Review
Le PS Move est l’accessoire le plus précis actuellement sur le marché en termes de reconnaissance de mouvements. Loin devant la Wiimote et radicalement différent du Kinect, le bâtonnet multicolore made in Sony n’a, hélas, que peu de jeux tirant réellement parti de ses capacités hors normes. Sports Island est le meilleur représentant du genre, mais il en demeure par trop « casual ». Alors quand les géniteurs de la PlayStation décident de nous offrir un vrai soft de gamer dédié à ce périphérique, on ne peut qu’être intrigué et impatient.
Un développement secret défense…
En terme de hardcore gaming pur, force est de constater que les jeux PS Move se comptent sur les doigts d’une main et se mêlent tous au même genre : le jeu de tir. Que ce soit au travers de la fonctionnalité Move de Killzone 3 ou celle de Dead Space Extraction, l’accessoire augmente l’immersion de façon drastique…mais il reste toujours cantonné à son rôle « d’option ». Rares sont les softs qui sont totalement pensés pour le périphérique de Sony et son appendice : le Move Controler. Sports Islands et Datura font partie de ceux-là, mais il manquait cruellement d’un titre destiné aux vrais gamers, un jeu avec une histoire, un gameplay progressif. Bref, il manquait…Sorcery.
Sorcery, c’est un peu la mini-arlésienne du Move. Présenté lors de la première démonstration du périphérique à l’E3 2010, le soft vous faisait incarner un jeune magicien piégé dans un château hanté. A l’aide du Move, vous traciez dans l’air des incantations qui se matérialisaient à l’écran par un déluge de feu ou de glace, voire même par une transformation…en rat ! Sans aucun doute le soft qui avait le plus impressionné les foules, même s’il semblait graphiquement pauvre. Tout le monde s’attendait à voir débarquer le titre à la sortie de l’accessoire, mais il n’en fut rien et Sorcery, d’un coup de baguette magique, disparut purement et simplement de la circulation…
…Pour une excellente surprise
Ce n’est que tout récemment, alors que les joueurs l’avaient oublié, que Sorcery a refait surface, enrobé dans un habillage très aguicheur. Exit le mage en culottes courtes façon Harry Potter et son château en briques rouges, place à un jeune homme au caractère tête brûlée et à la mèche blanche : Finn. Accompagné de la chatte (pitié, pas de commentaire…) Erline, il suit tranquillement des cours de magie sous la houlette du sage Dash. Tout se déroule dans le meilleur des mondes au rythme des bêtises de l’apprenti apprenti, jusqu’à ce que, profitant d’un instant d’inattention de son mentor, il brise une sphère magique et libère le terrifiant pouvoir de la reine des Ténèbres, la mère…d’Erline !
Et oui, Erline est une jeune princesse transformée en animal, qui a pour héritage le trône du royaume convoité par sa terrible génitrice. Une seule solution pour notre adepte de la magie : fuir avec sa chatte royale (pitié, n’y pensez même pas^^’) pour retrouver le père de cette dernière, le tout en apprenant à maîtriser des pouvoirs liés aux quatre éléments, en traversant une dizaine de niveaux aux décors variés et en affrontant les orcs, trolls, elfes assassins et monstres de l’enfer envoyés à ses trousses par la reine. Tout un programme, et enfin un jeu à histoire pour le Move !
La magie opère-t-elle ?
Sorcery se présente donc comme un TPS classique où les tirs de mitrailleuses sont remplacés par des sorts de magie que l’on balance sur les ennemis via des mouvements du Move d’arrière en avant. On déplace Finn avec le Move Controler et on peut effectuer des mouvements d’esquive ou de protection sur simple pression d’un bouton. Un auto-lock est disponible afin de vous faciliter la tâche et chaque tir magique peut être orienté sur trois hauteurs différentes, tout en y ajoutant d’éventuels « effets » façon jeu de foot. Le tout répond parfaitement et offre un réel plaisir de jeu et une grande immersion, si tant est que votre poignet résiste à l’incessant va et vient que vous allez effectuer pour vous défaire des hordes d’ennemis qui vous assaille.
En plus du tir de base, vous allez glaner au fil de votre périple des élémentaires d’air, de feu, de terre et de glace. En effectuant le mouvement adéquat au Move, vous changez votre pouvoir de base en magie d’élément et arrivez à déclencher des tirs enflammés, des murs de glace ou encore de mini-séismes. Il vous faudra sans cesse passer d’une magie à l’autre car les monstres ont tous un point faible lié à l’une d’elles. De plus, le jeu est parsemé d’énigmes qui vous demanderont de faire interagir avec le décor ou entre eux lesdits éléments. Créer un tourbillon pour y insérer une flamme afin d’en faire un cyclone de feu, geler une chute d’eau pour l’escalader ou encore tirer un projectile éthéré à travers un vasque de feu pour faire brûler une charrue, il existe pas mal de possibilités, même si le tout est relativement scripté. Ne vous attendez pas à faire de l’improvisation totale, donc.
Un vrai jeu de gamer…trop répétitif
Sony Santa Monica nous l’avait promis : Sorcery s’adresserait aux gamers, afin de leur prouver que le move peut être un accessoire indispensable pour eux. Et en traversant le soft, on sent réellement cette volonté de nous offrir une aventure épique. Musiques grandioses, doublages français excellents, direction artistique poétique et dépaysante malgré des graphismes parfois un peu limite et un aliasing omniprésent, le titre nous entraîne réellement dans son univers. De plus, un excellent système d’alchimie a été implémenté pour vous permettre de booster vos statistiques tout en essayant moultes combinaisons d’éléments. De quoi ajouter à l’aspect anti-casual du soft.
Hélas, mille fois hélas, Sorcery est ultra-répétitif. Le jeu suit un schéma simpliste : j’avance, je me retrouve bloqué dans une zone pleine d’ennemis que je dois nettoyer avant de pouvoir continuer, je résouds une énigme, j’avance, …. Etc… Du coup, la poétique ballade au Pays des fées, des elfes et des gobelins se transforme parfois en promenade vers l’ennui, le jeu peinant à nous faire vivre des situations un tant soit peu originale (on ne compte que la transformation en rat, hélas anecdotique pour varier les plaisirs). C’est dommage car Sorcery est vraiment pétri de qualités pour un jeu à Move et aurait pu devenir un indispensable s’il avait été plus travaillé en terme d’expérience de jeu. Néanmoins, tous les possesseurs de l’accessoire peuvent franchir le pas sans trop de crainte, le titre est un très bon soft pour leur périphérique en cette période de disette pour la détection de mouvements.
Le vidéo-test
Réalisation: 15/20
Un réel effort sur la patte graphique du soft a été effectué depuis ses débuts timides à l’E3 2010. Les décors sont variés, l’aspect « magie environnante » est bien rendu et certains visuels font même dans le grandiose, avec des piliers gigantesques, des statues titanesques et des effets de lumière aguicheurs. L’animation tient le coup mais l’aliasing et certaines textures peu flatteuses viennent ternir le tableau.
Gameplay/Scénario: 14/20
Le scénario est agréable à suivre pour un jeu estampillé Move et la mise en scène est bien amenée. Le gameplay est bien pensé pour la détection de mouvement malgré deux pouvoirs (le vent et la glace) bien trop proche dans le geste à reproduire. L’interaction entre les magies est bien pensée mais trop scriptée, et le jeu se noie malheureusement dans une redondance de couloirs-monstres-énigmes qui nuit aux sessions sur le long terme, tout comme le va et vient incessant à faire au poignet pour lancer les sorts. Le système d’alchimie rehausse le tout pour des expérimentations parfois très amusantes.
Bande-Son: 18/20
Les doubleurs français sont juste incroyables, le ton est parfois caustique, et les musiques sont une véritable ode au rêve. Avec ses connotations celtiques, ses envolées lyriques et ses passages parfois plus sombre, nul doute que la bande-son va vous enchanter les oreilles ! Un pur moment de bonheur auditif.
Durée de vie: 13/20
Le soft bénéficie d’une durée de vie tout à fait raisonnable pour ce type de jeu, avec environ une huitaine d’heures pour en voir le bout. Il est agréable à suivre mais son côté répétitif pourrait rebuter les moins courageux. Enfin, le jeu est parsemé de trésors cachés, de pièces à récolter et de potions à créer, bien qu’il soit dépourvu de quêtes annexes.
Note Globale N-Gamz.com: 15/20
Rien que pour offrir aux possesseurs du Move une vraie aventure digne de ce nom, Sorcery mérite une bonne note. Joli, poétique et proposant un scénario certes basique, mais qui se laisse suivre, le soft tire parfaitement parti de la reconnaissance de mouvements mais se borne hélas à un certain cloisonnement des situations. Répétitif mais agréable, voilà comment on pourrait résumer ce titre qui sort du lot des jeux Move jusque-là cantonnés au « casual ».