C’est universel, constant.
吸毛方納密 Suimo hono mitsu La plume portée par le vent procure réelement ce secret.
動着則光精 Dochaku soku kosei connaitre l´harmonie, reconnaitre la confusion à l´intérieur c´est être éclairé
A l’avant , le Hakama présente 5 plis qui sont autant de principes actifs que doit posséder une personne :
– Jin : Affection et le nom du pli : Jin
– Gi : Vertu et le nom du pli : Gi
– Rei : Courtoisie et le nom du pli : Rei
– Chi : Sagesse et le nom du pli : Chugi
– Shin : Sincérité et le nom du pli : Yuki
les deux plis de derrière portent eux aussi une signification :
– Chu : Loyauté et le nom du pli : Makoto
– Koh : Piété et le nom du pli : Meiyo
-Le Gi (haut) en coton
-Le Hakama, donc,
-L’Obi (ceinture) d’une largeur de 13 à 14cm, afin de pouvoir y ranger les sabres
-Et les Tabi (chaussons)
–Sabre en bois « Bokken » ( 木剣 ) ou « Bokuto » (木刀) qu’on utilise surtout au début, ou lors d’exercices avec un(e) partenaire.
-Sabre en aluminium « Iaitô » (居合刀) utilisé par la suite lors d’exercices en solitaire
–Sabre court « Wakizashi » ( 脇差)qui compose avec le katana le « Daishô » (大小)
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Iaïdô est ouvert à tous les âges et aux deux sexes.
Références 1
–« Babycart », ou les aventures d’un Ronin (Samurai sans maître) qui traverse le japon avec un enfant dans un landau. Saga de 6 films tirée du Manga du même nom.
Le « Traité des Cinq Roues » ou Traité des Cinq Anneaux » ( Gorin no Sho ; 五輪の書 )de Miyamoto Musashi (宮本武蔵 ), qui date du XVIe siècle et qui résume l’essence des Arts Martiaux . Ce livre a inspiré un jeu de rôles : Legend of the 5 Rings (« L5R »)
La vie de Miyamoto Musashi a inspiré le cinéma :
En 1954, Mifune Tôshiro (meilleur acteur japonais de tous les temps) incarne le rôle du samuraï dans le film de
Hiroshi Inagaki
Références 2
Mifune, qui a joué dans nombre de films du genre, notamment sous la direction de Kurosawa Akira.
Tels quet :
–Les Sept Samurai ( 七人の侍 Shichinin no Samurai ) en 1954 qui met en avant les valeurs des Samurai.
-Yôjinbô (用心棒) de 1961, qui inspirera Sergio Leone pour son film « Pour une poignée de dollars »
–La Forteresse cachée ( « Kakushi-toride no san-akunin» ) en 1958 raconte l’histoire, à la fin du XVIe siècle (Période du Ken Jutsu) d’un groupe composé de deux paysans et d’un général devant accompagner une princesse vers son territoire pour refonder son clan.
–Zatoïchi (座頭市) : série de 26 films (1962-1989)
et de 4 séries télévisées comptant :
-pour la première série (1974) : 26 épisodes
-pour la seconde (1976) : 29 épisodes
-pour la troisième (1978) : 19 épisodes
-pour la dernière (1979) : 26 épisodes
Et qui raconte les aventures d’un masseur aveugle particulièrement doué pour pratiquer le Iaïdô durant la période Edo (Edo jidai ; 江戸 時代 ; 1603-1867).
Le film de Kitano Takeshi date de 2003. Le dernier en date « Zatoichi The Last » date de 2010 et est réalisé par Junii Sakamoto.
Au passage le coffret « L’intégrale » ne compte que 14 films sur les 26…
Références 3
Les planches illustrant les katas y sont claires et précises.
Une bonne référence pour avoir une bonne approche du Iaïdô.-« Shôgun » (1980) de James Clavel.
L’approche de Jerry London a été de voir l’histoire au travers des yeux du navigateur anglais. Ceci nous aide à mieux comprendre l’histoire en comparaison au livre. L’histoire se situe entre la fin du XVIe Siècle et le début du XVIIe. A l’époque de la naissance du Iai Jutsu.
On retrouve l’incontournable Mifune Tôshiro en Daimyô (seigneur féodal) qui profite de l’arrivée d’un navigateur anglais (campé par un Richard Chamberlain au mieux de sa forme et à qui la barbe apporte un surplus de charme) pour le prendre sous sa protection et s’en servir pour devenir le Shôgun (Chef des armées) du Japon. La rencontre des cultures européenne et japonaise est intéressante, ainsi que les scènes au sabre. C’est en regardant cette série que je suis tombé amoureux du Japon et de sa langue, ainsi que des femmes. C’est la faute à Mariko, si bien incarnée par la belle Yôko Shimada.
–Kenshin le Vagabond (Rurôni Kenshin るろうに剣心):
Manga de Nohubiro Watsuki en 28 volumes racontant l’histoire de Kenshin, surnommé Battosai,parcourt le Japon de l’ère Meiji (Meiji Jidai 明治 時代 ; 1868-1912 ) en 1878. Ce dernier cache un lourd passé et refuse de tuer de nouveau, malgré son ancienne fonction d’assassin. Il utilise pour cela un sabre à lame inversée : normalement, la lame est courbe. Là, c’est le dos qui est affuté. Donc, quand il dégaine avec la courbure vers le haut, il présente le plat et non la lame, qui est tournée vers le bas puis vers lui.
-Série animée tirée dudit manga comptant 95 épisodes (de 1996 à 1998) ainsi qu’un film d’animation (1997) et 6 OAV (4 en 1999 ; 2 en 2001).
Cette œuvre est intéressante pour étudier la période Meiji et le maniement du sabre, bien que Kenshin ait été un assassin. Or, le IaïJutsu a été créé pour éviter les duels et autres violences.
-Dans la série « Samurai Spirit », l’émission consacrée au Iaïdô est assez parlante et bien faite
UN DERNIER MOT : « C’est en forgeant qu’on devient forgeron » dirait mon grand-père. Il était forgeron…
Pour pratiquer cette voie, il faut être patient et pratiquer régulièrement pour voir les progrès. Mais après l’effort, le réconfort. Et dès que les premiers progrès se feront sentir, vous aurez à cœur d’aller plus loin. Regardez donc sur Internet quels dôjô sont près de chez vous, faites un essai, et choisissez le Ryû qui vous convient le mieux. Le plus important, c’est le bien-être et le plaisir à pratiquer en groupe.
Remerciements et sources
– Shinshu Chikaoka et Luciano Gabriel Morgenstern du Dôjô de Cologne (Allemagne) :
http://www.iaido-koeln.de/mugai-ryu-iaido-kenjutsu/iaido/
-Niina Gosoke de la Fédération japonaise de Mugai Ryû :
http://www.mugai.or.jp/French/mugairyu/index.html
-Stéphane Tin et Stéphane Katabi (Mugai Ryû France)
-Roland Habersetzer (« Iaïdô : l’art de tirer le sabre » Budo Editions)
-Akira Kurosawa, Tôshiro Mifune, Yôko Shimada
-IMDB pour les filmographies. IMDB : Internet Movie Data Base, et non I Must Do Better…
-Wikipédia
-le site leBujutsu : http://www.lebujutsu.net/ qui est très complet en la matière
-Le site Ameagaru pour ses informations utiles : http://www.ameagaru.fr/index.php?ame=principes-iaido
-Mathieu Buglet et l’équipe du site Japan Community, qui m’ont fait confiance pour la rédaction de l’article :
http://www.japan-community.com/iaido-le-mouvement-pur/
Voilà un lien utile : le blog d’un Iaidôka, qui fait un travail remarquable :
http://crocodildundy.skyrock.com/3099081033-TAMESHI-GIRI-suite.html
La reference concernant le sujet, on en veux encore merci.