Review
Présent depuis plus d’un quart de siècle sur le marché vidéoludique, la saga des Fire Emblem n’a plus rien à prouver en termes de stratégie et possède une sacrée communauté de fans autour du globe. Du coup, dire que ce Fire Emblem : Fates sur 3DS était très attendu est un euphémisme, d’autant qu’il a bénéficié d’une sacrée campagne marketing pour le soutenir, avec une édition collector aujourd’hui très difficile à trouver (en déballage vidéo ci-dessous)! Mais cet engouement est-il vraiment justifié quand on sait que le titre s’est vu diviser en trois versions : Héritage, Conquête et Révélation? Trois fois plus de contenu… ou trois fois plus d’argent dans la poche de Nintendo ?
Un même jeu pour… trois aventures !
Le début de Fire Emblem : Fates est commun aux trois histoires que représentent Héritage, Conquête et Révélation, chacune étant vendue séparément (format physique pour les deux premières et numérique pour la dernière). Vous êtes prince ou princesse du royaume de Nohr, patrie où le soleil semble peu briller vu le teint de ses habitants. Confiné dans une forteresse depuis votre plus jeune âge, pour votre protection, vous vivez malgré tout une existence heureuse, entouré(e) de vos frères et soeurs adorés. Après de nombreuses années d’entraînement, vous finissez enfin par vous montrer assez digne et puissant(e) pour que l’on vous laisse enfin quitter votre prison dorée. En effet votre « père », le charismatique mais cruel empereur Garon, vous autorise à prendre part aux combats qui opposent votre contrée à son ennemie de toujours : la patrie d’Hoshido !
Le souci, c’est qu’au cours des affrontements, vous allez croiser le chemin de soldats hoshidiens très particuliers : la famille royale elle-même ! Et c’est là que tout change. Ses membres vous reconnaissent immédiatement : vous êtes leur jeune frère (sœur); enlevé(e) il y a des années par l’armée ennemie ! Vous n’êtes pas le seul puisque la sublime Azura, jeune chanteuse et princesse de Nohr, a subi le sort inverse. Étrangement, votre destin semble lié au sien… et vous allez devoir faire un choix : Les liens du sang seront-ils les plus forts ? Cette « nouvelle » famille si chaleureuse est en fait la vôtre: la rejoindrez-vous ? Le scénario d’Héritage se dessine devant vous !
Par contre, si vous pensez qu’il est hors de question de trahir Nohr, votre famille de coeur depuis aussi longtemps que vous vous en rappeliez, avec vos frères et soeurs nohriens présents à vos côtés durant toutes ces années, c’est alors Conquête que vous choisirez ! Enfin, s’il vous est impossible de vous décider, votre raison étant tiraillée entre votre sang et votre coeur, il vous reste une option : ne prendre parti pour personne et entamer alors l’histoire de Révélation. Attention cependant : si Héritage et Conquête peuvent être joués séparément, ou l’un après l’autre sans ordre précis, il est conseillé de n’entamer Révélation qu’après avoir terminé l’un des deux autres scénarios. En effet, ce dernier fait référence à de nombreux points abordés en profondeur dans les deux opus précités et, si vous ne les connaissez pas, les diverses révélations risquent de passer trop inaperçues à vos yeux.
Le Tactical-RPG… de la frustration !
Au-delà de leurs récits différents, les trois versions de Fire Emblem : Fates varient également de par leur approche de gameplay. Héritage est ainsi le soft le plus simple : la difficulté est peu élevée et il est possible d’y réaliser de petits combats annexes entre deux grosses missions afin de monter de niveau comme on le souhaite. Idéal pour avoir moins de mal à affronter vos plus gros ennemis. Conquête, quant à lui, n’est pas à mettre entre les mains des plus novices. En plus d’un niveau de difficulté accru, il est tout simplement impossible de « farmer », autrement dit de gagner des niveaux entre deux chapitres. Cela rendra vos combats, déjà ardus, encore plus complexes ! Enfin, Révélation se trouve un peu à mi-chemin. Le challenge des combats est bien présent, certes, mais il reste possible de réaliser de nombreux défis histoire de rendre ses personnages plus puissants. De plus, cette version vous permet de récupérer, au fur et à mesure de votre avancée, la majorité des personnages issus des deux autres volets, qu’ils soient nohriens ou hoshidiens.
En ce qui concerne le système de jeu, il est typique d’un Tactical-RPG. Les batailles se jouent au tour par tour sur un plateau quadrillé. D’ailleurs, le nom de jeu de rôle « tactique » n’aura jamais été aussi mérité puisqu’ici, sans un minimum de stratégie, vous ne ferez pas long feu. Chacun de vos personnages est tel un pion que vous devrez déplacer, avec réflexion, afin d’accéder à la victoire. De fait, on retrouve évidemment le principe de permadeath propre à la saga: quand un de vos héros tombe au combat, aucun remède miracle ni aucun soigneur ne pourra le faire revenir à la vie ! Vous serez donc obligé de bien cogiter avant d’agir et même, à de nombreuses reprises, de recommencer carrément vos affrontements. Toutefois, si vous êtes novices en la matière ou tout simplement si vous souhaitez jouer sans stress, deux nouveaux modes ont été introduits : le premier ramène à la vie vos personnages en fin de combat, tandis que l’autre les ressuscite… à chaque tour ! Soyons francs, ces « aides » font vraiment perdre son charme à Fire Emblem car oui, une difficulté accrue et des heures de frustration, ça s’appelle du charme !
Shi-fu-mi !
Au niveau des armes, on retrouve le système de triangle habituel épée-hache-lance, fonctionnant tel un pierre-papier-ciseaux (lézard-Spock). Vérifiez donc que vous n’êtes pas désavantagé avant de vous attaquer à l’ennemi ! L’environnement joue également un rôle : selon votre classe, vous aurez plus ou moins de facilité à vous déplacer sur certains types de décors. Ces éléments ne sont pas à négliger, car ils peuvent grandement impacter vos batailles. On retrouve également, en combat, les capacités « duo » et « soutien ». La première vous permet de combiner deux personnages, l’un étant lié à l’attaque et l’autre en défense de sorte qu’en cas de frappe ennemie, le personnage à l’arrière apporte des bonus à son compagnon, et peut même parer intégralement les attaques adverses. La seconde, quant à elle, consiste simplement à positionner deux personnages sur des cases adjacentes, les plaçant automatiquement en position de soutien l’un par rapport à l’autre. Si l’une de ces unités attaque ou est attaquée, son voisin fera aussi partie de la bataille et ripostera également ; de quoi améliorer énormément les dégâts portés à l’opposant! Malheureusement, ces deux capacités ne peuvent pas être combinées, et vos ennemis peuvent également profiter de ces avantages.
Ces interactions entre unités sont d’une importance cruciale, car elles permettent d’améliorer un autre point essentiel dans la saga des Fire Emblem : l’affinité ! En effet, deux alliés utilisant le duo ou le soutien voient leur affinité susceptible d’augmenter (ce n’est pas automatique). Cette dernière, classée de C à A+, permet de débloquer de courtes interactions entre vos personnages, mais surtout de rendre leurs combinaisons plus efficaces en combat ! Il est même possible pour certains d’atteindre le mythique niveau S et… de se mettre en couple ! Cette union accroît encore plus l’efficacité en rixe et débloqueront des quêtes annexes afin d’aller recruter … leurs enfants ! Petite nouveauté : les mariages de personnages de même sexe sont possibles. Une ouverture d’esprit qui fait bien plaisir à voir chez Nintendo. Attention toutefois, ceci n’est possible qu’avec certains combattant(e)s et dans certaines versions. On vous laisse le plaisir de les découvrir!
Au-delà des avantages précités, l’affinité, ou plutôt le manque de celle-ci, peut vous mettre dans l’embarras. En effet, si un héros ne dispose pas d’un capital suffisant, il est tout simplement possible… qu’il meure à certains points du scénario ! Frustration assurée… (Tiens, la revoilà, mais c’est si bon avec Fire Emblem!)
Une technique irréprochable ?
Graphiquement, ce Fire Emblem fait très fort, tout comme ses prédécesseurs d’ailleurs. Ses personnages, jouables ou non, sont charismatiques et uniques à souhait, chacun possédant un chara-design travaillé. Ainsi, on retrouve une inspiration largement nippone pour l’armée d’Hoshido qui intègre de nombreuses classes directement liées à l’Histoire et au folklore du pays du soleil levant, comme les samourais, les ninjas ou encore les kitsune. De son côté, le royaume de Nohr se situe plus dans la lignée des précédents opus et se compose de classes que l’on a déjà pu croiser par le passé, tels que les chevaliers et les wyvernes.
Fort de ce chara-design qui lui est propre et se voit ici exécuté avec beaucoup de maîtrise, Fire Emblem : Fates s’avère en plus être un vrai plaisir visuel à jouer lors des affrontements, la modélisation des personnages étant convaincante, tout comme les décors et l’effet relief. Mais le must reste sans conteste les cinématiques… à tomber par terre ! Le mélange de la 3D et d’un style un peu manga fonctionne à merveille, et l’on pourrait passer des heures à regarder ces petits passages, malheureusement trop peu nombreux.
La bande-son, quant à elle, est digne des opus précédents… donc forcément inoubliable et magique. Les doublages anglais se montrent également très au point, même si on déplorera l’absence des voix japonaises, faute de « place de stockage ». Enfin, les bruitages vous immergeront au cœur-même des batailles. Un sacré boulot pour notre 3DS adorée !
Une saga culte et qui le restera encore longtemps
Dans la lignée de ses aînés, Fire Emblem : Fates tient toutes ses promesses en érigeant son œuvre sur les solides bases de la saga, tout en y ajoutant çà et là quelques petites nouveautés bien sympathiques, à commencer par un triple scénario qui vous permettra d’explorer l’aventure sous toutes ses coutures ! Certes, nous aurions adoré pouvoir nous procurer ces trois versions sur une seule et même cartouche, sans devoir débourser pour l’édition collector, mais on ne peut pas nier qu’ils ont chacun la valeur d’un jeu complet. Joli mouvement marketing de la part de Nintendo donc, mais pas une arnaque pour autant, le soft s’avérant parfait pour les débutants grâce à Héritage, et largement au goût des joueurs les plus hardcore via Conquête. Incontestablement un must pour tous les possesseurs de 3DS férus de Tactical-RPG !
La Bande-Annonce
Fire Emblem: Fates Déballage du Collector
Réalisation: 17/20
A la manière d’un Final Fantasy, Fire Emblem possède un chara-design qui se reconnaît de loin, et il s’étoffe au fur et à mesure des épisodes ! Les cinématiques sont, quant à elles, tout simplement sublimes ; on se demande même pourquoi il n’existe pas encore d’anime issu de la franchise! Enfin, la modélisation 3D des héros et des affrontements est de très bonne facture.
Gameplay/Scénario: 18/20
Les joueurs les plus tatillons pourront de nouveau reprocher à Fire Emblem son scénario un peu cliché, et surtout son personnage principal un peu trop « bisounours » ; mais il faut reconnaître que l’histoire, triple, est très riche et vous tiendra en haleine jusqu’au bout … et plusieurs fois, si vous souhaitez en explorer toutes les subtilités. Le tout se voit gratifié d’un gameplay hyper efficace que les fans connaissent bien, mais qui s’avère ici un peu plus facile à prendre en main grâce à des aides annulant complètement la permadeath.
Bande-Son: 18/20
Comme souvent dans les RPG japonais, la bande-son possède un petit quelque chose de magique. Très variée et travaillée, elle vous promet un moment immersif tout au long de l’aventure. L’un des personnages étant chanteuse, vous risquez d’ailleurs d’avoir sa petite rengaine, laquelle est également le thème du jeu, constamment en tête ; vous voilà prévenu ! « You are the ocean’s grey waaaves, destined to seeek .. ; »
Durée de vie: 18/20
Avec son contenu riche et le besoin de souvent recommencer certains combats, voire parfois l’aventure entière, pour avoir accès à tous les éléments disponibles, il est clair que la durée de vie de Fire Emblem : Fates est plus qu’appréciable. De plus, vous pourrez vous procurer, au total, pas moins de 3 versions complètement différentes du soft, pour une somme « raisonnable » même si l’on vous conseillera d’opter pour le collector histoire d’avoir les trois versions sur la même cartouche.
Note Globale N-Gamz.com: 18/20
Adieu histoires manichéennes : Fire Emblem Fates vous permet de vivre la guerre dans les deux camps… et même une troisième approche si cela vous chante. Honnêtement, cela fait un bien fou à la saga, et ces trois récits très sympathiques se complètent à merveille au travers d’un gameplay hyper efficace et d’une réalisation de très bonne facture. Une mine d’atouts pour faire de ce Fire Emblem : Fates, une nouvelle perle de la saga !