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En 2017 sortait le très attendu Justice League au cinéma. Troisième film de l’univers DC Comics réalisé par Zack Snyder après un Man of Steel sympathique et un Batman V Superman en demi-teinte, l’oeuvre aurait du clore une trilogie sombre à souhait par… sa propre trilogie ! En effet Justice League devait se répartir sur pas moins de trois longs métrages dont le dernier se déroulait carrément dans le « Knightmare », le monde apocalyptique engendré par la victoire de Darkseid dans le second volet, un peu à la façon de Marvel’s Avengers Infinity War et Endgame (avec même des voyages dans le temps pour réparer tout ça, tiens, tiens…). Hélas, un drame familial a poussé ce cher Zack à quitter la production et Warner a décidé d’engager Joss Whedon (Avengers 1 & 2) pour finir le boulot. Le résultat ? Une oeuvre totalement en décalage par rapport à Snyder, avec des coupures monumentales, des ajouts risibles et des personnages pas assez approfondis. Dégoûtés, les fans ont signé des dizaines de pétition et fait pression sur les réseaux sociaux pour sortir LA version du papa de Watchmen et… la Warner a fini par céder ! Place donc à présent à « Justice League Snyder Cut » et ses 4 heures de récit et de combats pour laver l’affront de Mr Whedon. Alors, opus ultime ? Meilleur film DC de tous les temps ? Soupe trop longue et indigeste ? La réponse juste en dessous !
On ne vous fera pas l’affront de vous réexpliquer tout l’histoire de Justice League dans le détail, le film étant sorti depuis 4 ans, mais voici un rapide résumé pour ceux qui prendraient le train en marche. L’action se déroule après la mort de Superman face à Doomsday. Le monde panse ses blessures sans savoir qu’une nouvelle menace, bien plus terrifiante encore, pèse sur lui. Cette menace, incarnée au départ par Steppenwolf, vise à récupérer les trois boîtes-mère permettant d’assiéger les mondes et de les remodeler par la volonté.
Conscient du danger, Batman entreprend de réunir une équipe de Super Héros afin de contrer cet être diabolique… mais il se pourrait bien que ce dernier ne soit pas celui qui tire les ficelles. En effet, à la façon d’un Thanos pour le Marvel Cinematic Universe, c’est bien le terrifiant Darkseid qui est aux commandes de toute cette machination et croyez-moi : contrairement à Joss Whedon qui a pris un malin plaisir à quasiment effacer toute trace du tyran dans son Justice League de 2017… Zack Snyder va lui faire honneur, et pas qu’un peu !
Les différences entre cette version Snyder Cut et l’oeuvre originelle remaniée (flinguée même) par Whedon se comptent de fait par centaines et on peut le voir dès la séquence d’intro. Ainsi, exit l’interview risible d’un Henry Cavill/Superman dont on avait du effacer informatiquement la moustache (il était en plein tournage de Mission Impossible Fallout) pour un résultat totalement raté ! Non, cette fois on assiste durant de longues minutes au dernier souffle de Superman et à ses répercussions sous formes d’ondes de choc bouleversant les Humains, les Atlantes et les Amazones.
Un ton bien plus sombre tout au long du film d’ailleurs, avec des séquences qui prennent aux tripes comme celle du Joker dans le « Knightmare », une bande-son composée par Tom Holkenborg (adieu un Danny Elfman trop « guilleret » sur l’opus Whedon) et, surtout, un réel background et une vraie noirceur offerts aux personnages !
De fait, Cyborg et ses motivations prennent plus de place et le héros est bien plus consistant et attachant qu’avant, tout comme Barry Allen (Flash) qui arrête d’être juste le rigolo maladroit de service pour enfin prendre toute son importance, lui qui aurait d’ailleurs du jouer un rôle central dans le troisième et dernier film de la trilogie Justice League vue par Snyder. On est également sous le charme de Superman et son costume noir, preuve que le kryptonien n’est pas aussi angélique et bon samaritain que son image dans les précédents longs métrages qui lui ont été consacrés.
Alors oui, il fallait bien 4h complètes pour nous livrer une oeuvre plus profonde et qui soit digne de son casting de Super Héros ou de Super Vilains, que cela passe par le scénario ou une refonte visuelle bien sentie comme celle de Steppenwolf qui devient ENFIN terrifiant et non plus à se tordre de rire, ou encore celle de la bataille finale qui délaisse le côté rouge saturé des décors pour une ambiance dark à souhait !
Cependant, ce format « non-stop » est trop long et il aurait été préférable de diviser le tout en deux, avec un bon cliffhanger au milieu selon moi, d’autant qu’on notera quand même quelques phases un peu inutiles ou un recours un peu trop prononcé au « Slow Motion », marque de fabrique de Zack Snyder.
Au rayon des doléances, on pourra aussi signaler certains effets spéciaux Low Cost sur les nouvelles séquences (on vous rassure, ça passe quand même), un format 4:3 avec bandes noires qui ne plaira pas à tous et surtout une fin totalement ouverte prévoyant carrément une suite… qui ne verra jamais le jour ! Un gros degré de frustration donc tant ce Justice League Snyder Cut, au final, est assurément l’un des meilleurs films DC Comics qui ait jamais vu le jour, bien qu’il se classe derrière la trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan et les deux premiers Batman de Tim Burton selon moi.
Bref, si vous êtes fan de DC Comics et du ton « Snyder », alors cette version devrait vous emmener au septième ciel du septième art tant elle donne au réalisateur les largesses dont il avait besoin pour exprimer pleinement SA vision du DC Cinematic Universe. Si, par contre, vous n’êtes pas en phase avec le style si unique du papa de Watchmen, 300 ou encore Suckerpunch, alors cette Justice League ne vous fera pas changer de bord, mais vu la qualité du spectacle et son approche si sombre et si différente de celle du MCU façon Disney, vous auriez quand même tort de passer à côté !