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Depuis 2006, le studio Volition essaye d’imposer sa série Saints Row: ces jeux d’action qui ressemblent un peu à GTA, l’humour potache et exubérant en plus. Profitant de la sortie de Saints Row IV Re-elected, à savoir l’incontournable version remasterisée dont le phénomène de mode ne s’éteint pas, les studios en ont profité pour proposer « Saints Row : Gat out of Hell », un stand-alone  qui sort de l’ordinaire et dont l’histoire, racontée sous forme de conte, prend place en Enfer. Et pour bien coller à la saga, la grande question à se poser, c’est surtout : après un Saints-Row IV déjanté, quel est le degré de folie de Gat out of Hell?

De plus en plus fou

Déjantée, la saga Saints Row l'est assurément, comme en témoigne cette séquence d'intro sur la B.O. d'Armageddon!

En 2006, alors que le premier opus de la saga Saints Row arrivait sur les consoles, une impression de déjà-vu se profilait. Un GTA-like centré sur l’action et nous proposant une histoire de gang, avec des fusillades et des courses-poursuites, ça rappelait quand même beaucoup… GTA justement! Puis, Volition a donné une patte spécifique à sa série de jeux, lui ajoutant une touche d’humour potache. 2008, la même année que la sortie de GTA IV, il fallait que le développeur mise sur l’originalité pour se démarquer dans le paysage vidéoludique. En France, un contrat avec le rappeur Booba pour assurer la promotion avait même été signé pour le second opus. La série commence à s’imposer et ne passe désormais plus inaperçue. Fin 2011, c’est le troisième opus qui marque le réel tournant dans la tranche humoristique avant de laisser la place, à l’été 2013, à un quatrième volet qui nous livre un scénario complètement déjanté orientant notre gang préféré dans une lutte… contre les aliens! (Vidéo-test en cliquant ici).

C’est ce dernier opus qui surfe actuellement sur la vague des remasterisations et voit sa version Re-elected sortir en ce début d’année 2015, accompagnée de Gat out Of Hell, un stand-alone dont l’histoire est la suite directe. Reprenons. Dans Saints Row IV, notre gang, les Saints, doit lutter contre les aliens. Si les années ont passé et que nos gangstas ne se laissent plus conter fleurette aussi facilement, aujourd’hui ils bénéficient de super-pouvoirs. Déjanté disions-nous. Loin, très loin de l’univers GTA maintenant. Mais juste après leurs aventures avec les extra-terrestres, notre bande de zigotos a l’idée complètement débile d’invoquer les esprits pendant une fête d’anniversaire. Mauvaise idée, le boss se retrouve aspiré tout droit en Enfer par un Satan bien décidé à marier ledit chef avec sa fille Jezabel. Les bases sont posées, et si Saints Row IV laissait penser qu’on nageait dans le farfelu suprême, c’était sans compter sur le scénario étrange mais fun du stand-alone Gat out of Hell.

Fais-moi voir ton pouvoir

Si on reste dans du GTA-Like, les super-pouvoirs rendent Re-Elected clairement fun

Niveau gameplay, nul besoin de ré-expliquer comment on joue à Saints Row. GTA-like donc, il s’agit de se déplacer en monde ouvert pour mener à bien missions et sous-missions. Du côté de Saints Row IV, c’est donc la lutte contre les extra-terrestres que vous devez prendre en charge, vous et votre gang de joyeux loufoques. Tant mieux qu’il s’agisse de s’attaquer aux aliens puisque la ville est assez peu vivante et plutôt sombre, et c’est encore pire dans son alter-ego « Enfer » que l’on retrouve dans « Gat out of Hell » puisqu’il s’agit de la même en version « morts-vivants qui marchent sur les trottoirs ». Tristounette la City, et peu intéressante pour ceux qui aiment prendre le temps de se balader dans l’univers de leur jeu. En revanche, niveau gameplay, Saints Row IV avait l’avantage d’apporter un peu de fraîcheur dans la saga. Si les déplacements sont plus libres, ce sont surtout les super-pouvoirs qui font leur apparition et laissent place à encore un peu plus de fun. Et ceux-là sont également de retour dans le stand-alone.

Certes, il faut un petit temps d’adaptation pour s’habituer aux pouvoirs. Que ce soit dans l’une ou l’autre des galettes. Si Saints-Row IV permet de faire des super-sauts et des super-sprints, ceux-ci sont difficiles à prendre en main. Dans le stand-alone, c’est encore différent, puisqu’il s’agit là d’invoquer des lutins explosifs ou encore de se servir de son aura sacrée. En outre, la saga Saints Row a l’air d’avoir envie de ne pas vous laisser les pieds sur terre puisque, si dans Saints Row IV on peut aisément planer, Gat out of Hell vous permet carrément de voler grâce à une paire d’ailes qui vous a poussé juste après votre arrivée en Enfer. Les pouvoirs actifs comme passifs se customisent comme les armes au moyen de menue monnaie glanée lors des missions, dans un jeu comme dans l’autre.

Des armes et des personnages déjantés

Des armes farfelues et une gallerie de personnages bien barjos

Les armes, justement. Celles-ci restent encore une fois une des valeurs sûres de la saga Saints Row. L’arsenal est plutôt divers et varié, mais propose surtout quelques pépites bien loufoques à souhait qui permettent des moments de franches rigolades. Le Dubstep Gun, par exemple, semble s’être définitivement installée dans la série Saints Row. Cette arme a le mérite d’être la seule au monde qui fait danser vos ennemis. On pourra citer également, du côté de Saints Row IV, le violateur qui fait des dégâts de corps-à-corps, ou encore le générateur de trous noirs, rudement efficace dans la lutte contre les extra-terrestres. Du côté du stand-alone, les outils bizarroïdes seront encore de mise, notamment le lance-grenouilles-explosives, dont on se passe d’explication, ou encore le fauteuil-gatling-lance-missiles, qui permet évidemment de se battre de la manière la plus flemmarde qui soit.

A priori, l’autre point original du stand-alone réside sur la finalité du jeu étant donné qu’il vous faut réaliser les quêtes de quatre personnages et pas des moindres, puisqu’il s’agit de Shakespeare, reconverti en propriétaire de boîte de nuit, Vlad l’empaleur qui prend ses quartiers dans son château, Barbe Noire, toujours au gouvernail de son bateau, et les désormais célèbres jumelles de la saga. Si les quêtes n’ont rien d’extraordinaires, elles ont le mérite de donner un peu plus de folie dans le jeu grâce à l’installation de personnages hors-normes. En revanche, on se demande ce que chacun fait là tant ils sont aussi inutiles les uns que les autres dans la trame narrative. Un cinquième personnage, un représentant d’Ultor, sera quant à lui présent pour le côté briefing, vous apprenant les bases de vos compétences et surtout comment vous servir de vos si jolies ailes.

Entre missions principales, et quêtes annexes, Saints Row IV qui bénéficiait initialement d’une durée plus que raisonnable ajoute tous les DLC en se parant de son nouvel habit version Remastered, sans compter que la quasi-totalité est rejouable, ce qui permet de gagner quelques heures supplémentaires, en particulier pour ceux qui souhaitent collecter l’entièreté des récompenses : trophées ou succès. Plusieurs dizaines d’heures de jeu au programme donc pour Saints Row IV Re-elected. Au niveau du stand-alone, nul besoin de rougir non plus puisqu’au moins six bonnes heures seront nécessaires pour venir au bout de l’histoire. Hélas, le côté scénarisé sous forme de livre, qui peut rajouter un peu de longueur à la trame narrative, est moins prenant qu’une présentation sous forme de cinématiques comme c’est le cas dans Saints Row IV.

Peut mieux faire

Techniquement, le moteur souffre… le martyre à bien des égards, avec des chutes de framerate, des textures grossières et une ville bien fade

D’un point de vue technique, c’est de façon tout à fait inégale que Volition nous propose les deux galettes. D’une part, Saint Row IV Re-elected bénéficie dans cette édition 2015 d’une mise à jour technique. Mise à jour certes, mais plutôt décevante. En termes d’affichage, le titre propose désormais une fluidité quasi-constante et pas désagréable puisqu’on atteint presque la perfection des 60 images seconde. En revanche, niveau framerate, on ressent parfois quelques ralentissements, ce qui est bien dommage. Le pire arrive quand on se penche sur la résolution, et encore plus quand on joue sur console next-gen. Alors oui, passer à une résolution en 1080p, c’est bien… mais pas sur un titre dont les textures sont aussi peu travaillées. Le résultat n’en est que plus brouillon, affichant des images fades et ternes. Quant aux animations, elles restent extrêmement rigides, ce qui déçoit littéralement dans ce type de jeu. Pour clôturer le tout, si la mise à jour s’oriente sur l’aspect graphique avant tout, les nombreux bugs n’ont pas été corrigés et on se demande même si certains ne sont pas nouveaux.

Même constat visuel du côté de Gat out of Hell. Si le 1080p et le 60 fps apportent une touche sympathique, il reste néanmoins de nombreuses lacunes techniques. Très clairement, le moteur graphique est en peine sur le stand-alone autant que sur le portage HD de Saints Row IV, et on retrouve les mêmes problèmes de ralentissements, de textures ternes et fades, d’animations un poil trop rigides, mais également les nombreux bugs. Le tout gâche clairement le plaisir du jeu. En revanche, niveau bande-son, il n’y a pas vraiment de quoi se plaindre, les doublages étant relativement satisfaisants malgré une synchronisation labiale pas exactement parfaite, mais la musique, comme toujours dans la saga Saints Row, est vraiment, vraiment bonne.

Suffisamment loufoques ?

Un ancien jeu qui bénéficie d’un lifting et d’un stand-alone particulier : le lot vaut-il le coup d’œil et surtout la main au porte-monnaie ? Vu le rapport-qualité prix, les adeptes des GTA-like qui s’attendent à non pas un jeu mais deux, sortant de l’ordinaire, seront ravis. En particulier ceux qui n’avaient pas fait l’acquisition de Saints Row IV à sa sortie. Car pour ceux qui le possèdent déjà, la mise à jour n’apporte pas de grande nouveauté, tant les aspects techniques visuels restent clairement en-deçà0 de ce qui se propose à l’heure actuelle. Il n’empêche, dans la rubrique « what the fuck », les deux opus ont clairement une place de choix, et en particulier « Gat out of Hell » qui mérite quasiment un présentoir dans le rayon des « inclassables ». Farfelus à souhait, l’un et l’autre des jeux proposent une bonne tranche de rigolade tant dans le gameplay que dans le scénario. Ceux qui aiment l’humour potache seront ravis, mais ceux qui apprécient les jeux pour le côté technique peuvent passer leur chemin. Nous sommes là en présence de deux ovnis vidéoludiques surprenants, mais loin d’être sensationnels hélas.

La bande-annonce

Réalisation: 12/20

Si le lifting de Saints Row IV a été travaillé, il n’en reste pas moins que les textures sont fades et ternes, les animations loin d’être excellentes, et que les deux jeux accumulent les bugs. En revanche, la fluidité a grandement été augmentée, même si elle est encore loin d’être parfaite.

Gameplay/Scénario: 15/20

Loufoque est le mot qui résume à la fois le gameplay et le scénario. Avec l’arrivée des pouvoirs farfelus, les armes toujours aussi déjantées et le scénario so-what-the-fuck, on atteint un degré incontrôlable de folie dans ces deux jeux Saints Row, qui laisse présager un avenir bizarre pour notre gang dans les prochains opus de la série.

Bande-Son: 17/20

Si la synchronisation labiale n’est pas parfaite, les doublages ne sont pas mauvais, même si le jeu n’est qu’en anglais sous-titré. Au niveau des musiques en revanche, rien à redire, le choix de la bande-son est toujours aussi fun dans la saga Saints Row.

Durée de vie: 15/20

Des dizaines d’heures de jeu grâce à de nombreuses missions et quêtes annexes et à la rejouabilité tant dans la version remasterisée que dans le stand-alone qui propose à lui seul six bonnes heures de jeu avant d’atteindre la fin de l’histoire. Une durée de vie fort raisonnable donc, et en particulier quand on prend en compte le prix de vente proposé.

Note Globale N-Gamz.com: 15/20

A l’heure des consoles Next-Gen et des AAA à la qualité optimale, on ne peut être qu’intransigeant sur la qualité technique des jeux proposés aujourd’hui. C’est clairement sur l’aspect graphique que pêchent la version remasterisée de Saints Row IV autant que le stand-alone Gat out of Hell. Dommage, car d’un point de vue scénario et gameplay, l’un comme l’autre s’imposent comme les jeux les plus déjantés de l’année, vous permettant de chasser les ennemis avec des grenouilles explosives tout en volant, ou encore de traumatiser à vie des aliens avec le fameux « violator ». Fun, vraiment fun ce petit pack. Et pour le prix, ça ne vaut finalement peut-être pas le coup de s’en priver même si techniquement il n’est pas au top.



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CerberusXV3
Un smartphone greffé dans la main gauche, une manette dans la droite, polyvalente, rebelle, débrouillarde, un poil geeky, tatouée, piercée, pas fataliste mais réaliste, n’aime pas les préjugés, addict au café et à la junk-food, bref : comme tout le monde, mais en pire.