Review
Quand Capcom décide de mixer ce qu’il sait faire de mieux, à savoir du Monster Hunter, avec ce que l’Occident peut offrir d’incomparable en terme de richesse, alias Skyrim, le résultat ne peut qu’être détonnant. Et encore plus lorsque le développeur mise sur un système de compagnons d’arme à échanger : les Pions. Une aventure palpitante, âpre, dans un univers envoûtant, voilà ce qui vous attend dans Dragon’s Dogma. Un petit tour du propriétaire dans ces contrées où les légendes prennent vie s’impose!
Cœur de…Dragon
Le jeu démarre par un flashback qui vous met tout de suite dans l’ambiance. Vous êtes l’Insurgé, un fier guerrier accompagné de quelques hommes de main, dont le but est de terrasser le maléfique dragon qui hante une sombre caverne. Ambiance à la Seigneur des Anneaux, personnages réalistes, musique symphonique, tout est mis en œuvre pour que vous ayez l’impression de vivre un moment d’anthologie. Passée une confrontation avec une chimère, le soft vous transporte cette fois dans le présent pour y vivre le quotidien de votre avatar, créé de toute pièce grâce à un menu ultra complet et intuitif (c’est bien simple, tout est possible!). Jeune paysan dans une petite bourgade médiévale tranquille, vous menez une vie paisible jusqu’au réveil d’un énorme…dragon (sans rire, ils se sont donnés le mot) qui n’a rien trouvé de mieux que de mettre votre village à feu et à sang.
Ni une, ni deux, vous vous élancez pour protéger vos proches, et parvenez sans vraiment comprendre comment à attirer l’attention du lézard ailé, qui semble voir quelque chose en vous. Mal vous en a pris : ce dernier vous cloue au sol et vous arrache le cœur en psalmodiant une incantation antique. Fin du jeu? Que nenni, car quelques heures plus tard vous vous réveillez frais comme un gardon…et sans cœur! Une mystérieuse voix résonne alors dans votre tête : celle de votre bourreau. « Si tu veux retrouver ce qui est tien, tu devras me terrasser ». Vous êtes à présent un Insurgé et allez devoir en apprendre plus sur votre destinée qui, on s’en doute, est loin d’être une sinécure. Mais être Insurgé n’a pas que des désavantages, croyez-moi !
Un système de compagnons original ? J’achète !
En effet, bien que votre nouveau statut vous empêche désormais d’approcher toute surface aqueuse un peu trop profonde (oubliez le crawl ou le papillon, ce n’est décidément pas pour vous), il n’en force pas moins le respect de vos pairs et vous promet à une grande aventure pleine de rencontres, de quêtes et de dangers. De fait, vous sentez très vite qu’entreprendre pareille voyage seul est voué à l’échec, et c’est là que Capcom a une idée de génie : les Pions. Oubliez les camarades de route stéréotypés imposés par les RPG: le grand guerrier bourru, la frêle voleuse ou le vieux magicien. Ici, vous avez d’office un compagnon attitré que vous créez en début de partie avec le même éditeur que celui qui vous a servi à vous confectionner un corps et un visage. Véritable frère ou sœur d’arme qui ne vous quittera jamais, votre Pion évolue en même temps que vous, peut être équipé d’armes, d’objets et autres armures, mais agit de sa propre volonté. Il peut, tout comme vous, choisir une des trois classes de bases : guerrier, mage ou rôdeur, avant de se spécialiser, mais nous y reviendrons.
Certes, maintenant que vous êtes deux, les choses se facilitent un peu, mais le concept de Capcom est que vous pouvez former un groupe de quatre : vous, votre Pion personnel et…deux autres. D’où viennent-ils? Et bien des autres joueurs de Dragon’s Dogma, car chaque Pion personnel, en plus d’être toujours à vos côtés, se ballade également librement dans un monde parallèle où tout un chacun peut venir lui demander ses services. A vous donc de faire votre choix parmi les milliers de Pions d’autres gamers, en fonction de vos besoins en classe, niveau, charisme et capacité. Attention toutefois: une fois choisi, ce Pion ne gagne pas de niveau en jouant pour vous, et il faudra donc régulièrement en changer pour ne pas se retrouver avec une équipe LVL 5 contre un orc de niveau 20.
Comme dit plus haut, les Pions agissent de leur propre volonté, mais vous pouvez néanmoins leur donner trois ordres simples via la croix directionnelle : suivez-moi, attaquez et aidez-moi! L’IA est excellente, vos compagnons parlent sur le champ de bataille ou dans les villes et donnent presque l’impression d’avoir à faire à des joueurs humains. Une réussite pour l’immersion. De plus, si un Pion a déjà effectué une quête que vous entamez, via un prêt à un autre joueur, il vous guidera et reconnaîtra les points faibles des ennemis qu’il a déjà combattu. Une bonne raison de rendre VOTRE Pion aussi attirant que possible pour les gamers car plus il participera à d’autres aventures, plus il sera efficace à vos côtés. Sincèrement, cette idée donne une dimension unique au soft, d’autant que l’on peut noter via un système assez complet chaque compagnon qui a traversé notre destinée, de même que lui donner un cadeau à destination de son vrai propriétaire. Un régal!
Un gameplay qui a la pêche !
Passé ce système de Pion, on se rend compte que Dragon’s Dogma fait dans le RPG occidental à la troisième personne ultra complet, avec points de compétences à répartir pour acquérir différentes aptitudes actives ou passives, classes dans lesquelles on peut se spécialiser, inventaire détaillé qui permet de récolter des flacons, des objets rares, des pièces d’équipement mais aussi des minerais, des herbes, de la fourrure, des os, etc… le tout étant vendable, combinable ou encore servant à améliorer ses armes et armures au forgeron du coin. Attention à la surcharge : chaque objet ayant un poids donné et votre avatar, une limite à ce qu’il peut porter. Heureusement qu’un coffre sans fond est présent dans chaque auberge pour vous délester. Un côté Monster Hunter très plaisant, avec pas mal de cueillette, de coup de pioches et de fouilles de carcasses qui ne lasse jamais tant les étendues à explorer sont vastes et non linéaires. La découverte d’un bon filon d’or, d’un étang rempli de truites ou encore d’un arbre à champignon, est toujours une petite joie tant le prix des objets neufs peut s’avérer rédhibitoire. Rien de tel que l’artisanat, je vous le dis !
Le système de quête est, quant à lui, assez classique, avec des NPC ou des tableaux d’affichage qui recensent les différentes missions que vous pouvez accomplir. Très variées, elles vous tiendront en haleine de longues heures. Attention: certaines sont parfois hors niveau et vous devrez bien souvent rebrousser chemin car la seule façon de jauger de la puissance d’un ennemi, c’est de le combattre…et de fuir si ça tourne mal. L’aspect non linéaire du soft est ici magnifié, avec un accès quasi immédiat à l’entièreté de la map, mais des restrictions posées naturellement par les monstres environnants et leur puissance. Cependant, pour peu que vous jouissiez d’un don naturel pour la discrétion, vous pourrez déjà explorer certaines contrées clairement inhospitalières dès le début de l’aventure, et dégoter des objets d’une fore incommensurable pour votre bas niveau. A vous de voir quel type de joueur vous êtes. Attention cependant : seule une sauvegarde est disponible, et bien que vous puissiez enregistrer votre partie à tout moment, elle peut s’écraser automatiquement quand le soft le décide (la joie des auto-save), sans possibilité de retour. Frustrant par moment, mais on s’y fait.
Enfin, le gameplay s’oriente clairement vers l’action avec une touche associée aux coups faibles, une aux coups forts, une pour le saut et une pression sur R1 ou L1 pour passer en capacités offensives ou défensives (trois par personnages). Les combats sont dynamiques, les frappes pleuvent, et même manier un archer se révèlera jouissif, chose assez rare pour être signalée. D’autant que votre personnage peut maîtriser deux types d’armes via un switch, et qu’il a la possibilité d’agripper un peu tout et n’importe quoi pour se la jouer Shadow of The Colossus. Dommage néanmoins que dans le feu de l’action la caméra soit mal gérée et qu’on perde fréquemment l’ennemi de vue. Un lock aurait été le bienvenu et nous aurait évité de recentrer la caméra en permanence. Enfin, une jauge d’endurance vous rappellera sans cesse qu’utiliser vos capacités à brûle-pourpoint mène à l’épuisement. A vous de ménager vos efforts en variant les assauts. De plus, votre vie diminue à chaque impact reçu, mais les sorts de soins ne la restaurent jamais complètement, de sorte que si vous vous faites trop toucher, seul un passage chez l’aubergiste du coin ou une potion spéciale vous permettra de retrouver votre maximum.
Ça rame, mais que c’est dépaysant
Parlons à présent de l’aspect graphique du soft. Avec ses étendues verdoyantes, ses plaines où paissent tranquillement les biches, ses montagnes escarpées ou ses forêts hantées, Dragon’s Dogma vend du rêve aux amoureux des récits de Tolkien. La distance d’affichage est assez ahurissante et la liberté qu’offre cet environnement est bluffante. Vous voyez une crique ou un pic acéré au loin? Vous pouvez y aller! La superficie couverte par le soft impose le respect, c’est un fait. Hélas, proposer un univers aussi vaste a un prix, et même si les graphismes sont assez bons dans l’ensemble, malgré un aliasing présent, force est de constater que l’animation connaît quelques lourdeurs malvenues, surtout si un boss s’en mêle. Heureusement, cela ne gêne pas vraiment le déroulement des combats, l’IA de vos compagnons palliant vos errances.
Niveau sonore, le jeu n’est pas en reste avec des compositions musicales musclées lors des combats, une intro chanté en anglais façon rock qui donne la pêche, et des Pions qui émettent leur avis, parlent ou hurlent parfois en plein combat pour renforcer l’immersion. On s’y croirait. Petit bémol, le jeu est en anglais sous-titré français, et lire les commentaires de chacun de vos compagnons d’arme en pleine mêlée n’est pas de tout repos. Quoiqu’il en soit, les musiques vous resteront en tête et contribuent clairement à créer un dépaysement de chaque instant.
« LE » rpg du moment!
Vous vous sentiez un peu seul depuis que vous avez fini Skyrim? Capcom a pensé à vous en vous offrant une aventure riche, quoique différente du titre de Bethesda. Il y a tant à dire sur Dragon’s Dogma! Je vais devoir clore ce test et je me rends compte que je ne vous ai même pas parlé de la possibilité de prendre des photos ingame et de les diffuser via le net pour promouvoir son Pion, des cadeaux à donner aux NPC pour obtenir un rabais ou une info, mais aussi des nombreux DLC qui rallongent la durée de vie, des Pions spéciaux créés par Capcom et qui reprennent des personnalités connues, de l’histoire bien plus complexe qu’il n’y paraît (attendez d’arriver à la fin et vous verrez!), et de tant d’autres choses! Dragon’s Dogma est l’un de ces jeux qui vous embarque dans une quête épique pour ne plus vous lâcher. Long, exigeant mais réellement addictif pour qui s’y investit un minimum, le RPG de Capcom comble toutes les attentes et va vous emmener loin, très loin dans l’héroic fantasy.
Le vidéo-test
Réalisation: 15/20
Certains pesteront contre un aliasing présent, du tearing (only sur XBox 360) et quelques chutes de framerate (plus présentes sur PS3), mais la profondeur de champ, les décors qui poussent à la rêverie et le design général qui ne trahit jamais ses influences occidentales a tôt fait de convaincre les plus récalcitrants. D’autant qu’un cycle jour/nuit influe directement sur l’environnement et vous fera découvrir chaque zone sous deux approches artistiques différentes.
Gameplay/Scénario: 18/20
Un système de craft ultra complet, des combats nerveux et sans temps morts, un système de Pions original au possible et une intrigue qui prend de plus en plus d’ampleur au fil des heures, on peut dire que Dragon’s Dogma fait dans le grand RPG. Dommage qu’une caméra mal calibrée durant les rixes viennent un peu gâcher la fête, mais rien de rédhibitoire.
Bande-Son: 18/20
Les compositions symphoniques font dans le récit épique façon Seigneur des Anneaux, les bruitages claquent comme il faut et les voix de vos Pions ont un accent délicieusement british qui plaît à l’oreille. Aucune fausse note et un réel voyage auditif, magnifié par les bruits environnants tels que le vent qui souffle, le bruissement des feuilles ou tout simplement les gouttes d’eau qui tombent de stalactites dans des grottes lugubres…
Durée de vie: 19/20
Vous n’êtes pas prêt de voir le bout du jeu pour peu que vous vous intéressiez aux nombreuses et intéressantes quêtes annexes du soft, d’autant que Capcom en rajoute régulièrement via des packs DLC. L’étendue du monde de Dragon’s Dogma et la liberté de déplacement incroyable qui vous est offerte vont vous donner envie d’explorer sans cesse, le tout sans jamais s’ennuyer.
Note Globale N-Gamz.com: 18/20
Dragon’s Dogma est bel et bien le grand RPG annoncé par Capcom. Fort d’un développement long et coûteux, on sent que le titre a bénéficié de toute l’attention du géant japonais. Cela nous offre une aventure riche, belle et complexe, pour un jeu de rôle à la troisième personne qui se différencie de la concurrence grâce à un système de compagnons à échanger tout simplement jubilatoire. Une quête épique vous attend, alors ne trainez pas!