Review

Sorti en septembre 2016 sur PC et Xbox One, Earthlock: Festival of Magic avait de bons arguments pour attirer les fans de J-RPG de l’ère Playstation 1 dans ses filets. A l’occasion de sa sortie sur PS4, dans une version enfin traduite en français (traduction par ailleurs disponible via un patch sur les autres plateformes), voyons ensemble si ce concentré de nostalgie tient la comparaison avec ses illustres modèles.

Un festival de références

« Fans de J-RPG des années 90, Earthlock saura faire vibrer votre fibre nostalgique »

Les Norvégiens de Snowcastle Games ont visiblement  une affection toute particulière pour les RPG japonais des années 90, Final Fantasy VII en tête. Impossible en effet de ne pas penser au classique de Squaresoft et à ses nombreux suiveurs en parcourant l’univers d’Earthlock, sa carte du monde parsemée de monstres et ses villes remplies de PNJ immobiles et monomaniaques, le tout présenté dans une jolie 3D vue de haut.

Le scénario se situe dans le monde d’Umbra, sacrément déséquilibré: depuis que la planète a arrêté de tourner, une région désertique au soleil éternel s’oppose à une autre où une nuit glaciale fait rage en permanence; entre les deux, une partie du monde où la vie peut continuer normalement son cours. Si la mise en place de l’univers dépeint par Earthlock peut laisser espérer une certaine dose d’originalité, dans les faits on se retrouve vite aux commandes d’un petit groupe hétérogène contraint bon gré mal gré de combattre le Mal. Vous connaissez la chanson, et ne comptez pas sur le soft pour en changer le refrain: tout ici sent le déjà vu, et c’est bien dommage étant donné le grand soin accordé au design des personnages, qui a le mérite de sortir des clichés tout droit sortis de l’animation japonaise auxquels on a trop régulièrement droit (pas de cheveux pointus ou de poitrines généreuse à l’horizon, et on ne s’en plaindra pas).

Détour par tour

« Les combats au tour par tour sont classiques mais efficaces »

S’il y a bien un point sur lequel Earthlock se montre convaincant, c’est sur son système de combat au tour par tour. En rencontrant un ennemi sur la carte, avec le choix de déclencher l’affrontement avant la fin d’un compte à rebours afin d’agir le premier, le combat se lance, avec une ligne du temps sur laquelle figure chaque combattant, ennemi comme allié. Libre à vous d’améliorer temporairement vos statistiques de vitesse pour obtenir l’avantage, ce système permettant de planifier un maximum vos manoeuvres. Chaque membre de votre troupe dispose de deux postures bien distinctes déterminant quel type d’actions ils peuvent utiliser, et il faudra jongler intelligemment entre ces poses pour triompher.

Et ne vous laissez pas berner par le style chaleureux et le calme dégagés par certains lieux: la difficulté a une fâcheuse tendance à monter très rapidement en flèche; apprêtez-vous à suer dès le tout premier boss si vous ne prenez pas la peine de développer correctement vos personnages. Outre la traditionnelle montée en niveaux et un très bon système de talents à placer sur une espèce d’échiquier, la progression mise sur un système d’affinités: en liant deux personnages et en améliorant leurs relations au fil des combats, vous débloquerez des capacités passives et, une fois une jauge remplie durant un affrontement, vous pourrez déclencher une action spéciale salvatrice propre à chaque héros.

Harvest Mou

« Les affrontements contre les boss sont longs et éprouvants »

En atteignant une statue de sauvegarde, libre à vous de vous téléporter au cœur d’une petite île tranquille où vous pourrez récupérer toute votre santé, faire vos emplettes, fabriquer de nouveaux talents et, surtout, cultiver votre petit jardin à l’aide des graines récoltées lors de votre périple. Pour les allergiques aux simulations de vie, pas d’inquiétude: le système est simpliste et vous obtiendrez bien vite de nombreux fruits servant à fabriquer des munitions pour vos armes à distance.

Malheureusement, ces détours obligatoires par ce petit lieu de paradis ralentissent sacrément le rythme de la progression, qui souffre déjà de la longueur de certains combats. Il est aberrant de ne pas avoir appliqué automatiquement la régénération des PV dès l’activation d’une statue, comme si les développeurs avaient voulu vous forcer la main et vous imposer un crochet par votre jardin, dont la gestion vous détourne d’autant plus d’une quête principale qui peine, par ailleurs, à capter durablement l’attention.

Et dans ces conditions, il devient bien compliqué de se motiver à faire monter en puissance des personnages auquel on s’attachera bien difficilement. C’est bien dommage, étant donné le soin apporté par les développeurs à leur univers et aux donjons, peuplés de petits puzzles environnementaux peu complexes mais globalement bien pensés. Mais c’est un fait, la forme, qu’il s’agisse de la modélisation des environnements suintant l’amour du genre ou des mélodies très agréables à l’oreille, l’emporte haut la main sur le fond, même s’il faudra tout de même déplorer de nombreuses saccades. Les fanas de grind et de combats ardus y trouveront probablement leur compte; ceux pour qui le scénario est la priorité dans un J-RPG risquent, en revanche, de rester bien vite sur le carreau.

La bande-annonce

Réalisation: 14/20

Le soin apporté aux environnements et au character design est indéniable, et la passion des développeurs pour le genre est flagrant. Difficile par contre d’accepter le nombre important de saccades pour un soft qui est loin de repousser les limites techniques de la console.

Gameplay/Scénario: 13/20

De villages en donjons, la progression ne surprendra aucun joueur ayant connu les softs dont s’inspire ouvertement Earthlock mais pâtit d’un rythme souffreteux, de par l’obligation d’allers-retours pour cultiver son jardin et se soigner, et d’une difficulté très mal dosée. Le scénario, qui aurait pu justifier l’effort à déployer pour surmonter la dose de challenge, se révèle bien faible et peine à susciter un quelconque attachement.

Bande-Son: 15/20

Sans être réellement mémorables, les mélodies sont un des atouts du jeu et lui confèrent un certain cachet. Rien de marquant donc, mais tout de même du très bon boulot.

Durée de vie: 13/20

Comptez entre 12 et 25 heures, en fonction de votre degré d’acharnement à explorer chaque recoin. Notez bien qu’une certaine tolérance au leveling sera nécessaire pour en voir le bout, sous peine d’abandon à mi-parcours.

Note Globale N-Gamz.com: 13/20

Sur le papier, Earthlock: Festival of Magic avait tout pour séduire les fanas de J-RPG rétro. Hélas, c’était sans compter sur un scénario inconsistant qui justifie péniblement l’investissement requis pour en voir le bout. Nul doute néanmoins que le soft, très soigné sur la forme, saura trouver ses fans, qui sauront apprécier ses nombreuses qualités en dépit de ses très encombrantes tares.



About the Author

Guib
Accro (mais sainement ; et oui, amis journalistes, c’est possible) aux jeux vidéo depuis le jour où j’ai reçu ma Super Nintendo accompagnée de Super Mario All Stars à l’âge de 6 ans, je suis passionné par les jeux de plate-forme, mais pas uniquement. Peu importe le genre, je suis surtout intéressé par les titres qui ont une âme et qui dégagent une réelle personnalité. Quelques-uns de mes jeux cultes : Yoshi’s Island, Beyond Good & Evil, Ico et les jeux Rockstar (oui, ça tranche avec le reste mais ces gars-là m’ont rarement déçu). J’ai aussi une petite faiblesse moins avouable pour les jeux nanars descendus par la plupart des testeurs, mais chut. Etant fan de cinéma fantastique et écrivant depuis quelques mois des critiques de films, j’ai eu envie de me diversifier et de me lancer dans le test de jeux vidéo, et me voilà !