Review
La mangaka Masara Minase semble bien partie pour devenir l’une des égéries du label yaoi des éditions Taifu Comics, avec pas moins de cinq titres. Après trois one-shots («Aisyu», «l’Empreinte de la Passion» et «Shortcut Love») et la série en cours «the Best Lover», voici donc un manga sportif en deux volumes intitulé «Take Over Zone».
Mizuki Hashimoto est nouveau dans son lycée et ne semble pas s’intéresser à grand-chose. Pourtant, lors des cours de sport, il devient évident qu’il a des aptitudes exceptionnelles pour la course et les membres du club d’athlétisme sont bien décidés à le convaincre de les rejoindre. Ils ignorent qu’à la suite d’un incident traumatisant au collège, Mizuki, qui était alors considéré comme un jeune prodige, a tout laissé tomber et s’est juré de ne plus jamais refaire d’athlétisme. Mais entre les manipulations habiles des membres bien intentionnés du club, et la présence d’Eishi Konno, son idole d’autrefois, sa résolution vacille et d’anciens sentiments remontent à la surface…
Dans sa petite préface, Masara Minase dit «Je vais me donner à fond pour dessiner de beaux garçons qui se consacrent à leur sport» et c’est un excellent résumé du manga. En effet, le club d’athlétisme ne semble accepter que des jeunes hommes séduisants à même de satisfaire tous les goûts! Et avec deux couples homosexuels et un autre protagoniste à la sexualité louche, la grande majorité des membres sont gays, les autres semblant d’ailleurs ne pas avoir de problème avec ça. Les personnages n’ont donc aucun souci avec la revendication de leur identité.
Mais si le ton général reste léger, et si le sport est omniprésent, le manga ne se réduit pas à une gentille bluette et parvient à glisser des thématiques plus sombres en filigrane de l’intrigue principale. Ainsi, on découvre comment Mizuki était rejeté dans son ancien club parce que trop doué et à quel point cette jalousie lui pesait. On y parle aussi du tabou que représente une relation sentimentale entre un professeur et son élève. La culpabilité est également un sentiment bien connu de plusieurs personnages. Et bien entendu, certaines réactions de Mizuki donnent vite une idée assez précise de l’évènement qui l’a tant traumatisé, lui laissant d’ailleurs certaines séquelles.
On en vient d’ailleurs à regretter que ces thématiques ne soient pas plus développées et on échangerait bien les explications techniques sur la course de relais contre un approfondissement de la psychologie de Mizuki et Konno. Autre bémol : il est difficile au début de reconnaître qui est qui, le dessin -très plaisant au demeurant- peinant un peu à les différencier. Mais soyez rassurés, on finit par les distinguer au fur et à mesure qu’on se plonge dans l’histoire, notamment grâce à leurs personnalités bien marquées. Finalement, ce ne sont que de bien petits défauts, et l’on prend vraiment plaisir à suivre le développement de l’intrigue et à voir Konno, personnage impavide s’il en est, perdre sa capacité à cacher ses émotions dès qu’il s’agit du touchant Mizuki.
«Take Over Zone» est donc un manga yaoi léger et agréable à lire, rempli de personnages attachants et tout ce qu’il y a de plus sage concernant la bagatelle -en tous cas pour le moment… Le volume se termine sur un petit rebondissement amusant qui donne envie de savoir ce qui va se passer dans la suite et quels autres secrets vont encore se révéler. La réponse devra pourtant attendre le tome deux qui sera également la conclusion de cette histoire.