Review
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point »: en sortant à la hâte une version visiblement non terminée de son prometteur platformer à la sauce Metal, Slain, l’éditeur Digerati a visiblement oublié ces mots pleins de sagesses de l’ami Jean. Quelques mois plus tard, c’est dans une version remaniée et sous-titrée judicieusement Back from Hell que nous revient ce Slain sur PC (via une mise à jour gratuite) et consoles. Alors, est-on enfin face au soft de qualité que nous faisaient miroiter ses alléchants screenshots, ou plutôt devant une cause désespérée ?
Death to all but metal
La mort est un sommeil éternel, mais pas pour le guerrier Bathoryn: après une existence de combats sanglants, le voilà forcé de sortir de sa tombe pour mettre un terme à l’existence de six terribles démons.
Le scénario de Slain, conté par quelques dialogues et un texte introductif au début de chaque monde, ne fait pas dans la subtilité, et ce n’est de toute façon pas ce qu’on lui demande. La direction artistique du soft est inspirée par les visuels présents sur les pochettes d’albums de légendes du Metal, comme Brütal Legend avant lui, et c’est donc dans des environnements gothiques peuplés d’immondes créatures que notre héros chevelu évoluera tout au long de son périple forcé.
Tranches de vie
Ancré dans la mouvance actuelle de la nostalgie vidéoludique, Slain est un jeu de plate-forme old-school tout en pixels et en challenge relevé. Les développeurs de Wolf Brew Games ont mis le paquet pour donner une identité visuelle à leur bébé, et le résultat est sans appel: pour les amateurs de pixel art, Slain est un régal. Qu’il s’agisse des sprites ou des décors, tout transpire le talent; ça en devient presque un plaisir sadique de voir son guerrier subir les pires morts possibles pour admirer le très grand soin apporté aux animations.
Mais pas besoin de se jeter volontairement dans les nombreux pièges disséminés sur votre route pour les admirer, la mort faisant faisant évidemment partie intégrante de l’expérience. Difficulté à l’ancienne oblige, les échecs sont nombreux, mais très rarement injustes. Bathoryn répond au doigt et à l’œil, aussi bien en combat que lors des phases de pure plateforme. Pour venir à bout des créatures vous barrant le chemin, il ne suffira pas de trancher comme un dératé: outre un mouvement d’esquive vers l’arrière, le guerrier possède également un atout indéniable: la parade. En parant au moment exact d’une attaque ennemie, boss inclus, Bathoryn pourra déclencher une attaque radicale qui lui permettra de faire énormément de dégâts tout en récupérant une dose de mana, indispensable pour lancer des projectiles magiques ou, si la jauge est remplie, une attaque pulvérisant tous les ennemis à l’écran.
Un timing parfait sera également nécessaire pour déclencher un puissant coup au corps à corps et renvoyer les projectiles ennemis à l’envoyeur. Comme dit plus haut, la mort est rarement injuste ici; seuls le sang froid, l’observation et la dextérité vous permettront de triompher, d’autant plus que contrairement à la tendance actuelle qui est à l’exploration et à l’amélioration des compétence typées Metroidvania, Slain se la joue purement linéaire (à l’exception de quelques rares secrets à dénicher), à la manière des premiers Castlevania, Ghosts’n’Goblins ou, plus récemment, de l’impitoyable Volgarr the Viking. Pas la peine d’espérer tomber sur une quelconque amélioration de santé ou d’armement (deux armes élémentaires sont bien à débloquer, mais sans réelle incidence sur le gameplay), seul votre skill compte ici, et c’est une particularité qui aide à différencier le titre à une époque où le moindre soft d’action ou de plateforme se doit visiblement d’empiéter sur le terrain du jeu de rôle.
Une bande-son d’enfer ?
Forcément, pour un jeu qui clame haut et fort son inspiration métalleuse, on était en droit d’espérer une bande-son au poil, capable de nous faire bouger sauvagement la tête tout en essayant de se concentrer sur ce qui se passe à l’écran. Cette partie du contrat n’est malheureusement pas tout à fait remplie: signée Curt Victor Bryant, qui peut se vanter sur son CV d’avoir (très brièvement) œuvré comme bassiste au sein des excellents Celtic Frost, la bande originale de Slain n’est pas aussi percutante qu’espérée. Sans êtres ratées, les compositions ont tendance à répéter inlassablement les mêmes riffs pas très inspirés, certaines boucles étant de surcroît très courtes, quitte parfois à taper légèrement sur le système en cas d’échecs répétés.
Si Slain: Back from Hell ne fait pas vraiment honneur à ses racines métalleuses, il s’impose tout de même comme un platformer rétro intense, défoulant et de toute beauté, et on ne peut que s’estimer heureux que les développeurs aient revu leur copie pour en arriver à ce qu’on était en droit d’attendre depuis le départ.
La Bande-Annonce
Réalisation: 16/20
Un régal pour tous les amateurs de pixel art: Slain affiche des sprites et des environnements très soignés. Mention spéciale aux animations, d’une qualité supérieure à ce qu’on a l’habitude de retrouver dans ce genre de softs.
Gameplay/Scénario: 15/20
La définition même de « classique et efficace »: le jeu ne réinvente pas la roue, mais offre de vraies bonnes sensations de plateforme et de combats, intenses et nécessitant un vrai sens du timing. Le choix d’une formule linéaire est également appréciable à une époque où les Metroidvania sont rois.
Bande-Son: 13/20
Annonçant fièrement ses influences Metal et la participation d’un ancien membre de Celtic Frost, Slain ne propose pourtant pas une bande originale mémorable, la faute à un manque d’inspiration des compositions et à une utilisation de boucles trop courtes.
Durée de vie: 13/20
Entre cinq et six heures, c’est honnête pour un soft du genre, mais on ne peut que regretter l’absence totale de contenu annexe pour allonger la sauce: ni Time Trial, ni mode de difficulté supplémentaire ou autres bonus ne sont au menu.
Note Globale N-Gamz.com: 15/20
Oublions la sortie précipitée de Slain: avec cette édition Back from Hell, Wolf Brew Games efface les tares du passé et lance ce qui pourrait, si l’on en croit le cliffhanger final, devenir une franchise. C’est tout le mal qu’on lui souhaite !