Review
Les gros monstres à écailles sont à l’honneur en ce mois de mai, avec la sortie au cinéma de Godzilla depuis ce mercredi 14. N-Gamz a pu voir le film en avant-première et on vous livre aujourd’hui cette critique pleine d’amour pour les Kaijus pas contents.
Godzilla : longue vie au roi
Il y a des personnages issus de la culture populaire qui sont appréciés, acclamés par le public sans qu’aucun de nous ne puisse dire vraiment en quoi ces héros et anti-héros nous ont le plus plu. C’est le cas de Godzilla, qui s’est fait une place royale dans le folklore geek et qui dégomme des buildings depuis 1954 pour notre plus grand plaisir. Et plus il casse tout, plus on l’apprécie le dragon nucléaire.
A l’origine utilisé comme une vision du Japon post-Seconde Guerre Mondiale par la Toho et pansant les plaies encore à vif d’Hiroshima et Nagasaki, Gojira (subtile contraction de kujira –baleine- et gorira –gorille-, devenu par la suite Godzilla) a depuis combattu de nombreux autres Kaijus, de la mite géante Mothra au dragon à trois têtes King Ghidorah, et est même à l’origine du genre Kaiju Eiga, littéralement « film de monstres », nouvelle tradition cinématographique japonaise.
Joyeux anniversaire Godzi’ !
Pour les 60 ans du célèbre lézard qui aime foutre le boxon, c’est Gareth Edwards qui se colle à l’exercice d’un reboot du premier Godzilla. Reboot et surtout hommage à ce film culte. La pression montait de plus en plus côté fans, surtout après le dévoilement du design de la version 2014 du Kaiju, très proche de celle originelle et bien loin des versions humanoïdes qui se sont succédé ces dernières années. Gareth Edwards nous envoie un bon gros dino qui table dans les 100m de haut et dont le célèbre rugissement filerait des frissons à n’importe qui.
Pendant deux heures, on reste scotché au fond de son siège. Le réalisateur part de l’idée que sous couvert de la science-fiction, il est possible d’aborder des problèmes actuels et graves. L’intrigue, américanisée pour l’occasion, garde alors son sérieux et ne se veut pas juste un grand spectacle. Gareth Edward respecte le canevas culte des Kaiju Eiga en proposant une intrigue sur fond d’incident nucléaire (et le spectre de Fukushima n’est pas bien loin), d’écologie, de nature reprenant ses droits sur l’ego de l’Homme. Et ça, l’humanité va bouffer de ses erreurs dès que l’objet de toutes les attentions sort des abysses en quelques brasses. Jusqu’à entendre le tant attendu et jouissif « Let them fight ! ». Non parce que concrètement, on est là pour voir des gros monstres se mettre sur la gueule, qu’on soit bien d’accord.
Une réalisation au rendez-vous
En parlant de monstres, ces derniers sont parfaitement intégrés aux images et ont une vraie consistance et présence… ils ne sont pas juste des incrustations 3D sur un décor en fond vert. Leur énormité, leur lenteur, la puissance des chocs et des chairs qui craquent, leurs grincements, leurs mouvements… tout se ressent sans être factice : ils prennent littéralement vie à l’écran. Si Gareth Edwards a choisi de ne pas les humaniser, ses monstres restent dotés d’une sensibilité. Ils ont un but, un rôle précis et ne sont pas juste là pour assurer le spectacle.
La bande-son signée Alexandre Desplat (cocorico !) rythme le tout, même si parfois on souhaiterait voir plus de patates entre Kaijus et moins de blabla. On reste cependant loin d’un Pacific Rim et de ses longs dialogues. Le travail effectué sur les jeux de lumières et de couleurs est remarquable, considérant la lourdeur de l’atmosphère, sa poussière, ses nuages épais.
Dévoilée dans un trailer, la scène des militaires s’élançant d’un avion, fendants les cieux ravagés aux couleurs crépusculaires pour plonger sur une ville détruite, s’immolant sous les coups destructeurs des monstres est d’autant plus impressionnante sur grand écran et en 3D. Les paysages d’Honolulu et de la Waikiki Bay sont magnifiques et magnifiés. Côté casting, on retrouve Bryan Cranston, Aaron Taylor-Johnson, Elisabeth Olsen, Ken Watanabe, Sally Hawkins et Juliette Binoche qui assurent le déroulement de l’intrigue avec justesse et sans manière.
Reboot gagnant?
Ce nouveau Godzilla est clairement un magnifique hommage qu’offre Gareth Edwards au cultissime dragon de l’atome, qui saura être apprécié par les fans et les néophytes curieux tentés par un peu de science-fiction et d’action. Parce qu’on ne va pas se le cacher : des monstres gigantesques qui se mettent une belle raclée, il n’y a rien de tel! A voir absolument.