Review
Quand Portal a débarqué en 2007, il a créé son petit effet en tant qu’ovni vidéoludique qui vous permettait de vous déplacer à travers les murs via des portails générés grâce à une arme plutôt originale. Depuis sa suite sortie en 2011, la mode des développeurs est de nous livrer du FPP (First Person Puzzle) à toutes les sauces. Vous voulez jouer avec la matière ? Vous serez heureux avec Quantum Conundrum. Q.U.B.E. nous offre quant à lui la possibilité de nous déplacer grâce à des cubes de couleurs. Vous souhaitez connaître tous les rouages de la polarité? Ca tombe bien, c’est ce que nous propose Magrunner Dark Pulse, le tout servi par un mix entre l’univers de H.P. Lovecraft et du cyber punk. Alors, promesse d’un voyage inoubliable tenue ?
Il était une fois…un mutant
Magrunner est un petit jeu indépendant dispo aussi bien sur consoles que sur pc et développé par le studio 3AM Games, fondé par d’anciens membres de Frogwares à qui l’on doit entre-autre « Le testament de Sherlock Holmes ». Edité par Focus Home Interactive, chez qui l’on retrouve des titres tels que R.A.W, BloodBowl et le très poétique Contrast, le titre nous propulse dans un futur plus ou moins proche dans lequel les réseaux sociaux sont omniprésents. La société Lifenet, dirigée par un certain Kram Gruckezber (bel anagramme non ?) a d’ailleurs su trouver sa place en tant que leader dans la gestion et surtout le business lucratif des informations concernant notre si précieuse vie privée. C’est dans cet univers cyberpunk que vous incarnez un certain Dax Ward, jeune homme orphelin et surdoué de son état, qui participe à un programme de tests afin de voir s’il est compatible pour entamer un voyage dans l’espace aux frais de Lifenet.
Pour info, notre protagoniste a été élevé par un mutant à six bras, Gamaji, qui l’accompagne partout et l’a notamment aidé à fabriquer un gant permettant de donner une certaine polarité à des cubes ou à des plateformes, histoire de mettre à mal l’adage « les opposés s’attirent ». Tout se passe bien, de salles de tests aseptisées en épreuves de réflexion, au sein du titanesque centre créé par Lifenet, jusqu’à ce notre jeune Dax ne se retrouve de l’autre côté des murs… déjà vu non ? Ajoutez à cela d’ignobles monstres sortis du crâne de Mr Lovecraft, les Dieux Très Anciens et notre ami Cthulhu, et nous voilà parti jouer avec l’électromagnétisme au Pays des Abominations.
Trituration neuronale et pétage de plombs
Les énigmes de Magrunner, qui se joue exactement comme un Portal dans le sens où vous avez affaire à un jeu à la première personne mâtiné d’une bonne dose de puzzle, sont au départ très sympathiques. On comprend assez vite le maniement du gantelet, qui joue sur deux polarités différentes. Deux cubes polarisés de même couleur s’attirent, et l’inverse donne une répulsion. Idem pour les plateformes et les mécanismes du soft. Hélas, on repère aussi très vite les faiblesses du titre ! En effet, la précision n’est pas forcément au rendez-vous et l’on aura tendance à devoir s’y reprendre à plusieurs fois avant de « polariser » le bloc ou la nacelle que l’on vise. La faute sûrement à une jouabilité plus adaptée au combo clavier/souris qu’à la manette.
On regrettera également l’ajout de Newton, chien robotique offrant la possibilité de parcourir les puzzles sans même réfléchir une seule seconde à un plan de sortie. Niveau ambiance, le jeu arrivera à nous faire pousser des hurlements (pas de terreur devant les abominations crées par Lovecraft, hélas) à chaque fois pour un motif différent : salle trop grande et personnage trop lent, ennemis vous laissant deux secondes et demi pour effectuer votre manœuvre qui en nécessite trois. La frustration apparaît alors pour ne plus jamais lâcher le joueur.
Attentions les yeux!
Autant vous prévenir de suite, visuellement parlant les premières salles de Magrunner piquent les yeux de par leur blanc chirurgical parsemé de couleurs « plus fluo tu meurs ». Il n’empêche que la réalisation est largement acceptable, les graphismes possèdent un bon rendu malgré une sobriété à la limite trop présente. Au fur et à mesure des mésaventures de notre héros, l’univers autour de lui change, se dégradant de plus en plus et devenant nettement plus sombre. La qualité s’améliore alors nettement, et nos yeux peuvent enfin se reposer.
La bande son du titre, quant à elle, se révèle assez effacée, voire quasi inexistante par moment. Quand on connaît les jeux du genre FPP, à l’humour détonnant, aux répliques cultes (on citera par exemple Portal ou Quantum Conundrum, qui arrivent à nous tirer des fous rires), on ne peut qu’être déçu du silence radio et des discussions plutôt banales que nous offre Magrunner. Les rares musiques qui parsèment le soft sont incroyablement génériques mais se déclenchent au bon moment, heureusement. Néanmoins, la pauvreté des doublages en laissera plus d’un sur le carreau.
Glados VS Ctuhlu?
Magrunner offre donc au final un bilan assez mitigé qui nous démontre une fois de plus que marcher dans les pas de Portal n’est pas chose aisée ! Avec son postulat de départ sympathique mélangeant allègrement aspects futuristes et mythologie Lovecraftienne, le titre avait de quoi tirer son épingle du jeu, d’autant que la polarité était une bonne idée pour proposer des puzzles intéressants. Hélas, la maniabilité bancale et le manque d’immersion dû à des dialogues complètement génériques ne permettent pas à ce soft de sortir du lot…
Le Video-Test par Neoanderson
Réalisation: 15/20
Un jeu qui joue aux montagnes russes… On adorera les puzzles de la première partie mais on souhaiterait que les pièces ressemblent à autre chose que des blocs chirurgicaux aseptisés, alors que dans la seconde partie les décors sont magnifiques mais les énigmes deviennent ingérables par moment à cause du mix timing/jouabilité.
Gameplay/Scénario: 14/20
Un scénario sympathique qui séduira les adeptes de la littérature Lovecraftienne mais qui pourra laisser les non-initiés de marbre. On a du mal à s’attacher aux personnages là où Portal nous proposait une GlaDos grandiose et des tourelles presque humaines. Ici on nous offre un héros plutôt fade et des ennemis dans le même registre. Si les puzzles sont intéressants au départ, ils deviennent vite pénibles entre, d’une part, le timing parfois horriblement précis et, d’autre part, un gameplay trop brouillon surtout sur consoles!
Bande-Son: 11/20
Une bande son qui sait se montrer présente et oppressante quand il le faut certes, mais qui offre des musiques trop génériques. Les bruitages, eux, rappellent énormément ceux de Portal, mais le soft jouit hélas de voix sans âme. Bilan mitigé au final.
Durée de vie: 15/20
Point honnête du jeu, comptez 10 heures pour parcourir tous les puzzles. Au prix de 9.99 €, la rentabilité est vite trouvée, d’autant que la difficulté est au rendez-vous sur la fin, ce qui séduira sûrement les aficionados du genre.
Note Globale N-Gamz.com: 14,5/20
Portal a mis la barre tellement haut que les successeurs ont et auront toujours du mal à s’imposer. Le principe de jouer avec la polarité est pourtant très sympa et les premiers puzzles s’enchaînent avec plaisir. Cependant, la maniabilité (sur console surtout) est hasardeuse: on tire souvent à côté, on lâche le cube, on râle… et ça empire en avançant dans le jeu, quand la résolution des puzzles se joue parfois à quelques secondes. Dommage car la base du jeu est bonne. Quant aux fans de l’univers du sombre Lovecraft, ils seront aux anges en découvrant que son oeuvre n’a pas été entachée.