Review
Un conflit fictif ressemblant à s’y méprendre à la Première Guerre Mondiale, des bataillons qui se livrent de sanglants affrontements, et au milieu de tout ça, des sorcières (et sorciers) enrôlés de force pour servir leur pays ? Tel est le postulat de départ un peu surréaliste de Wizard of the Battlefield, un seinen réalisé par Hiyama Daisuke (Himawari). Seulement voilà, les sorcières sont très loin de ce que nous imaginons… et Haru, l’héroïne orpheline de ce manga, ne déroge clairement pas à la règle !
An 915, le 15 octobre. Ligne fortifiée à la frontière de l’Empire Bandchou et de la République de Lordland. Les deux superpuissances se livrent une guerre sans merci, et la seconde commence lentement à prendre l’ascendant sur la première. C’est sans compter sur l’arme secrète de l’Empire, Haru Amagi, une jeune sniper/sorcière aveugle qui a la faculté de « voir » l’énergie vitale de ses ennemis. Redoutable sur le champ de bataille, le « Diable Noir » comme on la surnomme, a trouvé dans le bataillon Furusawa une famille qui ne la juge pas, et a juré de les défendre jusqu’à la mort. Hélas, suite à une attaque en traître, le bataillon est totalement décimé par les troupes de Elsa Schneider, alias « Son Altesse ». Haru, qui a miraculeusement survécu grâce au don de guérison du jeune Kaoru Kondo, va être intégrée au régiment du lieutenant Kurakata (qui a de faux airs de Ryuji, dans Evangelion), un homme faussement « je-m’en-foutiste » auquel on attribue les missions les plus périlleuses… mais notre Diable Noir n’a plus qu’une obsession : se venger !
Niveau technique, ce Wizard of the Battlefield offre énormément de trames sombres, trop même, ce qui nuit à la lisibilité de l’ensemble par moments. Le trait des protagonistes souffre également d’une certaine simplicité. Heureusement, le découpage de l’action est maîtrisé et les scènes d’action sont rondement menées, le manga ne nous proposant aucun temps mort. C’est d’ailleurs peut-être l’un de ses gros défauts… on ne s’arrête jamais vraiment pour creuser un peu plus en profondeur la psychologie des personnages, de sorte que même Haru semble un peu trop « lisse » malgré son passé de « persécutée » à cause de ses pouvoirs. Mais rassurez-vous, ce premier tome offre une bonne fin à suspense avec l’usage de « sorcières » également dans le camp ennemi et un Kurakata dont la mission secrète présage pas mal de rebondissements.
Bref, malgré un graphisme pas toujours optimal et une histoire un peu trop vite expédiée pour le moment, Wizard of the Battlefield offre un moment de lecture sympathique, avec quelques traits d’humour savamment dosés dans la noirceur ambiante du récit. Le duo Haru-Kaoru si différents entre eux pourrait nous révéler pas mal de surprises (« Ta mission, c’est de soigner… la mienne, c’est de tuer ! »), mais l’auteur a intérêt à épaissir un peu la psyché des héros pour qu’on s’attache vraiment à eux, ce qui sera loin d’être évident en seulement trois volumes (la série se clôt au tome 3). Allez, on y croit et on se retrouve au volume 2 pour voir si l’acquisition de la saga s’avère nécessaire ou non !