Review
L’Homme Invisible, un personnage imaginé par H.G. Wells dans un roman de 1897, fait indubitablement partie de notre pop culture cinématographique tant il a traversé les âges pour nous livrer de nombreux films décrivant très souvent le côté sordide et malsain d’un tel pouvoir pour celui qui le détient. On se souvient ainsi tous du très réussi Hollow Man (2000) de Paul Verhoeven avec un Kevin Bacon qui devenait totalement fou face à son invisibilité. Et bien Leigh Whannell, à qui l’on doit déjà Insidious 3, a décidé de dépoussiérer le mythe tout en restant dans l’horreur, en se plaçant cette fois du côté de la victime et non du « monstre ». De quoi faire de ce « The Invisible Man » une oeuvre intéressante?
Cécilia Kass (Elisabeth Moss de The Handmaid’s Tale) vit depuis des années un véritable enfer à cause de son fiancé, le richissime Adrian Griffin (Oliver Jackson-Cohen), pervers narcissique dans l’âme. En effet, ce dernier contrôle absolument toute la vie et la pensée de notre héroïne, laquelle sombre peu à peu dans la dépression au fur et à mesure qu’elle cède à l’emprise dévorante de son compagnon.
Heureusement, Cécilia va parvenir à s’enfuir grâce à une aide extérieure, trouvant refuge loin de son bourreau. Alors qu’elle tente de se reconstruire, elle apprend le suicide d’Adrian, lequel lui lègue une somme colossale si tant est que des experts confirment la bonne santé mentale de celle qui a partagé sa vie. Très vite cependant, l’ex-fugitive va ressentir la présence de son agresseur auprès d’elle, sans jamais pouvoir le voir. Et si Adrian n’était pas mort mais avait juste trouvé le moyen de « disparaître » pour continuer à la torturer jusqu’à la fin histoire d’assouvir ses pulsions de psychopathe?
S’il y a assurément une grande force dans ce The Invisible Man, c’est la volonté de son réalisateur de rester focalisé sur le point de vue de la victime et non de l’homme sombrant dans la folie suite à son pouvoir d’invisibilité. D’ailleurs, contrairement à Kevin Bacon dans Hollow Man, ici Adrian Griffin est déjà totalement malsain dès le début du film, et le fait de voir quasi en permanence le calvaire psychologique et physique vécu par Cécilia dans son quotidien, face à cette menace que l’on cherche sans cesse à l’écran avant qu’elle nous prenne par surprise, est un pur régal. La prestation d’Elisabeth Moss est magistrale et parviendra à vous coller des frissons, on vous le garantit. Idem pour quelques jump scares bien réussis, et une première heure d’une rare tension dotée d’une mise en scène qui se plaît à suggérer l’horreur, à vous faire languir, pour mieux vous retourner le cerveau juste après!
Et c’est justement là le souci du long métrage: une première partie qui est tellement convaincante et rythmée que l’on espère une seconde partie tout aussi folle et… on ne l’a pas. En effet, le film semble perdre un peu son fil rouge, surtout dans le dernier acte, et si ce cher Adrian nous apparaissait compréhensible dans son degré de psychopathie et surtout logique dans ses actions, il perd en crédibilité sur la fin. On ne vous en dira pas plus pour ne rien vous spoiler, mais on sent qu’il était impossible de garder la même intensité dramatique en optant pour un film de 2h et que Leigh Whannel aurait sans doute du raccourcir son oeuvre pour le coup.
Quoiqu’il en soit, avec un jeu d’acteur mémorable, un point de vue original et diablement prenant, une mise en scène travaillée et une bande-son de qualité, ce The Invisible Man est une très bonne surprise et une belle relecture du mythe chez Universal, d’autant que les bonus du Blu-ray nous proposent un bon focus sur l’actrice et des scènes coupées en prime, ainsi qu’un commentaire du réalisateur très instructif!